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Auteur
Christine Gosselin Auteure
Date
21 mai 2025
Catégories
Pastorale de la Santé
Type
Fin de vie, faim de vie… Être vivants jusqu’au bout ?
Le 20 mai dernier, le Service diocésain de la Pastorale de la Santé nous invitait à nous rassembler au Beau Vallon pour une journée spéciale intitulée « Fin de vie, faim de vie… Être vivants jusqu’au bout ? » De prime abord, le thème peut paraître difficile voire assez lourd : on préfère peut-être ne pas trop y penser… En effet, cela peut renvoyer à nos incertitudes, évoquer les souffrances de la vieillesse, de la maladie ou de l’isolement. Mais il s’agit aussi d’un thème particulièrement chargé de profondeur, de sens et de confiance dans le potentiel de la vie… jusqu’au bout !
Pour commencer la journée, Cécile Bolly (médecin, éthicienne et guide-nature) nous invitait à penser « l’universalité de la quête » à partir de l’expérience émouvante de son ancien patient, Amaury, qui lui disait : « Je voudrais être un arbre : pour moi, ce serait ça, l’éternité. » Cette aspiration fait écho à la quête de héros mythiques, comme Gilgamesh et Ulysse. Dans cette perspective d’une recherche intérieure de la personne en fin de vie, la posture de l’accompagnement nécessite une forme de dépouillement intérieur, pour « retirer les encombrants », libérer de l’espace pour être là et faire place à un silence empreint de présence.
Dans un deuxième temps, Colette Nys-Mazure (ancienne professeure de littérature et écrivaine) a livré un témoignage lumineux sur la fin de vie, en insistant sur « l’urgence de vivre » chaque aujourd’hui dans un juste équilibre « entre porosité et dureté » : « ni se cuirasser, ni se déliter », nous dit-elle, mais chercher à être pour les autres comme des « silhouettes lumineuses qui aident à avancer ». L’âge qui augmente peut entraîner le risque de se plonger dans la peur, le renoncement ou la tristesse. Face à cela, Colette Nys-Mazure invite à cultiver l’étonnement, les liens et la lumière, sans regretter les absents, mais « en se réjouissant de la table des présents ». La maturité peut alors se vivre en utilisant l’expérience engrangée comme un tremplin, en prenant conscience de sa responsabilité et en acquiesçant à ses propres contradictions intérieures sans chercher à lutter contre elles, mais en tâchant de les allier.
L’après-midi, Isabelle Michiels (déléguée épiscopale à la Pastorale de la Santé) partageait à son tour son expérience de l’accompagnement en fin de vie et ses questionnements face aux témoignages qu’elle a recueillis. Ces différents récits laissent apparaître à la fois une grande souffrance (abandon, ruptures familiales…) et une grande beauté (partage des souvenirs heureux, vie accomplie…). Ils révèlent une soif spirituelle intense, une insatiable faim de vie ou, pour le dire autrement, une demande d’être reconnu/e comme personne dans toute sa profondeur. Dans l’accompagnement, cela invite à « s’engager sans filet, à entrer en résonance avec le mouvement intérieur qui anime l’autre » en prêtant attention au « contrechant de son histoire », à ce qui apparaît en filigrane, tout en respectant la liberté et le rythme (le tempo) de la personne accompagnée. Ainsi, la proximité est appelée à devenir présence, lieu de l’accompagnement, et la présence à devenir silence, lieu du plein accomplissement de la présence.
Ces trois exposés ont été suivis de respirations musicales au piano, par Elisabeth Grandjean, qui étaient comme des moments suspendus invitant à l’intériorisation avant de poursuivre par des temps d’échanges très riches et intenses. La convivialité était également au rendez-vous : merci à toute l’équipe qui a contribué à l’organisation de cette belle journée !
Grégory Clesse (RCF Sud Belgique)
Pour un aperçu plus complet de la journée, avec quelques témoignages recueillis, vous pouvez écouter le reportage réalisé par la radio RCF Sud Belgique, dans le cadre de l’émission « Solid’Aides »