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Auteur

Diocèse de Namur Rédacteur
Date
25 septembre 2025
Catégories
Belgique
Pastorale des Solidarités
Type
A Beauraing, on a fait résonner la parole des plus pauvres
Pour la première fois en Belgique, les services solidarités des différents diocèses et vicariats francophones ont organisé une session de théologie pratique. Inspirée par le Réseau Saint Laurent expérimenté en France depuis 2008, elle a mis la parole des plus pauvres au centre de cet événement fait de rencontres et de réflexion.
La première session francophone de théologie pratique s’est tenue au sanctuaire de Beauraing les 5, 6 et 7 septembre derniers. Cette initiative, lancée par Marie-Françoise Boveroulle (responsable du service solidarité et adjointe du vicaire épiscopal pour le vicariat de Bruxelles), a rassemblé une cinquantaine de personnes, dont un peu plus de la moitié étaient précarisées. Les accompagnants, choisis pour leur aptitude à se mettre en situation d’apprentissage, ont veillé au climat de confiance mutuelle et de fraternité. Cela a ainsi permis à tous les participants de s’appuyer les uns sur les autres pour vivre ces trois journées.
En lien et en amitié avec le Réseau Saint Laurent
Cette première session se situait clairement dans le sillage du Réseau Saint-Laurent (RSL). Ce réseau, né en France en 2008, met en relation différents groupes chrétiens qui partagent en Eglise un chemin de fraternité et de foi avec et à partir de personnes vivant des situations de grande pauvreté et d’exclusion sociale. Et il lui tient à cœur que ce chemin devienne celui de toute l’Eglise.
Le RSL se rassemble autour de rendez-vous réguliers. Un rassemblement festif a notamment lieu tous les deux ans à la Cité Saint-Pierre de Lourdes, ainsi qu’une session annuelle de théologie pratique à Nevers (reproduite en d’autres lieux) et des « visitations » entre les 140 associations, communautés et fraternités membres du réseau. Ces temps fraternels permettent de se soutenir, de partager des savoir-faire et de vivre la joie de l’Evangile.
Trois « garants » de la bonne mise en œuvre de la charte et de la pédagogie du RSL étaient d’ailleurs présents à Beauraing: Jean-Marie Martin, animateur, et deux théologiens engagés au long cours dans l’accompagnement des sessions: le père Etienne Grieu et Dominique Coatanea.
Une théologie à l’école de la parole des pauvres
Cette session n’était ni une retraite ni un ensemble d’enseignements magistraux, mais un travail de réflexion et de discussion à partir de la parole des personnes précarisées. Ces dernières étant considérées comme une source de pensée théologique indispensable à toute l’Eglise et au monde. La conviction des participants était que les plus pauvres, que l’on écoute le moins, ont beaucoup à nous enseigner (EG 198). Leur parole était attendue et légitime.
Les temps forts du week-end se sont déroulés sur base d’un matériel fourni par le RSL: une tapisserie intitulée L’Alliance de Dieu avec son Peuple, de l’artiste haïtien Jacques Chéry, et un texte d’Yvone Gebara, théologienne brésilienne. Ces supports de discussion ont été travaillés lors des deux premiers ateliers durant lesquels un « scribe» était chargé de noter fidèlement les mots exprimés et retenus par le groupe. A partir de ceux-ci, le troisième temps était un atelier d’écriture destiné à alimenter la conversation théologique en grande assemblée, honorée par la présence de Mgr Luc Terlinden.
Chacune des six équipes a présenté le fruit de son travail. Chaque participant avait la possibilité de demander des explications ou de réagir aux idées émises. Pour certains, une telle prise de parole en public était une première. L’implication et la dignité de tous ont laissé une forte impression.
La croix, source d’Espérance
Le thème « La croix, source d’Espérance » a suscité beaucoup de témoignages: « Ma vie est traversée par des souffrances, mais le Christ m’aide à les supporter »; « Je suis surprise d’avoir fait la paix avec Dieu après une grande injustice »; « Je n’ai pas Jésus sur ma croix, car il ne s’y trouve plus. Il est dans mon cœur »… Des témoignages de vie faite de souffrances, d’injustices, de rejets, d’abandons, de révoltes… et malgré tout de forces de résistance à l’oppression – grâce à la communauté de frères et de sœurs –, de pardons, de remises debout, de petites victoires de la vie, insufflées par l’Esprit, sur la mort.
« Je n’ai pas Jésus sur ma croix, car il ne s’y trouve plus. Il est dans mon cœur »
Chacun a pu rendre raison de sa foi, mobiliser ses expériences douloureuses et les manières d’y faire face pour entrer dans une intelligence de la croix. Beaucoup ont pu ainsi rendre compte de l’Espérance en eux !
Le soleil a brillé dans les cœurs comme sur les jardins du sanctuaire de Beauraing que les participants ont pu (re)découvrir avec un guide. Par la croix, tous se sont sentis reliés les uns aux autres, à la création et à au Père dont l’amour inconditionnel a été célébré dans une belle eucharistie finale.
Et maintenant ?
Chacun est reparti avec cette force du collectif et cette envie de se sentir à nouveau « à sa place » dans nos communautés chrétiennes. Reste à continuer à entendre et faire entendre cette pensée des très pauvres comme un trésor qui manque encore à la vie de l’Eglise et du monde… Pour cela, un soutien humain et matériel de la part des évêchés pour une pastorale à l’école des pauvres en quête de Dieu sera bien nécessaire.
Valentin LECLÈRE
Convaincus que la Révélation passe de façon spécifique par la bouche des plus pauvres et que nous avons à nous nourrir spirituellement les uns des autres? Envie d’y réfléchir, de rejoindre ou de créer sur votre terrain paroissial un espace d’accueil chrétien, de rencontre fraternelle et de dialogue avec des personnes laissées pour compte? Prenez contact avec les référents solidarité de votre diocèse ou vicariat qui vous donnent déjà rendez-vous au sanctuaire de Banneux les 15 et 16 novembre pour la 9e Journée Mondiale des Pauvres.
Publié le 24 septembre 2025 sur CathoBel, à retrouver également ici