Toutes les actualités

Partager

Auteur

Christine Bolinne Auteure

Date

11 juin 2013

Catégories

Type

Actualités diocésaines

L’abbé Dekrem de retour du pays de l’Oncle Sam

Une petite pointe d’accent qu’il ne doit pas à Bruxelles, la ville où il est né, ni à La Plante où il a vécu et encore moins à la région de Beauraing où il a exercé son ministère. L’abbé Bruno Dekrem rentre des Etats-Unis, de New-York, où il était l’un des quatre desservants d’une paroisse de Long Island. Après 17 années à New-York, il ressentait le besoin de rentrer au pays. Définitivement? Temporairement? Il a une année pour réfléchir sur le lieu où il poursuivra son ministère: aux Etats-Unis, pays où la foi est très vivace ou encore dans la vieille Europe bien plus timide.

 »Je pense toujours en anglais » lance de go l’abbé Bruno Dekrem. Avant d’ajouter:  »Je suis content de revenir, de reprendre la température du diocèse. » Cela faisait dix-sept années qu’il vivait au pays de l’Oncle Sam: un sacré bail.

L’abbé Dekrem est, comme il se plaît à le dire, une vocation tardive. Diplômé en archéologie et en histoire de l’art, il a travaillé durant de nombreuses années, à Bruxelles, aux musées royaux des Beaux Arts. Et c’est d’ailleurs durant ses études qu’il a senti naître en lui la vocation.  »C’est le Moyen Age qui est à l’origine de ma vocation. Durant 1000 ans, la productivité artistique a été énorme à travers le travail des peintres, des sculpteurs. Une créativité souvent ancrée dans la beauté des textes de la Bible. Lors de mes études en histoire de l’art, j’ai été très souvent amené à lire la Bible, à me plonger dans les écritures. » Une rencontre entre l’art et les textes qui va conduire Bruno Dekrem à reprendre des études, à s’immerger dans la Bible et finalement à être ordonné prêtre en 1992.
C’est au CPRL, un Centre de Formation à la Prêtrise installé à Antwerpen qu’il effectuera son cursus. Dans un premier temps, il mènera de front et son travail aux musées royaux des Beaux-Arts et sa formation. Après un stage pastoral à Beauraing et une ordination par Mgr Mathen on le retrouve à Feschaux, Finnevaux…  »J’y étais très heureux » ponctue l’abbé. Au décès de ses parents, l’abbé Bruno Dekrem a envie de voyager, de franchir l’Atlantique pour rejoindre des cousins. Il correspond aussi avec un ami, un prêtre déjà installé aux Etats-Unis. J’ai toujours été fasciné par ce pays gigantesque. Mgr Léonard, alors évêque de Namur l’autorise à partir pour une année.

Des célébrations avec les Juifs, les Protestants…

Etre prêtre catholique aux USA, pays protestant par excellence, c’est s’adresser à une minorité. Les catholiques sont issus de vagues successives d’immigrations. Des hommes et des femmes, des familles arrivées de France, d’Espagne, d’Italie, d’Angleterre, d’Irlande… qui s’installent à Baltimore, Philadelphie, en Floride. L’abbé Dekrem se retrouve dans la paroisse de Saint Aidan, sur l’ile de Long Island. Il y passera de longues années avant de s’installer à quelques kilomètres. Aujourd’hui encore les messes s’y disent en espagnol, en haïtien, en français.  »Pour toutes ces personnes, la foi catholique est un ciment et ça c’est dynamique » constate-t-il. Et malgré la popularité de l’Eglise, le prêtre remarque que, comme chez nous, les jeunes rechignent à franchir les portes des églises.  »Par contre, le protestantisme passe très bien chez les jeunes comme chez les moins jeunes d’ailleurs. » ajoute l’abbé. Un abbé qui célèbre comme c’est la coutume aux Etats-Unis lors de Thanksgiving un office avec les protestants mais aussi la communauté juive. A Noël, c’est pareil. Toutes les communautés, de toutes les convictions, se retrouvent pour une célébration mais aussi pour le plaisir d’être ensemble.
Pendant ces dix-sept années aux USA, il a voyagé surtout le long de la côte Est et au Canada. L’occasion aussi de noter, pour ce féru d’histoire, que la dimension historique est bien différente ici et chez eux.  »Aux Etats-Unis, tout est nouveau et pourtant ils s’extasiaient devant les fonts baptismaux de 1933. A Feschaux, où j’ai exercé mon ministère, ils dataient de 1624. » L’abbé Dekrem part d’un grand éclat de rire.

Se réhabituer à la mentalité belge

De temps en temps, il revenait en Belgique.  »Je dois bien reconnaître qu’à certains moments j’étais un peu nostalgique. On reste toujours européen. » L’abbé Dekrem a aujourd’hui posé ses valises à Namur en attendant d’être dirigé vers une paroisse où il pourrait renforcer une équipe. Il a souhaité rentrer au pays pour une année. Retournera-t-il aux Etats-Unis une fois l’année écoulée? Restera-t-il définitivement en Belgique? Des questions qui sont aujourd’hui sans réponses. Les quelques mois passés dans le diocèse devraient l’aider à y répondre. Saura-t-il se réhabituer à la vie en Belgique? C’est l’une de ses interrogations.
Après quelques jours à peine sur le sol belge, l’abbé Bruno Dekrem est stupéfait dans la différence de mentalités. Ici, nous n’avons plus – ou du moins pas assez -, selon lui, le goût de l’émerveillement. Les Américains sont beaucoup plus positifs, c’est là une grande différence avec l’Européen.  »Si un Américain veut se lancer dans le business ses amis vont l’encourager. En Belgique, on risque fort de lui dire ‘tu es fou. »’ Un prêtre séduit par la fibre religieuse du peuple américain. Dans ce pays, président en tête on ne craint pas d’invoquer Dieu dans des discours. Le président des Etats-Unis prête d’ailleurs serment une main posée sur la Bible.  »Très souvent, les sportifs venaient me demander une bénédiction avant un match important. Cela ne se fait pas ici (entendez en Belgique). »
Dans ses projets immédiats, l’abbé Dekrem voulait déguster son plat préféré: les chicons au gratin! Un plat méconnu Outre-Atlantique. Et l’abbé n’est pas tendre avec la cuisine américaine:  »Les portions sont démesurées et la nourriture n’a pas de goût. »Outre les chicons au gratins, l’abbé Dekrem était impatient d’aller prendre un verre en terrasse.  »Ici, on prend le temps de discuter… » La sonnerie de son portable se fait entendre: un paroissien prend de ses nouvelles. Il a promis de rappeler un peu plus tard.
Christine Bolinne

Newsletter Restez au courant

Inscrivez-vous pour recevoir nos actualités et événements dans votre boite mail.

« (Nécessaire) » indique les champs nécessaires

Ce champ n’est utilisé qu’à des fins de validation et devrait rester inchangé.