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Auteur

Christine Gosselin Auteure

Date

25 novembre 2024

Catégories

Anniversaire
Pastorale des Solidarités

Type

Actualités diocésaines

« Ensemble » au CINL depuis 60 ans !

Le Centre des Immigrés Namur-Luxembourg (CINL) fête 60 ans d’engagement, action et solidarité au profit de ses bénéficiaires ! Pour marquer le coup, c’est une belle après-midi festive et intégrative était organisée ce mercredi 20 novembre, place Toucrée à Marche-en-Famenne. Après un moment d’histoire sensible et humoristique du service et de ses partenariats, c’est à travers le théâtre, la peinture, la musique, l’art culinaire également, que différentes réalités de l’immigration et de l’intégration ont pu être abordées…

Agréé par la Région Wallonne, le CINL est spécialisé dans l’accompagnement des personnes immigrées. Il propose un suivi social, administratif, juridique et psychologique à toute personne quel que soit son statut ou son origine. Nicolas Dumont, président de l’asbl, souligne d’entrée de jeu, cette volonté d’intégration de tous au CINL, une intégration que veut traduire le programme riche et varié conçu pour cette après-midi « anniversaire » complète Mme Bénédicte Guebs, directrice du CINL avant de passer la parole à Pierre Dehotte (Monastère de Wavreumont) pour en retracer l’histoire.

Avec la sensibilité teintée d’humour qu’on lui connait, l’abbé Dehotte revient sur la demande particulière de Mgr Charue à l’abbé Etienne Strojwas en l’année 1964 : « Vous restez ici et vous fondez une aumônerie pour les étrangers du diocèse ». L’abbé Strojwas, prêtre d’origine polonaise, vicaire à Saint-Jean Bapstiste, fonde alors dans la maison paroissiale située place de l’ange (ancienne maison des œuvres de l’abbé André), « là où il était », une première aumônerie, qui très vite changera d’appellation. « Le terme aumônerie se justifiait tant qu’il s’agissait d’apporter un soutien spirituel à des personnes de tradition chrétienne (Polonais, Espagnols, Portugais…), mais pas pour les autres… Le mot diocésain ne rendait pas compte des deux provinces qui le composent. Et le mot étranger avait tendance à devenir péjoratif. C’est pourquoi, au début des années 1970 Étienne Strojwas a décidé de traduire Aumônerie diocésaine des Étrangers par Centre des Immigrés Namur-Luxembourg». L’intuition fondamentale de l’abbé Strojwas était de créer des liens entre les immigrés, de les solidariser, de les sortir de leur isolement.  Il organisait des après-midi récréatives les dimanches après-midi dans la grande salle des fêtes de la maison et publiait des bulletins s mensuels d’information en différentes langues… Un travail considérable, toujours motivé par cette même idée « Sortez de votre isolement, nous serons plus forts ensemble ».

Et plus forts, ils l’ont été et le sont toujours puisqu’on fête les 60 ans de cette aventure commune. Le Centre des Immigrés a encore épousé la cause des immigrés en participant à leurs déplacements. Effectivement, le Centre fut contraint de déménager pour différents motifs et à plusieurs reprises au fil des années : il devra s’exiler à l’avenue Reine Astrid, avant de redéménager à la rue du Beffroi puis place l’Ilon, rue des Tanneries, rue Rupplémont, pour un retour à l’Ilon… Par ailleurs, en 1978, l’évêque confie à l’abbé Dehotte la mission d’ouvrir une antenne du Centre des Immigrés en province de Luxembourg, à Saint-Hubert. Il y aura également des permanences à la maison des œuvres de Virton et à Marche-en-Famenne, ou encore à la place Toucrée, voire à domicile.

Face à l’arrivée d’un plus grand nombre de réfugiés, le Centre avec ses deux antennes se structure en asbl grâce à André Baudlet – décédé le mois dernier – ce qui lui permet, outre l’engagement de personnel, d’obtenir des subsides, l’agrément de la région wallonne et de nouer différents partenariats avec d’autres services dont le Centre Régional d’Intégration (Crilux). Le Directeur du Crilux rappelle que c’est, en effet, en dénonçant le manque de structures accessibles et mobiles pour l’intégration que le CINL a participé à la naissance du Crilux pour développer des projets qui visent l‘inclusion et l‘établissement durable des immigrés.La vie des immigrés n’a jamais été facile souligne l’abbé Dehotte pour conclure, et on ne peut pas dire que leurs conditions d’existence se soient vraiment améliorées : « On insiste beaucoup, et à juste titre, sur l’article 13 de la déclaration des droits de l’homme, qui stipule que toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. Mais n’oublie-t-on pas que ce droit n’a aucun sens s’il n’existe pas un droit bien plus fondamental : celui de rester dans son pays ? (…) La migration, tant qu’elle n’est pas librement voulue par les personnes concernées, est un mal. Le seul avenir qu’on puisse lui souhaiter, c’est sa disparition. »

Ce sont ces conditions de vie difficiles que des jeunes artistes du théâtre « Le Moderne » de Liège avaient choisi de mettre en scène dans une pièce intitulée « 9m2 » qui donne symboliquement un coup de projecteur sur 9 français obligés de vivre ensemble, suite à leur exil forcé en Suède, dans 9 m2. Tout en délicatesse, justesse mais aussi « vérité coup de poing dans la figure », ces adolescents se sont mis dans la peau de ces immigrés « dans une vie qui n’est pas ‘ma vie restée au pays’… une vie où ‘je ne suis plus libre’, où ‘je ne suis plus personne’…’stockés en cage comme des volailles durant la nuit en attendant de travailler demain dans un domaine qui m’est étranger’… » Quel pouvoir avons-nous par rapport à tout cela ? La question est lancée dans le débat et les échanges avec la troupe qui suivent la la représentation… une troupe de jeunes sensibilisés aux difficultés des migrants et bien conscients que « ces étrangers, cela pourrait être eux ».

Le soir tombe sur une belle promesse : celle d’être solidaire et empathique. Au rythme du Kora de Mamadou, les participants découvrent d’autres exils et talents à travers l’exposition des peintures de Steven, 16 ans. Arrivé du Salvador il y a deux ans, il s’est mis à la peinture comme autodidacte… ; à travers, également le buffet dressé par l’école de cuisine de l’enseignement secondaire spécialisé des Peupliers (Marloie-Forrières), qui propose un voyage de multiples saveurs. Les images traduiront mieux que les mots l’étendue de ces talents et illustrent bien le leitmotiv de l’abbé Strojwas : « Sortons de l’isolement ! Ensemble nous serons plus forts » !

Christine Gosselin

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