Mgr Fabien Lejeusne entre dans la peau d’un évêque

Petit à petit, Mgr Fabien Lejeusne se glisse dans la peau d’un évêque. « Je n’ai pas vraiment le choix » ponctue-t-il en affichant un large sourire. Même dans ses rêves les plus chimériques, lui qui avait choisi la vie religieuse en rejoignant la congrégation des Augustins de l’Assomption, n’aurait jamais pensé devenir évêque ! Une ordination suivie d’une prise de possession du siège épiscopal – ce sera ce dimanche 7 décembre – qu’il souhaite joyeuses.

« J’espère que dimanche sera non seulement un jour sans pluie mais avant tout un jour de fête pour tous les diocésains. Pour cette célébration, j’ai souhaité des chants solennels qui ne sont pas interprétés tous les jours tout en étant joyeux » annonce Mgr Lejeusne. Ordination et prise de possession du siège épiscopal occupent beaucoup de son temps et de ses pensées. Il n’est pas seul dans l’organisation de ce moment important pour l’Eglise diocésaine mais il y a tant de choses à penser.

Chacun est le bienvenu. Mgr Lejeusne a invité les catéchumènes, les adultes qui se préparent au baptême ou encore à la confirmation. Des scouts, des guides, des patronnés encore. Des mouvements qu’il connaît bien ayant été, en France, aumônier national. Des familles aussi… « Je ne veux pas faire dans le jeunisme mais cette présence donnera, immédiatement, une tonalité. » Et de poursuivre : « Une ordination, c’est comme un mariage. Lors de la célébration, il y a un temps pour l’accueil, un autre pour l’échange et un troisième temps pour l’eucharistie. Je m’appuierai beaucoup sur la Parole de Dieu. »

L’abandon total

Lors des ordinations, il est toujours un moment plus marquant pour l’assemblée. Pour le candidat, aussi. Ce temps, c’est celui de la prostration, celui où le futur prêtre, diacre ou encore futur évêque se couche, devant l’autel, face contre terre. La chorale soutenue par l’assemblée entonne la litanie des saints. « C’est la quatrième fois que je vais vivre ce moment, souligne Mgr Lejeusne. La première fois, c’était lors de mon ordination diaconale, puis lors de l’ordination presbytérale et aussi pour mes vœux perpétuels. C’est un temps d’abandon, un don total. La litanie des saints me permet ainsi de m’inscrire à la suite de tous ceux qui m’ont précédés. »

La calotte, lourde de symboles

Depuis quelques jours, comme il y est autorisé, Mgr Fabien Lejeusne porte, lors des célébrations, la calotte. Calotte de couleur magenta, entre le rouge et le violet. « Un Assomptionniste devenu évêque dans le sud de la France m’a raconté que la première fois qu’il a porté la calotte lors d’une eucharistie, il a été déstabilisé. Il en a même oublié l’anamnèse ! » Mgr Lejeusne de poursuivre : « J’ai pu le vérifier. En la portant, on entre dans la continuité de ceux qui l’ont déjà portée avant nous. On sent le poids de cette calotte sur la tête. Et même s’il est léger, il est lourd de symboles. J’ai eu l’impression, la première fois, de ne plus savoir célébrer. J’ai vraiment pris conscience de ce qui m’arrivait. Je me suis dit : ‘J’y suis’. »

Ceux qui ont déjà eu l’occasion de le rencontrer vous diront encore que le 32e évêque du diocèse ne manque pas d’humour. Mgr Lejeusne explique encore qu’il a voulu s’habituer, comprendre comment la calotte, ce petit couvre-chef reste sur le crâne sans glisser ou pire tomber !  Le jour de son ordination épiscopale – ce dimanche 7 décembre, à 15h, à la cathédrale Saint-Aubain- il recevra les autres insignes liés à sa fonction : la mitre, la crosse, l’anneau et la croix pectorale. Croix pectorale qu’il portait déjà en tant que Provincial des Augustins de l’Assomption mais elle était plus petite. L’évêque a souhaité l’adapter.  Ses frères Assomptionnistes installés au Vietnam à qui il vient de rendre visite lui ont offert soutane, chasuble… Mgr Lejeusne : « Tout est prêt. Les frères mettent un point d’honneur à m’habiller comme il faut. Mais la véritable préparation est intérieure avec une retraite dans un endroit calme et retiré, car chaque visite dans une communauté Assomptionniste devient un moment de fête. »

Le jour J

Le décompte des jours jusqu’à son ordination épiscopale est quasi à zéro. Si le stress n’était pas encore présent au moment de cette interview, Mgr Lejeusne sait très bien que la situation sera bien différente le jour « J ». « Je ne connais pas la mission. On ne peut donc pas avoir peur de ce que l’on ne connaît pas. » Il se donne environ une année pour aller à la rencontre des prêtres, de ceux qui travaillent dans les services, les pastorales… Et bien sûr des diocésains… Lors de la conférence de presse organisée à l’annonce de sa nomination par le pape Léon, Mgr Lejeusne a expliqué qu’il connaissait, dans le diocèse Bouillon, Bertrix et la vallée de la Lesse. Des lieux fréquentés alors qu’il était à l’orphelinat. « J’ai beaucoup aimé la beauté des paysages. Maintenant il me reste à découvrir la beauté des gens. » Depuis son arrivée dans le diocèse Mgr Fabien Lejeusne a séduit tous ceux qui ont eu la chance de le croiser, d’échanger quelques mots avec lui. Résultat, il reçoit, chaque jour, un courrier plus important qu’un ministre. Des messages d’encouragement, des invitations…  Le dépouillement va s’avérer long, très long !

Christine Bolinne

Un portrait de Mgr Fabien est à découvrir…. Il parle de son enfance, de sa vocation