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Auteur

Christine Gosselin Auteure

Date

12 juin 2025

Catégories

Enseignement

Type

Actualités diocésaines

Ensemble pour une école qui élève – Lasalliens et SeGEC en dialogue

À l’heure des grands bouleversements dans le monde de l’éducation, les écoles lasalliennes ont choisi le chemin du dialogue, de l’unité et de la foi pour réfléchir ensemble aux enjeux de demain. Autour du nouveau secrétaire général du SeGEC, Alexandre Lodez, près de 70 responsables d’écoles et membres des PO se sont retrouvés à Namur pour se dire, s’écouter, questionner et se mettre en route. Une matinée fraternelle et inspirante, ancrée dans les valeurs chrétiennes et l’audace pédagogique de leurs fondateurs.

C’est dans une ambiance conviviale, au Centre Lillon de Namur, que s’est tenue cette rencontre importante pour les représentants des écoles chrétiennes lasalliennes (qui se réclament de l’esprit de Saint Jean-Baptiste de La Salle, le fondateur de la congrégation des Frères des Ecoles chrétiennes). Dès les premières paroles de bienvenue, le président de l’ Association des Écoles Lasalliennes (AEL) Marc Bertrand a rappelé l’essentiel : « faire communauté, s’unir dans les questionnements et les projets pour avancer ensemble dans l’écoute et la bienveillance, fidèles à notre mission éducative chrétienne : ‘Éduquer la tête, le cœur et la conscience’. Une mission qui n’est pas un luxe mais une nécessité dans un monde éducatif traversé par des mutations rapides et profonde ». Il est essentiel de se poser les bonnes questions : Quel avenir pour notre enseignement ? Quelle place pour l’éducation chrétienne ? Comment tenir l’équilibre entre exigence et la bienveillance ?

Ce temps de rencontre était aussi l’occasion de marquer une année symbolique pour la famille lasallienne qui célèbre à la fois les 300 ans de la fondation officielle de l’Institut des Frères des Écoles Chrétiennes (1725) et le 75e  anniversaire de la reconnaissance de saint Jean-Baptiste de La Salle comme patron des éducateurs. Des rendez-vous forts jalonneront l’année : conférences, séminaires, temps conviviaux… mais surtout des moments importants pour s’engager ensemble dans la mise en œuvre d’une école  toujours plus juste, plus humaine, plus enracinée dans l’Évangile. Ce double anniversaire a été honoré de manière forte dans un message de Léon VXI adressé aux Lasalliens une semaine après son élection, le 15 mai dernier. « Une attention marquée, chaleureuse et prometteuse, qui a profondément touché les communautés éducatives », souligne Marc Bertrand.

Alexandre Lodez, une parole libre et attendue

Accueilli avec chaleur, Alexandre Lodez a partagé sa vision d’un enseignement catholique vivant, en lien avec les défis de notre temps. Enseignant de formation, détenteur d’une licence en sciences du travail et d’une agrégation en science politique, il a dirigé pendant plusieurs années l’Helmo avant de prendre, en 2024, la tête du SeGEC (Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique). Ce parcours à la croisée de l’éducation et de la gestion autorise une parole engagée qui appelle à une relecture en profondeur de notre modèle scolaire : « En 2030, nos élèves seront confrontés à des métiers qui n’existent pas encore. » Que devons-nous leur transmettre pour les préparer à ce monde incertain ? Que signifie former un citoyen éclairé et libre dans une société fragmentée ? Comment faire vivre un enseignement qui conjugue foi, pédagogie, liberté et engagement ? Comment transmettre le meilleur de nos convictions chrétiennes dans un langage audible pour aujourd’hui ?

Conscient des tensions, des mutations, et des réformes parfois difficiles à suivre, il invite à  : « repenser l’école avec et pour les jeunes, pour qu’elle reste un lieu d’espérance et d’émancipation en lien avec la société dans laquelle ils évoluent. Le projet éducatif chrétien ne peut rester figé. Il est vivant et doit s’adapter, se renouveler, tout en demeurant fidèle à ses racines : la dignité, la fraternité, l’ouverture spirituelle. »

Alexandre Lodez salue l’esprit communautaire des congrégations : « Vous portez une richesse spirituelle qui a toute sa place dans l’École d’aujourd’hui. Il faut la mettre en tension avec le réel, avec courage, sans nostalgie. »

Le tronc commun, l’intelligence artificielle, la dénatalité, la question du décrochage scolaire… les sujets abordés étaient nombreux, souvent complexes, parfois préoccupants.

La volonté de « faire réseau », d’échanger les pratiques, de porter une voix commune au sein de l’enseignement catholique est certainement la meilleure voie pour que les écoles puissent continuer à être des lieux de résistance bienveillante et d’espérance active. Comme le soulignait un participant : « Nos fondateurs étaient des résistants, des modernes. Nous voulons l’être à notre tour, en restant enracinés dans leur charisme, tout en regardant loin devant. »

Le secrétaire général rappelle encore que ce n’est pas la taille qui fait la force d’un réseau, mais la qualité de ses membres. Les petits PO, les écoles isolées, les établissements en tension ont besoin d’être soutenus, intégrés, accompagnés. Le réseau exige des structures solides, une gouvernance repensée, une vraie professionnalisation des PO – sans jamais sacrifier la vocation éducative sur l’autel de la gestion.

« Dire Dieu » dans l’école d’aujourd’hui

Par-delà les chiffres et les réformes, l’école catholique reste un lieu unique où l’on peut « dire Dieu », librement, dans le respect des consciences. Le cours de religion garde un rôle essentiel : non pour imposer des certitudes, mais pour proposer des chemins de sens, d’ouverture, de dialogue interconvictionnel, de confrontation au mystère. Un lieu d’humanité profonde. Dans un monde pluriel, il est plus que jamais vital d’offrir aux jeunes un espace pour s’émerveiller, réfléchir… grandir.

Nombreux sont ceux qui ont exprimé le souhait d’une Église plus proche, plus présente symboliquement aux côtés des écoles. Face aux blessures du passé, les évêques hésitent parfois. Et pourtant, comme l’a rappelé un intervenant : « Nos jeunes ont besoin de repères. L’Église peut en être un, si elle ose à nouveau parler vrai et marcher avec. »

Car au fond, comme l’a rappelé Alexandre Lodez, le vrai défi est de rester fidèles à cette intuition fondatrice : « Éduquer, c’est espérer. Et espérer, c’est croire que chaque jeune peut trouver sa place dans le monde. »

Christine Gosselin

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