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Auteur
Christine Gosselin Auteure
Date
18 février 2025
Catégories
Patrimoine
Tourisme
Type
La collégiale Saint-Maurice de Sclayn
La silhouette imposante de l’église Saint-Maurice domine la place communale de Sclayn face à l’ancien presbytère bâti aux XIVe et XVe siècles. Érigée au XIe siècle, cette ancienne collégiale romane est classée au patrimoine immobilier de la Région wallonne depuis 1949. Elle est le résultat de plusieurs phases de construction et de restauration qui n’en laissent pas moins transparaître, dès son décor mural extérieur, avec ses grandes arcades autour des fenêtres du choeur et ses frises de petites arcatures au-dessus des baies de la nef, la richesse d’un passé prestigieux qui n’a de cesse d’être redécouvert ces dernières années grâce au dynamisme de la nouvelle fabrique d’église.
Depuis quelques années, l’église Saint-Maurice de Sclayn connait une nouvelle jeunesse emportée par la fougue et la créativité de sa nouvelle fabrique d’église. C’est ainsi que Jean-Michel Dive, son président nous a invité à venir la visiter par deux fois ces derniers mois : dans le cadre des journées du patrimoine (plus de 300 entrées en deux jours) et tout dernièrement, lors d’une exposition d’une vingtaine d’artistes locaux qui attira également de nombreux amateurs.
Originaire du village, Jean-Michel Dive souhaite « replacer l’église au milieu du village » dans sa dimension de lieu de culte mais également comme un élément du patrimoine local, ouvert à tous. « L’église est également ouverte pour des animations spirituelles régulières à l’attention de personnes en situation de handicap du service résidentiel pour adultes de l’H.A.I.M situé à proximité, ajoute Muriel Loncin psychologue qui accompagne ces animations. Ces moments à l’église sont importants pour eux. Ils aiment participer ».
Passionné par l’histoire de l’église, M. Dive nous retrace son histoire « L’église Saint-Maurice a remplacé une ancienne collégiale dédiée à Notre-Dame et à Saint Félix. L’empereur du Saint-Empire, Henri IV, avait confié à l’abbaye impériale de Kornelimünster, située dans la banlieue d’Aix-la-Chapelle, la fondation d’un chapitre sur les bords de la Meuse. Nous sommes en 1072. Les moines allemands installent neuf chanoines à Sclayn et y construisent durant plusieurs décennies une collégiale, un encloître avec leurs maisons, une école, une grange et un hôpital. Durant plus de sept siècles cette collégiale où les chanoines chantent quotidiennement l’office divin et accomplissent les fonctions liturgiques, rythme la vie du village. La collégiale n’est cependant pas une église paroissiale. Il en existe une autre sur la colline : l’église Saint-Maurice où les fidèles reçoivent les sacrements. Ce n’est qu’en 1808, après la suppression du chapitre, que l’ancienne collégiale devient une église paroissiale dédiée à Saint-Maurice, remplaçant l’église de la colline qui fut démolie ». On trouve encore de nombreuses traces de ce passé. Notamment, à l’arrière de l’édifice : le mur du jardin abrite une pierre de remploi datée de 1709 qui porte les armes et la devise de Michel Crèvecoeur, prévôt de la collégiale.
« Le chœur est la partie la plus ancienne de l’église qui a été construite d’Est en Ouest » explique Mme Loncin. Le transept, est typique de la tradition mosane, bas pour être subordonné au volume de la nef ce qui permet la présence de petites baies pour l’éclairer. La nef très haute est édifiée en moellons au début du XIIe siècle. La construction de la forte tour carrée, toujours en moellons à l’Ouest vient parachever le chantier. Percée de meurtrières, elle porte de nombreuses ancres de façade qui sont de simples barres verticales, sauf pour celles qui composent le millésime 1723, sur la face Nord. Cette date indique la reconstruction de la partie haute de la tour qui, à l’exception de son clocher hexagonal surmonté d’une flèche (typique du XVIIIe siècle), conserve un aspect médiéval. Des pierres gravées de fougères et d’un motif géométrique non identifié sont intégrées dans la maçonnerie de la base de la tour qui seraient datées de l’époque romane voire préromane.
On entre dans l’église par cette façade Nord de la tour. Un Christ grandeur nature nous tend les bras avant de pénétrer dans la nef centrale. Il date du XIVème siècle où il trônait dans la collégiale. Retrouvé dans la maison communale, il a maintenant réintégré l’église où il se détache sur le mur repeint en blanc comme l’ensemble de l’intérieur de l’édifice, si ce n’est un mince liséré jaune à hauteur du plafond. Bien d’autres œuvres d’art sont abritées dans l’ancienne collégiale : placé dans le chœur, l’autel majeur, daté de 1656, est une œuvre baroque du sculpteur Jean Duchêne, une Vierge à l’enfant du XVe siècle, se détache au sommet du maître-autel, encadrée de saint Maurice et saint Roch, réalisés tous deux à la même époque par le sculpteur liégeois Simon Cognoulle. Les stalles d’inspiration Renaissance, les confessionnaux et la chaire de vérité, de style Louis XIV datent pour leur part du XVIIIe. On peut encore y voir de très belles dalles funéraires dont la plus ancienne remonte à 1555.
À découvrir à proximité
À partir de la collégiale vous pourrez partir pour une belle balade plus ou moins longue dans la réserve naturelle de Sclaigneaux où de multiples sentiers permettent de découvrir la faune et la flore locales dans cette zone protégée.
Traverser en face de l’église pour emprunter la rue Gouverneur Close puis après le pont à droite longer la Meuse par la rue de la Limite et emprunter la rue Loysse jusqu’à la réserve. À 800 m de Saint-Maurice se trouve aussi la grotte de la Scladina. Les fouilles y ont mis au jour en 1993, les seuls vestiges de l’homme de Néandertal découverts en Belgique au XXe siècle : les restes d’un enfant de 10 à 12 ans. Les archéologues ont été capables d’estimer que des Néandertaliens avaient occupé cette grotte il y a 127 000 ans. Alors prêts à remonter le temps ?
Christine Gosselin