Accueil > Histoire, Culture et Spiritualité > Un brin d'histoire > Mgr Buisseret, évêque de 1602 à 1614 |
Par le chanoine Daniel Meynen, archiviste Biographie
« Son père se nommait George Buisseret, et sa mère Catherine de la Barre. Il fit son cours d'humanités au collège d'Houdain dans sa ville natale, et vint ensuite étudier en Philosophie au collège du Lys à Louvain, où il eut le second rang à la promotion générale de 1569. Il rentra dans ce collège en 1571 pour y professer la Philosophie, s'appliqua cependant à la Jurisprudence, et prit en 1574 le grade de Licencié en l'un et l'autre Droit. La même année, en vertu des privilèges de l'Université, il fut pourvu d'un canonicat de la Métropole de Cambrai. Alors ayant obtenu la permission de s'absenter de Louvain pendant deux ans, il alla recevoir en 1575 le Sous-diaconat et le Diaconat des mains de Louis de Berlaimont son Archevêque, et se rendit ensuite à Rome pour profiter du Jubilé de l'année sainte ; en chemin [au retour] il s'arrêta à Bologne, où il reçut l'Ordre de Prêtrise [en 1577 ?], et le grade de Docteur ès Droits... Revenu dans les Pays-Bas [vers 1580], il abandonna sa Profession de Philosophie, et trouva la ville de Cambrai entre les mains du Baron d'Inchy, ce qui l'obligea de se retirer à Mons avec son Archevêque, et tout son Chapitre ; ce Prélat lui donna peu après le rang d'Official, et en 1583, celui d'Archidiacre. Le 29 avril 1586, Buisseret fut élu Doyen de Cambrai, et Vicaire général du diocèse par les voix unanimes de ses confrères, et il répondit si bien à leur attente, que, l'Archevêché étant venu à vaquer, ils l'élurent en 1598 à cette haute dignité ; mais la Cour ayant pris d'autres desseins par rapport à la création des Archevêques de Cambrai, Buisseret renonça à son élection, et se mit par ce moyen dans les grâces des Archiducs Albert et Isabelle, qui le nommèrent deux ans après à l'Évêché de Namur » (Jean-Noël Paquot, Mémoires pour servir à l'Histoire littéraire des Dix-sept Provinces des Pays-Bas, de la Principauté de Liège, et de quelques contrées voisines, t. VI, pp. 276-277, Louvain, 1765). Le pape Clément VIII confirma cette nomination le 3 décembre 1601. François Buisseret « fut sacré dans l'église Sainte Waudru de Mons le 10 février 1602 par Guillaume de Berges, Archevêque de Cambrai... » (Paquot, ibidem). Par procureur, il prend possession du siège épiscopal de Namur dès le lendemain, soit le 11 février 1602. Jean-Noël Paquot (1722-1803), bibliothécaire-bibliographe au siècle des Lumières, recense quatre livres de François Buisseret. A cette liste de livres, nous ajoutons deux autres titres. Voici donc les six oeuvres littéraires les plus connues de François Buisseret, qui illustrent son activité avant comme après son élévation à l'épiscopat : Comme ses publications en témoignent, après avoir visité son diocèse, François Buisseret, canoniste expérimenté et administrateur prudent, célèbre deux synodes diocésains : l'un en 1604 à Namur, l'autre en 1612 à Jodoigne (cf. Jadin, op. cit., pp. 518-526). Entre ces deux célébrations, François Buisseret installe à Nivelles le Séminaire diocésain qui ouvre ses portes le 1er octobre 1605. « Il augmenta son palais épiscopal de cinq maisons et y éleva une nouvelle chapelle ; il employa son crédit à faire recevoir les pères de la compagnie de Jésus destinés à l'instruction de la jeunesse qu'il leur fit confier en 1610, et introduisit aussi dans cette ville les dames de l'ordre de saint Benoît, dites bénédictines » (Nicolas-Joseph Aigret, Histoire de l'église et du chapitre