Entre Émotion et Reconnaissance : les adieux du chanoine Huet à la cathédrale Saint-Aubain après 26 ans de service

Cette nef centrale, le chanoine Huet ne peut compter le nombre de fois qu’il l’a remontée pour rejoindre l’autel de la cathédrale Saint-Aubain où il célébrait l’eucharistie depuis 26 années. On peut parler à l’imparfait puisque, dimanche, le 31 décembre, c’était sa dernière messe comme archiprêtre, comme curé de ce lieu. Ses paroissiens et le conseil de fabrique ont tenu à le mettre à l’honneur.

« Quand on se sépare, on se dit des choses importantes. J’espère, dira le chanoine Jean-Marie Huet avoir, par mon cheminement, réussi à nourrir votre vie intérieure. Je vous invite à croire en la Providence, à vous abandonner à la volonté de Dieu. Laissez-le imprégner vos vies, il nous comble de ses grâces. » Des souhaits qu’il formulera à la fin de son homélie.

Lors de cette Eucharistie, les chants choisis ont été interprétés par Grégory Decerf, maître de chapelle, entouré de quelques membres de la maîtrise. Les premières notes égrenées, les premières phrases de « Que tes œuvres sont belles » chantées que les souvenirs remontent dans la mémoire de l’archiprêtre. Et il tient à les partager avec l’assemblée : « En 1985, j’étais séminariste et diacre de la Parole. J’étais ainsi présent lors de la messe célébrée par le pape Jean-Paul II au sanctuaire de Beauraing. Un moment extraordinaire d’avoir un pape présent dans le diocèse. » Il y aura encore l’Hallelujah de Léonard Cohen, un auteur compositeur aujourd’hui disparu que le chanoine apprécie beaucoup. Et puis le Panis Angélicus de César Franck. La beauté des voix, la maîtrise d’Emmanuel Clacens, à l’orgue, ont apporté solennité à cette messe. Solennité que le jeune retraité apprécie beaucoup. Et de se confier, en toute simplicité : « Le beau et c’est particulièrement vrai à travers le chant et la musique mène à Dieu. A la cathédrale, les liturgies sont belles bien que parfois longues. Mais la beauté fait que je n’ai pas l’impression que cela dure. »

A l’autel, pour le « soutenir » au moment de prendre un tournant dans sa vie, deux chanoines, les chanoines Bruno Dekrem et le chanoine François Barbieux. Le Père China et l’abbé Joël De Brouwer, vicaires de la cathédrale et aussi des diacres, Jean -Pol Druart et Bernard Delzenne. Ainsi que Patrick Bodart, diacre en vue du sacerdoce.

Un dernier rendez-vous avec la communauté paroissiale de la cathédrale.

Un message vidéo venu de Savinnes-le-Lac, dans les Hautes-Alpes.

La médaille de Saint-Aubain pour Victor Saint-Amen (à la gauche du chanoine Dekrem)

Un message venu des Hautes-Alpes

Après un bref passage par la sacristie pour ôter les habits liturgiques, il était temps de passer à l’hommage. Première émotion pour le chanoine Huet quand, Emmanuel Clacens, joue Happy Birthday. Pas question d’oublier que le 26 décembre dernier, il soufflait une bougie de plus sur son gâteau d’anniversaire ! Le chanoine Dekrem, doyen de Namur, a présidé cet hommage en retraçant la vie du chanoine qui a débuté en 1949 à Vyle-et-Tharoul. La vie d’étudiant ensuite, à l’UCL où il se formera en droit civil. Puis, par la suite en droit canonique. Avant d’entrer au séminaire, il fera un détour par la vie professionnelle en travaillant dans le milieu des assurances. Le chanoine Dekrem épinglera encore ces grandes figures que sont sainte Thérèse d’Avila, sainte Thérèse de Lisieux, saint Jean de la Croix ou encore le curé d’Ars. Tous animent la vie de foi de celui qui aura été pendant 26 ans archiprêtre de la cathédrale, « Cette maison de Dieu sera toujours votre ‘home sweet home’ » dira-t-il encore en concluant son intervention.  

Le chanoine Huet a reçu des cadeaux, une céramique de Stéphane Terlinden, une représentation du curé d’Ars confessant une enfant. Une photo, grand format, signée Vincent Cochain. Ce dernier a réussi à prendre une photo pour le moins surprenante, de la coupole de la cathédrale. Une photo prise de l’intérieur de l’édifice. Et puis un message. Un message vidéo de Mgr Léonard enregistré à Savinnes-le-Lac, dans les Hautes-Alpes où il est installé depuis sa retraite qui reste très active. Il expliquera avoir fait connaissance avec Jean-Marie Huet, étudiant en droit, à l’UCL. Nommé évêque à Namur, il retrouvera l’abbé Huet et le choisira, pour rejoindre le conseil épiscopal, comme spécialiste du droit canonique. Non sans humour, Mgr Léonard confiera qu’il avait quelques faiblesses en droit canonique, une matière délaissée dans son cursus lui préférant la philosophie et la théologie. « Heureusement, j’ai pu faire appel à toi, Jean-Marie. Et je continue à le faire aujourd’hui quand des personnes viennent m’interroger sur cette matière ». Un livre, des pralines s’ajouteront aux cadeaux. 

Heureux !

Quitter une paroisse, ce n’est pas simple. Le chanoine Huet : « C’est quitter des gens. Et je tiens à remercier chacun personnellement. Je tiens aussi à vous dire que j’ai toujours été heureux dans les paroisses où j’étais – avant la cathédrale, il était curé à Sovet ». Remerciements encore pour tous ceux qui ont travaillé à ses côtés comme le maître de chapelle, l’organiste, le sacristain, les acolytes et tant d’autres encore.

Une retraite qu’il ne consacrera pas à voyager, il l’a dit. « J’aime en revanche le travail intellectuel. Et depuis septembre, je suis inscrit à l’UCLouvain et à la KUL où je remets mes connaissances à jour. J’aime le droit et je peux dire que je retourne à mes premières amours le cœur léger. » 

Le chanoine Huet reste doyen du Chapitre cathédral, il reviendra pour les célébrations des chanoines. Et c’est à un chanoine, son successeur, que ses derniers mots iront avant le verre de l’amitié. Le chanoine Xavier Van Cauwenbergh : « Faites-lui bon accueil. N’essayez pas de nous comparer, je ne suis pas sûr de ne pas être perdant. La cathédrale est entre de bonnes mains. »

Merci, Victor

Si le chanoine Huet prend sa retraite, il est un autre retraité qui lui a décidé de prendre un peu de distance avec la cathédrale. Depuis 1973, Victor Saint-Amand fait partie du conseil de fabrique de la cathédrale, il restera en place jusqu’en avril prochain. Cinquante années au sein d’un conseil de fabrique méritait bien la médaille de Saint-Aubain attribuée par l’évêque pour « services rendus. » Et que de services. Il a d’abord été secrétaire de ce conseil avant d’en devenir le trésorier et de cumuler les deux fonctions. Un fabricien exigeant, scrupuleux mais toujours bienveillant. Le chanoine Huet a tenu à insister sur cette présence régulière à la cathédrale pour accompagner, par exemple, les techniciens venus pour des travaux. A noter encore que le paroissien Victor Saint-Amand a franchi, pour la première fois, la porte de la cathédrale en 1958. En 1965, il rejoignait l’équipe des lecteurs. Il fera aussi partie de la chorale. Avec Colette, son épouse, c’est incontestablement une figure de la paroisse qui a été mise à l’honneur. 

Christine Bolinne

Photos : F.B.