Marche-sur-Meuse : que s’écoule le temps… et passent les Dames

Le TreM.a et ses partenaires dévoilent un cycle exceptionnel consacré à l’abbaye Notre-Dame du Vivier

Dès ce 15 novembre, le TreM.a ouvre une exposition majeure, conçue et scénographiée par la Société archéologique de Namur, consacrée à l’abbaye Notre-Dame du Vivier, joyau spirituel et patrimonial du Namurois. Demain déjà, les premières déambulations théâtrales animeront le site même de l’abbaye, donnant le coup d’envoi d’un programme exceptionnel : trois expositions, des visites, des ateliers, des concerts, des conférences et une journée d’étude.

Copyright : Trem.a

Niché dans un vallon resserré entre falaises abruptes, sous-bois et méandres de la Gelbressée, le site de Marche-les-Dames ne cesse d’impressionner. Cédric Visart de Bocarmé, président de la Société Archéologique de Namur, rappelle le caractère unique du lieu : « Dans ce vallon humide et inhospitalier de prime abord va s’établir au XIIIᵉ siècle une communauté de femmes qui y vivront en recluses, dans le recueillement et la prière, suivant les règles des Cisterciens. Le site se prête idéalement à leur mode de vie, répondant aux critères de l’ordre : une vallée traversée par un cours d’eau, bordée de bois, retirée du monde tout en restant accessible par les voies de communication. »

Fondée au XIIIe siècle, Notre-Dame du Vivier est l’une des abbayes cisterciennes féminines les plus emblématiques du Namurois. Productrice et détentrice d’un patrimoine artistique unique – peintures, sculptures, manuscrits, orfèvrerie, archives – elle a traversé guerres, réformes, prospérités et crises, jusqu’à son abandon à la fin du XVIIIᵉ siècle et sa reconversion partielle au XXᵉ siècle. Aujourd’hui encore, son architecture, ses archives et son mobilier témoignent de cette identité singulière.

L’exposition du TreM.a : une plongée dans huit siècles de vie monastique : Du 15 novembre 2025 au 15 mars 2026

L’exposition Marche-sur-Meuse. Que s’écoule le temps et passent les dames propose un parcours immersif qui retrace l’évolution de l’abbaye depuis sa fondation légendaire jusqu’à la fin du XVIIIe siècle. La commissaire d’exposition, Aurore Carlier, met en lumière des pièces rarement montrées, issues de collections publiques et privées : objets liturgiques, manuscrits, plans anciens, œuvres textiles, sculptures, relevés architecturaux et archives… Elles révèlent une histoire spirituelle, sociale et économique profondément ancrée dans le Namurois. Aurore Carlier souligne : « L’abbaye Notre-Dame du Vivier a produit et conservé un patrimoine remarquable, d’une grande diversité et d’une immense valeur symbolique. Montrer ces œuvres aujourd’hui, c’est redonner voix à une communauté de femmes qui a façonné la vie religieuse, culturelle et sociale du Namurois pendant plus de six siècles. »

Deux pièces classées Trésors de la Fédération Wallonie-Bruxelles occupent une place centrale dans le parcours : La Vierge à l’Enfant, sculpture en chêne du XIIIe polychromée et dorée, rehaussée de cristal de roche. Un échange de regard très doux uni la mère et son fils. Le Repos de Jésus, dit Jesueau, une œuvre émouvante, offerte au XIXᵉ siècle à la Société archéologique par la dernière religieuse cistercienne du Vivier, Sœur Scolastique (Marie-Josèphe Baudhuin), décédée en 1856. Cette pièce rare constitue l’un des ultimes témoignages tangibles de la présence des moniales avant la disparition définitive de la communauté.

