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Auteur

 Diocèse de Namur

Diocèse de Namur Rédacteur

Date

5 décembre 2024

Catégories

Vatican

Type

Actualités diocésaines

Et l’indulgence ?

Je vous demande un peu d’indulgence… dans cette communication autour des indulgences, en ce Jubilé qui commence bientôt. Plusieurs personnes interpellées n’ont pas souhaité écrire sur ce sujet ; et l’on devine pourquoi : le mot est grevé de tant d’incompréhensions du passé, de poids d’obligations et d’images sidérantes. L’histoire de l’Église a montré que l’on pouvait gravement errer dans l’interprétation du terme et que l’obtention des indulgences a donné lieu à de nombreux excès : compter la grâce en jours gagnés, calculer le nombre permis d’opérations multipliées, entrer et sortir des églises pour extirper du purgatoire les âmes attachées… Trop jeune (!) pour avoir connu cela, j’ai du mal à l’imaginer. Le mot, pourtant, a du sens, et la proposition faite aux pèlerins du Jubilé aussi.

« Nous savons que ce n’est pas par les oeuvres de la Loi que l’homme devient juste devant Dieu, mais par la foi en Jésus Christ » (Ga 2,16). La justification de l’homme par ses propres forces le conduit dans une impasse ; le chemin du Jubilé, proposé aux pèlerins d’espérance, ne peut être un cul-de-sac. En bon théologien, l’apôtre Paul exclut la valeur salvifique de toute oeuvre. Il le dit clairement : « En effet, si c’était par la Loi qu’on devient juste, alors le Christ serait mort pour rien » (Ga 2,21). Par ailleurs, Paul n’ignore pas le combat qui fait rage en chaque homme : « Les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit, et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez » (Ga 5,17). Dans l’épître aux Romains, il exprime ce même constat désolé avec plus de force encore : « Je ne fais pas le bien que je voudrais, mais je commets le mal que je ne voudrais pas » (Rm 7,19). Sans se dédouaner pourtant de sa responsabilité – ce n’est pas son genre de se victimiser – il comprend alors que « ce n’est plus moi qui agis ainsi, mais c’est le péché, lui qui habite en moi » (Rm 7,20). L’impact du péché dans la vie de l’homme est plus grand qu’on ne le pense. L’habitude qu’il entraîne, le sillon qu’il creuse, les traces qu’il laisse, son « habitation » en nous (le nid, douillet ou non, qu’il s’est fabriqué), sont des réalités que l’on ne peut négliger en haussant les épaules. Voilà pourquoi la définition catholique de l’indulgence est formulée ainsi : « L’indulgence est la rémission devant Dieu de la peine temporelle due pour les péchés dont la faute est déjà effacée » (Catéchisme de l’Église Catholique 1471). Oui, il y a bien de la peine à se remettre du péché, il y a bien des peines laissées sur le bord de la route, aux coins du coeur et au fond de l’âme, comme aussi dans nos relations abîmées, nos habitudes coupables et nos tiédeurs complices.

L’apôtre Paul en appelle à une libération profonde : « Dans les membres de mon corps, je découvre une autre loi, qui combat contre la loi que suit ma raison et me rend prisonnier de la loi du péché présente dans mon corps. Malheureux homme que je suis ! Qui donc me délivrera de ce corps qui m’entraîne à la mort ? » (Rm 7,23-24). Qui donc, si ce n’est le Seigneur Jésus lui-même ! « Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses convoitises. Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit » (Ga 5,24-25).

Lors du grand Jubilé de la Miséricorde de 2015-2016, le pape François avait présenté l’indulgence plénière proposée à cette occasion comme revêtue d’une importance particulière. La miséricorde de Dieu, écrivait-il, « devient indulgence du Père qui rejoint le pécheur pardonné à travers l’Épouse du Christ, et le libère de tout ce qui reste des conséquences du péché » (Misericordiae vultus 22). De la même façon aujourd’hui, le Saint Père affirme que le don de l’indulgence « permet de découvrir à quel point la miséricorde de Dieu est illimitée. Ce n’est pas un hasard si, dans l’Antiquité, le terme miséricorde était interchangeable avec le terme indulgence, précisément parce que celui-ci entend exprimer la plénitude du pardon de Dieu, qui ne connaît pas de limites » (Spes non confundit 23).

Prenons donc un mot pour l’autre, en quelque sorte, et voyons-y le don et l’accueil de la miséricorde divine qui ne s’arrête pas en si bon chemin et va au-delà du pardon donné. Pour nous-mêmes, et en communion avec nos frères et soeurs en humanité, les défunts y compris – qui sont en chemin vers le Bonheur céleste – puisons à la source de la miséricorde : Dilexit nos, il nous a (tant) aimés !

Joël Rochette

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