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Auteur

Christine Gosselin Auteure

Date

23 janvier 2025

Catégories

Patrimoine
Tourisme

Type

Actualités diocésaines

L’église de Saint-Mard

Dans l’ombre des siècles, entre les méandres de la Vire et les terres paisibles de la Gaume, l’église de Saint-Mard s’élève au centre du village, en face du parc communal et de son kiosque à l’abri des arbres centenaires. Elle incarne la mémoire vivante d’une communauté rurale, sa foi et son histoire. Un documentaire récent en retrace les grandes lignes.

L’église actuelle date du XIXe siècle mais la paroisse est bien plus ancienne; elle est mentionnée dès 936 dans les archives. Elle était alors rattachée à Verdun par l’empereur Othon le Grand, sous le patronage de saint Médard, un évêque français du VIe siècle connu pour son pouvoir sur la météo, important pour les récoltes des paroisses rurales. Au fil des siècles, Saint-Médard est devenu Saint-Mard. Au Moyen-Âge (1237), une chapelle gothique faisait partie de l’ensemble seigneurial comprenant le château de Laittres et le monument du Charnier, situés à 300 mètres de l’église actuelle, en face du presbytère. Cette chapelle a été détruite en raison de l’augmentation de la population et de sa vétusté. Des éléments comme des voûtes portant les quartiers de la famille de Laittres, des dalles funéraires et 32 écussons ont été transférés dans l’église de Rossignol. Le maître-autel dédié à Saint-Médard (1627) se trouve à Lamorteau.

La nouvelle église est bâtie au milieu du village, à égale distance des extrémités, entre 1862 et 1867. L’édifice néo-roman comporte trois nefs. La façade et les murs extérieurs sont en calcaire de Lamalmaison, belle pierre dorée très présente en Gaume. C’est la même pierre de taille qui dessine à l’intérieur toute l’ossature de l’église et elle, encore, que le sculpteur Trauffler de Battincourt a sculptée pour la scène du Jugement dernier qui décore le tympan, juste en dessous de la statue de saint Médard bénissant les fidèles.

En franchissant la porte, Mme Lanotte nous fait remarquer aux angles du vestibule, sous le clocher, des figures humaines grimaçantes, qui sont supposées représenter quatre péchés capitaux : la colère, l’orgueil, l’envie, la luxure. « Il se dit que les modèles étaient des gens du cru… » sourit-elle.

Nous laissons à la porte cette noirceur, vite oubliée par le saisissant « esprit de lumière » qui nous surprend en entrant dans l’église. Les pierres des voûtes et des colonnes sont mises en valeur par un lumineux contraste de blanc qui accentue la dynamique rythmée du plafond. Quant au chœur, il bénéficie de la profondeur d’un gris chaleureux qui redimensionne l’intérieur. Ce résultat est le fruit d’un long travail de rénovation et d’amélioration de l’église soutenu par l’abbé Rossignon aidé par une équipe de paroissiens qui y ont travaillé avec une grande constance tout au long de ses 36 années de présence à Saint-Mard.

Dans le chœur, on peut remarquer un grand Christ peint par Camille Barthélémy. Une huile sur toile qui a une double particularité : si le tableau est attribué au peintre qui en a effectué l’esquisse, il n’a vraisemblablement pas pu le réaliser en raison de son décès inopiné en 1961 ! Seconde particularité, La Passion du Christ est située dans un contexte industriel. On voit en arrière-fond des usines sidérurgiques comme celles de Rodange-Athus ou de Longwy (bassin de la Chiers) et il est vénéré par des sidérurgistes. Peut-être une explication se trouve-t-elle dans l’attachement du peintre pour le monde des travailleurs ou dans le fait que de nombreux saint-mardois travaillaient dans ces usines ? Autre curiosité : quatre vitraux anciens provenant d’une église bruxelloise démolie ont été rapatriés par par l’abbé Rossignon. Montés dans un cadre de bois, un retro éclairage permet de les mettre en valeur.

On remarque également les deux autels latéraux du XVIIe siècle. Ils proviennent de l’ancienne église castrale. L’autel nord est décoré d’une peinture représentant Simon Stock recevant le scapulaire de la Vierge, ainsi que des sculptures de Saint Hubert, Saint Nicolas et de Notre-Dame du Luxembourg. L’autel sud s’orne d’une peinture de la sainte Trinité et des statues de Saint Médard, de Saint Roch et de Saint Sébastien. Depuis 2010, l’église est également dépositaire d’une relique de Sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus.

L’orgue installé sur le jubé de l’église Saint-Médard depuis 1905 est une autre source de joie pour l’abbé comme il l’a expliqué à Mme Lanotte : « Hors service depuis longtemps, il a été démonté pièce par pièce et est maintenant aussi qualitatif que celui de Notre-Dame de Paris… Mais bon, en beaucoup moins grand bien sûr… et avec une petite originalité saint-mardoise : il a désormais deux claviers distincts. Il y a deux systèmes de souffle, un mécanique et un pneumatique […] Grâce à une fibre optique installée entre l’orgue électronique d’en bas et les tuyaux d’en haut, on peut jouer sur le clavier perché sur le jubé, mais aussi sur le clavier situé devant le chœur. » Cet aménagement permet donc à l’organiste de jouer depuis le clavier du jubé ou depuis celui installé à l’avant de l’église, selon l’envie du moment.

Et à côté de l’orgue, résonne encore dans Saint-Mard, depuis dix ans maintenant, un carillon de 14 cloches d « un alliage qui produit un son merveilleux » et rythme la vie des villageois. Il joue même La troïka saint-mardoise à la grande fête, incontournable pour tous les locaux, de la fin août. Les festivités commencent le mardi de la jeunesse par un tour de la localité, en fanfare, avec un passage par les Maisons de repos et se poursuivent après la messe « avec la jeunesse » le 4e dimanche d’aout, par des danses populaires, polkas, scottish et la célèbre troïka du kiosque…

Que voir à proximité ?

À quelques pas du château, millésimée 1755, la chapelle du Charnier est tout ce qui subsiste de l’ancien cimetière. Une croix en fonte monumentale provenant de l’ancien cimetière y est adossée. Elle aurait servi de charnier entre 1854-56, lors des épidémies de choléra. À l’intérieur, au-dessus de l’autel, Notre-Dame des sept douleurs et une sculpture du purgatoire entourent le Christ en croix. La chapelle est au centre d’un espace vert, à l’abri des tilleuls (arbres de paix du millénaire).

Presbytère de Saint-Mard

De l’autre côté de la route, le presbytère apparait comme le témoin le plus ancien de l’histoire de la paroisse de Saint-Mard. Érigé en1744 et classé également, le bâtiment n’a pratiquement pas été modifié. L’ensemble comprend une longue bâtisse encadrée de deux annexes agricoles dont une étable et une grange, un jardin clos et une petite cour devant la façade.

Christine Gosselin

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