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Auteur
Christine Bolinne Auteure
Date
6 octobre 2025
Catégories
Evêque
Type
Mgr Fabien Lejeusne, évêque du diocèse de Namur
« Je suis un enfant de la Belgique » annonce, dans un grand éclat de rire, le Père Fabien Lejeusne, Augustin de l’Assomption, AA. Belgique, où il est né – c’était à Tournai – il y aura bientôt 52 ans. Un pays qu’il aura sans doute bien du mal à reconnaître : il n’y est plus venu depuis maintenant une trentaine d’années ! « Cela tient à mon parcours atypique » ajoute-t-il. Parcours qui va encore s’enrichir pour ce Franco-Belge actuellement en fonction à Paris, le pape Léon vient de le désigner évêque du diocèse de Namur. Successeur de Mgr Warin, il sera ordonné le 7 décembre prochain à la cathédrale Saint-Aubain. Rencontre.
Alors qu’il était à Rome en compagnie du Supérieur des Augustins de l’Assomption, le Révérend Père Fabien Lejeusne a reçu un appel téléphonique de la nonciature. Le nonce, Mgr Franco Coppola voulait le rencontrer et le plus rapidement possible. Le Père Fabien : « Il y a deux raisons pour que le nonce veuille te rencontrer : soit tu as fait une grosse bêtise soit c’est pour une nomination comme évêque. J’ai sans doute fait des bêtises, mais pas de grosses bêtises ! Par contre, je savais que des postes d’évêque étaient vacants en Belgique… » Son supérieur à qui il fait part de la conversation, de lui rappeler que les Augustins de l’Assomption sont au service de l’Eglise.
Une fois à la nonciature, le R.P. Fabien Lejeusne est informé que le pape Léon l’a désigné pour devenir évêque du diocèse de Namur. Un long échange débute entre le nonce qui veut convaincre le religieux et ce dernier qui doute, qui ne comprend pas sa désignation. « Finalement, Je me suis dit que la gouvernance de par mes responsabilités, je savais faire. Idem pour l’accompagnement des personnes. Mais gérer un diocèse, c’est nouveau pour moi. J’ai décidé de faire confiance. Si le choix s’est porté sur moi, c’est que je peux le faire. Je dois bien avouer que je suis toujours sous le choc de cette annonce et que c’est un peu stressant. Depuis, je ne dors pas beaucoup ! »
Une vie communautaire
Si le jeune Fabien Lejeusne – il avait alors une vingtaine d’années – a fait le choix des Augustins de l’Assomption, c’est bien sûr parce qu’il avait tissé d’excellents liens avec la congrégation mais aussi pour la vie communautaire pratiquée. « Par la suite, comme Provincial d’Europe des AA, j’ai voyagé en Asie, en Afrique. A chaque fois, j’arrivais dans une communauté et j’y rencontrais mes frères. C’est très formateur, ça aide à se décentrer. » Comme évêque, ce sera différent.
Mgr Lejeusne a eu, comme il dit, une vie atypique. Il a passé de longues années dans un orphelinat tenu par les Oblates de l’Assomption. C’était à Froyennes. Il a un an lorsqu’il y est placé suite aux violences dont il est victime dans sa famille. « J’ai été un enfant battu et là (ndlr : l’orphelinat), j’ai rencontré des personnes capables de donner tellement d’amour. Elles ne sont pas de notre famille et pourtant elles se donnent parfois au détriment de leur propre famille. Ces années sont sans doute les plus belles de ma vie. »
Alors que les Oblates le préparent à sa première communion, elles se rendent compte que le petit Fabien n’est pas baptisé. Pour le baptiser, il faut l’accord des parents. C’est ainsi qu’il décidera d’attendre ses 18 ans pour entrer, via le baptême, dans l’Eglise. « Avant d’être baptisé, j’étais un enfant très sage presqu’introverti. La grâce du baptême m’a transformé. Moi qui n’osais pas prendre la parole en public, le jour de mon baptême, je suis monté sur une chaise et j’ai fait un discours ! C’est un chemin qui rend heureux. »
Je connais les difficultés de mes contemporains
A 18 ans, il doit quitter l’orphelinat. Il poursuit sa formation de menuisier. « Ma maman a dit que je n’étais pas très intelligent et qu’il fallait m’inscrire dans une école professionnelle. » Il s’installe donc dans un appartement, à deux pas de la cathédrale de Tournai. Pour payer son logement et vivre, il travaille outre ses études le week-end. « J’ai un caractère assez fort cela ne signifie pas que je suis désagréable (éclat de rire) c’est parce que la vie ne m’a pas épargné. Dans mon ministère, mon vécu m’aide à être proche des gens. Je sais les difficultés que peuvent rencontrer les contemporains. »
Un voyage à Lourdes
A cette même période, il est préparé au baptême, par un père Augustin de l’Assomption. Comme cadeau, il reçoit de ces religieux, un bon pour un voyage à Lourdes. Le premier d’une très longue série de voyages dans la cité mariale. « C’est le lieu où j’ai appris à prier, à me mettre au service des plus faibles. » C’est encore à Lourdes qu’il rencontre une jeune fille qui fera battre son cœur. « Je me voyais marié et père de beaucoup d’enfants. A l’orphelinat, nous étions cent ! J’envisageais encore d’aller faire de l’humanitaire en Yougoslavie alors en guerre.» Le père qui l’a baptisé lui conseille de travailler et de réfléchir. Hébergé chez les Augustins de l’Assomption à Lille, il découvre la richesse de la vie en communauté. Convaincu que sa vie se passera avec Dieu, il s’inscrit au séminaire de Lille et se forme en philosophie. Il enchaîne, au séminaire, cette fois d’Issy-les-Moulineaux pour la théologie. « Moi qui étais un enfant sage, très sage. A ce moment-là, j’étais un diable en puissance prêt à faire des bêtises… »
Sportif spécialisé dans la glisse
Il entre au noviciat des Augustins de l’Assomption à Paris en 1997, prononce ses premiers vœux en 1998 et ses vœux perpétuels en 2001. Deux ans plus tard, il est ordonné prêtre. Il exercera comme vicaire à la paroisse Saint Maurice et Saint Bernard à Strasbourg puis à la paroisse Saint-Augustin de l’Aqueduc à Montpellier. Il y sera également aumônier dans un collège. Le futur évêque s’investira dans le scoutisme en étant aumônier national des scouts et guides de France. Des jeunes qui n’’hésitent pas à le rappeler pour célébrer leur mariage, baptiser un enfant…. « Quand je regarde tout ça, je me dis que j’ai été un témoin privilégié de ce que le Seigneur fait au cœur du monde. »
Sachez encore que le 32e évêque du diocèse aime le sport, la course à pied en particulier. « Faire un peu de sport est nécessaire pour se maintenir en forme. J’aime aussi les sports de glisse. » En février, il désertera durant une semaine le diocèse pour la montagne. Il est un adepte du snowboard. Durant l’été, direction l’océan pour s’adonner au surf.
Une vie tellement riche que tout n’a pas encore abordé dans cet article. A découvrir prochainement.
Christine Bolinne