L’exposition révèle également la plus ancienne gravure représentant l’abbaye, datée de 1607. Précieuse par sa finesse et sa précision, elle permet de comprendre l’évolution du site en fonction des transformations liturgiques, économiques et architecturales vécues par les cisterciennes au fil des siècles. Au-delà des grandes œuvres, de nombreux objets modestes mais profondément touchants parlent de la vie des dames. Parmi eux, les professions de foi, soigneusement décorées et signées de la main de chaque religieuse. Elles reflètent l’engagement personnel de chaque femme, son identité et son entrée définitive dans la communauté. Ces pièces, tout comme les fragments textiles, les petits objets d’orfèvrerie ou les pages d’antiphonaires (XVe) ou du Graduel (XIIIe) – qui inspireront la chorale louvaniste Psallentes – témoignent d’une vie rythmée par la liturgie, le travail, l’étude et la solidarité.

Un programme culturel étendu : expositions, théâtre, concerts, ateliers d’art

Ce cycle ne se limite pas aux salles du TreM.a. Trois autres expositions complètent la découverte :

• « La Mémoire des Dames » aux Archives de l’État, Boulevard Cauchy 41, Namur – Du 28 novembre au 1er mars 2026, du mardi au vendredi (9h-16h30).
  Chartes, plans, obituaires, comptes et procès éclairent le quotidien, l’administration et la spiritualité des cisterciennes du XIIIe au XVIIIe siècle. Une plongée unique dans l’intimité du monastère, grâce aux archives que les sœurs ont soigneusement conservé en Allemagne.
•  « Archéologie d’une abbaye cistercienne féminine » à l’abbaye Notre-Dame du Vivier de Marche-les-Dames – Dès le 11 décembre, tous les jours (10h-18h).
  Découvertes récentes, charpente médiévale, réseau hydraulique, vestiges, fouilles… Une exposition qui révèle les couches profondes d’un lieu miraculeusement conservé.
• « Ave Maria », lieu à confirmer (église Saint-Loup pressentie) – Du 17 janvier au 29 mars.
  Une exploration du culte marial et de ses images du XVIe siècle à nos jours.

Dès demain, l’abbaye accueillera les déambulations théâtrales « Du vinaigre dans l’encre ». Créées pour l’événement à partir des archives d’un procès mémorable qui opposa en 1702 l’abbesse Catherine de Trixhe et ses moniales, ces déambulations proposent une réécriture du conflit oublié mis en scène par quatre jeunes comédiens qui joueront en habit à l’abbaye. Les samedis à 16h30 et dimanches à 15h jusqu’au 14 décembre et les deux premiers week-end de mars. Groupe de 20 personnes maximum. Réservations obligatoires : melanie.bertrand@lasan.be ou 081 84 02 00.

Deux concerts de la chorale louvaniste Psallentes sous la direction d’Hendrik Vanden Abeele les 11 janvier à 15h et 28 février à 17h feront revivre, à l’abbaye, les chants sacrés de l’abbaye Notre-Dame du Vivier.

Enfin, des visites, des ateliers vitraux et un large ensemble d’activités scolaires et de conférences complètent cette série d’événements.

Conférences & Journée d’étude

• 20 novembre – 17h (Auditorium Berthe Pouleur, avenue Jean Materne 162 à Jambes)
  Les manuscrits du Vivier par A.-E.Ceulemans, X. Hermand et H.Vanden Abeele.
• 25 janvier – 14h (Abbaye du Vivier)
  Patrimoine & archéologie par P.-H.Timan, M.verbeek et S.Cremer.
• 8 mars – 14h (Abbaye du Vivier)
  Les vitraux du Vivier par I. Lecocq.

Journée d’étude – 11 & 12 décembre 2025

Fonder, bâtir, prier : aux origines des abbayes féminines cisterciennes dans les Pays-Bas méridionaux (XIIIe) Abbaye Notre-Dame du Vivier.

Avec ce cycle inédit, le TreM.a et ses partenaires invitent à redécouvrir l’un des lieux les plus fascinants du Namurois. Un lieu longtemps silencieux, mais dont les archives, les œuvres et les voix – celles des Dames qui y vécurent – continuent de traverser les siècles. Une immersion dans ce monde des dames du Vivier pour prendre le temps, regarder, comprendre… Et les laisser nous raconter leur histoire.

Toutes les informations détaillées sont reprises sur le site www.lasan.be

Christine Gosselin