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Auteur
Christine Bolinne Auteure
Date
17 octobre 2024
Catégories
Folklore
Type
Un wallon de Flandre sur les traces de « l’Eglise territoriale » flamande
Retour en Flandre, terre natale de ses parents pour l’abbé Bernard Van Vynckt. Lui, l’amoureux de la langue wallonne qu’il n’hésite pas à employer pour des homélies savoureuses vient d’emmener 25 personnes pour un séjour organisé par les Pèlerinages Namurois. Séjour intitulé « Flandre belge et française » Au programme Gand, Bruges et Lille des villes séduisantes par leur patrimoine mais pas seulement.
L’abbé Van Vynckt, doyen de Marche a vu le jour en province de Namur, à Meux précisément. Un petit village où ses parents arrivés, en 1955, de Flandre Occidentale étaient installés. Ils avaient repris une ferme. « Maman parlait un peu le français, quelques brides. A la maison, nous parlions le « plat Vlaams » le patois flamand. » C’est à l’école qu’il apprendra à parler le néerlandais. A l’école toujours, hormis le cours de néerlandais, les cours étaient donnés en français. Langue utilisée aussi pour les conversations entre frères ! A Meux, la famille Van Vynckt a pour voisin Paul Gilles, un amoureux du wallon qui fera partie des Relis Namurwès, des spécialistes du bien parler wallon, de sa défense et de sa promulgation. Le petit Bernard est séduit par le wallon. Ses parents sourient en entendant leur gamin, un arsouille comme ils disent, le baragouiner. Un intérêt qui se transformera, au fil des années, en véritable passion. Encore aujourd’hui, il l se perfectionne en suivant les cours des Relis Namurwès. Depuis dix ans maintenant, il préside, à Namur, la messe en wallon du lundi des Fêtes de Wallonie.
L’abbé Van Vynckt aime aussi emmener, avec les Pèlerinages Namurois, des pèlerins en Angleterre, en Ecosse, en Irlande… Une découverte du pays mais aussi un aperçu de ce qu’est, pour reprendre ses termes, « l’Eglise territoriale », de la manière dont elle est perçue. Et lorsqu’on lui a demandé d’emmener, des pèlerins en « Flandre belge et française » il avoue, dans un premier temps, avoir été surpris. Ce moment passé, il ajoute : « Je me sens des deux côtés à la fois, wallon et flamand. Je suis un bon Belge ! Et j’ai vraiment été très heureux de retourner sur la terre de mes parents. » Bruges, Gand, Lille, des villes qu’il connaît. Des villes au patrimoine religieux exceptionnel comme saint Bavon à Gand ou encore Bruges et son béguinage. Le guide de ce pèlerinage de trois jours arrive à la conclusion que la cathédrale Saint-Bavon comme la basilique du Saint-Sang à Bruges sont, pour lui, plus des musées que des lieux de culte. Tout en reconnaissant le souci des Flamands pour maintenir des processions qui sont d’une beauté exceptionnelle, la procession du Saint-Sang par exemple.
L’abbé Van Vynckt continue chaque jour à lire la presse, Het Nieuwsblad, un journal qu’il apprécie notamment pour la qualité de ses éditoriaux. Un article qui n’hésite pas à parler de religion. Et c’est ce volet qu’il a aussi abordé avec les pèlerins. L’occasion de mettre fin à des idées qui continuent à avoir la dent dure comme la sécularisation bien plus répandue dans le nord du pays. « Ou encore, souligne l’abbé Van Vynckt, la perte de pouvoir des curés. Les catholiques étaient, autrefois très présents dans des bastions comme les mutuelles, le boerenbond… « Il y a quelques années encore, dans ses prises de position, la Flandre avait un train de retard par rapport à la Wallonie. Aujourd’hui, elle a pris un TGV! Et quand la décision est prise de fermer 300 églises, cela ne se discute pas avec le pouvoir religieux. » Et de poursuivre : « Lors de la visite du pape François en Belgique, la VRT, télévision flamande, a suivi les victimes d’abus de prêtres. Elle n’a pas retransmis le discours du recteur de l’université de Leuven, une université ouverte à l’étranger. »