Véritable témoin de l’histoire et de la ferveur religieuse locale, l’église Saint-Lambert de Ligny se dresse fièrement au cœur du village sur la place de Ligny. Chaque année, fidèles et curieux s’y retrouvent pour célébrer son riche passé, admirer son architecture néo-gothique et plonger dans les traditions qui l’entourent. Au-delà de ses superbes vitraux et de son mobilier religieux, l’église accueille également un événement unique : le Jeu de la Passion, joué durant le Carême, qui fait revivre les dernières heures du Christ dans une mise en scène poignante et immersive.Ce 6 avril …deux dernières représentations – pour cette année du centenaire – du Jeu de la Passion auront lieu à l’église à 15h et 17h30 (accueil à 14h et 17h).
Nous avons rendez-vous aujourd’hui avec Monsieur Michel Lefèbvre, président de la fabrique d’église, pour une visite exceptionnelle de l’église Saint-Lambert de Ligny. « Ligny, c’est un village au passé riche, notamment marqué par la bataille de 1815, mais son église demeure un témoin silencieux de plusieurs siècles d’histoire et de foi », nous confie-t-il en nous accueillant. Bâtie en moellons calcaires issus des carrières locales, l’histoire de l’église remonte au XIIIe siècle, lorsque Ligny devint une paroisse indépendante. « Un premier bâtiment, sans doute en pierre brute, existait déjà à cet emplacement », explique notre guide. Dès 1717, Ligny est érigée en paroisse à part entière. Une seconde église, plus grande, est alors bâtie et consacrée à Saint-Lambert, l’illustre évêque martyr de Maastricht, en 1756. « L’église de cette époque était bien plus petite que l’actuelle », précise M. Lefèbvre. Puis vint l’épreuve de la bataille de Ligny en 1815, dernier succès de Napoléon. « Ligny fut presque entièrement détruite par les incendies et la canonnade. L’église, elle, résista avec des dégâts superficiels », raconte-t-il. Mais face à la croissance de la population, il fallut envisager un nouvel édifice. La troisième église, celle que nous voyons aujourd’hui, fut achevée en 1895, et fête donc cette année ses 130 ans. « Le style est résolument néo-gothique, un courant importé d’Angleterre dont l’abbatiale de Maredsous est un prodigieux exemple, explique Monsieur Lefèbvre. On peut d’ailleurs repérer des lignes semblables entre les deux édifices dans la rigueur du tracé des tours, le dépouillement des contreforts, la flèche harmonieuse des ogives, la prestance des colonnes et bien-sûr les moellons calcaires qui la composent ».
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Nous entrons dans l’église où Monsieur Lefebvre pointe les ogives élancées, les colonnes majestueuses et le plafond : « En bois sculpté, il évoque la coque d’un navire renversé. Une représentation symbolique de l’Église comme refuge des fidèles ». En cette matinée hivernale, le soleil s’est invité par les nombreux vitraux et distille mille coloris dans la grande nef toute repeinte en ton clair lors de la dernière restauration du site.
Nous levons les yeux pour admirer les trois grands vitraux de l’abside qui font la fierté des lignitois. Dédiés à Marie, mère de Jésus, les quinze mystères du Rosaire y figurent : les cinq mystères joyeux (l’Annonciation, la Visitation, la Nativité, la Présentation et le Recouvrement de Jésus au temple) ; le vitrail central montre la Vierge en majesté avec en bas, les mystères douloureux (agonie, flagellation, couronnement d’épines, portement de la Croix et crucifixion) et à droite les mystères glorieux (la Résurrection, l’Ascension, la Pentecôte, l’Assomption et le Couronnement de Marie).
Trois rosaces contribuent encore à illuminer l’église : la première en façade, les deux autres dans chaque branche du transept. La plus intéressante et, d’actualité en ce temps pascal, est sans doute celle de la Passion du Christ, conçue par Rita et Bernard Debongnie en 2007.
« Le motif symbolise la souffrance du Christ à travers la fleur de passiflore, avec ses six pétales pour les six jours de la Semaine sainte, et sa couronne de filaments rouges représentant les épines du martyr ».
Dans l’abside, on retrouve un ancien maître-autel de style néo-gothique avec sa table en pierre et une partie supérieure en chêne antique qui accueille le tabernacle garni de chaque côté d’un retable remarquable de sobriété : quatre panneaux en cuivre jaune finement gravés représentent de gauche à droite les évangélistes Luc, Mathieu, Jean et Marc. Dans les bas-côtés, les fonts baptismaux et les confessionnaux sculptés datent de la même époque. Les autels latéraux dans chaque branche du transept sont consacrés : à gauche à la sainte Vierge; elle est posée sur une console avec l’Enfant-Jésus dans les bras, tandis que Notre-Dame de Beauraing repose sur le tabernacle ; et à droite à saint Lambert à qui l’église est dédicacée (aux côtés de saint Mutien-Marie).Evêque et martyr du VIIe siècle, il s’agit d’« une figure majeure du christianisme belge, nous rappelle Michel Lefèbvre. Originaire de Maastricht, Lambert fut évêque de la ville avant de mourir assassiné à Liège vers 706. Son culte se développe alors rapidement. »
Outre son patrimoine architectural et spirituel, l’église Saint-Lambert vibre aussi au rythme des événements. « Chaque premier dimanche de juin, la messe des Fêtes Napoléoniennes fait résonner les tambours sous la voûte du transept, un moment fort pour la communauté », raconte M. Lefèbvre. Alors que nous quittons l’église, Monsieur Lefèbvre conclut avec un sourire : « Ligny a changé, mais Saint-Lambert demeure, veillant sur nous depuis des siècles ».
Que faire à proximité ?
Une visite à l’église Saint-Lambert est l’occasion idéale de découvrir Ligny et ses alentours. Située à droite du parvis de l’église, une grotte de Lourdes propose une réplique de la célèbre grotte et offre un espace de recueillement paisible ; le Musée de la Bataille de Ligny retrace le dernier succès de Napoléon en 1815 à travers une collection d’objets d’époque et des reconstitutions captivantes ; des sentiers proposent des itinéraires de randonnée qui permettent d’explorer la campagne environnante, entre vallées verdoyantes et vestiges historiques. À quelques kilomètres de Ligny, l’abbaye millénaire de la ville de Gembloux et son charmant centre-ville valent le détour.