Saint-Aubain à Namur, Namur, 1881, pp. 381-382). Le 12 octobre 1608, il procède à la translation des reliques de Sainte Marie d'Oignies. L'année suivante, 1609, il publie la vie de la sainte. Jean Richardot, archevêque de Cambrai, étant décédé le 28 février 1614, François Buisseret est élu par le chapitre, le 24 mars suivant, pour lui succéder. L'Archiduc Albert ayant notifié à l'évêque de Namur son transfert au siège métropolitain de Cambrai, « Mgr Buisseret fit ses adieux à ses chers diocésains, le jour de l'Épiphanie de l'an 1615, dans cette chaire de Saint-Aubain, où il avait si souvent fait entendre les accents de son éloquence persuasive ; mais il fut interrompu par les sanglots de l'assistance » (Aigret, op. cit., p. 383). Le 9 février 1615, le pape Paul V confirme le transfert de François Buisseret. Ce dernier fait son entrée à Cambrai le 24 mars 1615 et y célèbre pontificalement le lendemain, fête de l'Annonciation. Ayant commencé la visite de son diocèse, et se rendant à Valenciennes, le nouvel archevêque, selon un chroniqueur du temps, « au milieu des acclamations et applaudissements, tant du peuple que du Clergé, qui le conduisaient processionnellement en l'église de S. Jean, y rendit l'esprit tout à coup dessous la première porte dudit Monastère le 2 de Mai de l'an MDCXV » (Henri d'Outreman, Histoire de la Ville et Comté de Valentiennes, Douay, Marc Wyon, 1639, p. 240). Mais, d'après la Chronologie des Évêques de Namur, « on le transporta au plus vite dans une chambre de ce monastère, où présent à lui-même il reçut l'extrême-onction, et mourut en invoquant les noms de Jésus et de Marie » (Archives de l'Évêché, carton 2). « Son corps fut inhumé à Cambrai et son coeur fut déposé à la cathédrale de Namur, où s'élevait jadis son mausolée » (Aigret, op. cit., pp. 383-384). « C'était un homme de grand conseil, et d'une prudence consommée » (Galliot, Histoire générale, ecclésiastique et civile de la Ville et Province de Namur, Liège-Bruxelles, t. III, 1788, p. 175). Armoiries
Les armoiries de François Buisseret sont celles de sa famille, de noble origine. Hormis l'écusson de saint Aubain : d'or à la croix patriarcale de gueules, ces armoiries se retrouvent dans celles des Buisseret de Blarenghien, qui sont : écartelé : aux 1 et 4, d'azur, au chevron d'or, accompagné de trois étoiles du même ; aux 2 et 3, d'or, au chevron d'azur, accompagné de trois têtes de Maure, tortillées d'argent. Signalons quelques variantes. 1) Soit les trois têtes de Maure sont tournées dans le même sens (comme dans le dessin ci-dessus), soit les deux têtes de Maure, en chef, sont affrontées, tournées l'une vers l'autre. 2) En tant qu'évêque de Namur, François Buisseret ajoute l'écusson de saint Aubain (soit sur le chevron, soit en écartelé) ; mais, lorsqu'il devient archevêque de Cambrai, il devient aussi Duc de Cambrai, et donc, il enlève l'écusson de saint Aubain et il ajoute, en chef, une aigle éployée de sable (voir de Varick, vol. III, f° 42b ; voir aussi le vitrail de saint François, dans la collégiale sainte Waudru de Mons) ; l'ajout de cette aigle de sable trouve vraisemblablement son origine dans les armoiries de Cambrai, qui sont : d'or à l'aigle bicéphale de sable, becquetée et membrée de gueules, chargée au cœur d'un écu d'or à trois lions d'azur. DeviseComme on le voit sur les armoiries ci-dessus, la devise de François Buisseret posée sur le listel est : Non secundum faciem, c'est-à-dire, littéralement, Non pas selon la face. En d'autres mots, Ne jugeons pas selon les apparences. Chan. D. Meynen, archiviste |