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Auteur
Christine Bolinne Auteure
Date
1 avril 2025
Catégories
Art
Type
Un portrait officiel qui surprend !
Lorsqu’il s’est retrouvé face à son portrait, Mgr Pierre Warin a dû être pour le moins surpris. Toujours discret, il n’a rien laissé paraître. Raphaël, le jeune peintre qui signe la toile a choisi, pour ce portrait officiel, de représenter un évêque jeune, lunettes solaires sur le nez. Le plus surprenant reste sans doute cette soutane aux allures psychédéliques. Voilà un portrait qui, dans la salle du même nom où il sera accroché, à l’Évêché, ne passera pas inaperçu !
Mgr Pierre Warin aime beaucoup marcher et c’est, tout naturellement, à pied qu’il sillonne les rues de Namur s’accordant, régulièrement, une pause pour un temps de prière dans sa cathédrale. Un jour, il y a rencontré des étudiants inscrits en section artistique. Très concentrés, tous tentaient de maîtriser les perspectives. Exercice loin d’être évident. L’évêque les a laissés face à leur feuille et s’est, lui, abandonné dans la prière. La semaine suivante, les étudiants étaient de nouveau présents. Cette fois, s’enhardissant, monseigneur s’est approché, s’est intéressé, a posé des questions sur les difficultés d’un tel dessin.
Il a aussi eu son attention attirée par Raphaël et sa feuille… blanche ! Dépité, le jeune homme s’est confié… Lui, il veut devenir portraitiste. Rencontrer son modèle, le découvrir avant de le faire naître sur la toile voilà comment il conçoit sa future carrière d’artiste peintre. Alors les colonnes et autre coupole, très peu pour lui. Mgr Pierre Warin a senti la détresse de ce jeune et, lui a proposé, tout simplement, de faire son portrait officiel. Explosion de joie de Raphaël juste quelque peu tempérée par le lieu !
Dans les évêchés, il est de coutume de demander à un peintre de réaliser le portrait de l’évêque. A Namur, les portraits sont accrochés dans la salle … des portraits. Le premier évêque Mgr Havet s’y trouve jusqu’à Mgr Vancottem. Il faut en effet attendre le départ de l’évêque pour que le portrait soit installé. Une salle ouverte notamment lors des Journées du Patrimoine et qui permet de raconter, aux visiteurs, l’histoire du diocèse à travers ses évêques. De constater aussi combien la technique des peintres a évolué, tout comme l’habit dans lequel l’évêque a choisi d’être représenté pour quasi l’éternité ! Les premiers évêques se présentaient portant la mosette (sorte de petite cape) et un rochet (un surplis) très souvent décoré de dentelles. Certains affichent fièrement sur leur poitrine moult décorations … Mgr Warin a immédiatement fait le choix de la simplicité. « Je veux être représenté en costume, c’est comme ça que les diocésains me connaissent le mieux. »
Là où les artistes travaillent sur base de photos, Raphaël qui souhaite donc privilégier le contact humain, a multiplié les séances de pose. L’évêque a bien hésité vu son agenda chargé. Et finalement, il s’est laissé convaincre. Il a avoué que ces temps de pose souvent bien longs, il les a passés à discuter avec le peintre certes mais aussi à prier.
Mgr Warin vient seulement de découvrir sa toile, Raphaël voulait garder la surprise. Le premier moment d’émotion passé, l’évêque a bien dû s’interroger : pourquoi poser aussi longuement pour un résultat autant éloigné de la réalité ? A vous de vous faire une opinion, en septembre, lors de ces Journées du patrimoine.
Christine Bolinne