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Auteur

Christine Gosselin Auteure

Date

25 février 2025

Catégories

Tourisme

Type

Actualités diocésaines

L’église Saint-Georges de Marloie

Située le long de la rue de la Station, directement voisine de la ferme médiévale de la Vieille Cense, l’église Saint-Georges domine le village de Marloie avec son imposant campanile qui culmine à 30m de haut. Le contraste entre l’architecture médiévale de la ferme et l’audacieuse modernité de l’église inaugurée en 1956 ne cesse de surprendre… Elle raconte une histoire séculaire marquée par des événements tragiques mais aussi par un esprit de reconstruction et d’innovation, symbole de renouveau.

Le chanoine François Barbieux, curé des paroisses de Marloie, On et Hargimont nous accueille sur le vaste parvis de l’église Saint Georges pour nous conter son incroyable histoire :

« La première mention d’une église, sur le site de la Vieille Cense, grande ferme dont l’abbaye de Saint-Hubert était propriétaire, remonte au XIIe siècle. En 1606, fut construite une chapelle castrale dédiée à saint Georges. Elle sera détruite lorsqu’elle deviendra église paroissiale vers 1895 remplacée au même endroit par un édifice néo-roman gothique plus important. Mais le 21 mai 1944, la guerre frappe durement le village : un avion anglais envoie une rafale de mitrailleuse sur un train allemand arrêté en gare de Marloie qui transportait 450 tonnes de TNT. C’est la catastrophe ! La gare, comme toutes les maisons du village, sont soufflées. L’église ne sera pas épargnée. Les dégâts sont tellement importants qu’elle ne pourra être restaurée. Face à ce drame, le cha­noine Lanotte, en charge des travaux de reconstruction de l’après-guerre pour le diocèse, adopte une vision audacieuse : bâtir une église qui ne correspondrait à aucun critère précédent, une église résolument moderne afin de montrer que la guerre n’a pas abattu nos forces vives, ni physiquement ni dans leur créativité. Tous les grands noms de la reconstruction se penchent sur le projet entre 1954 et 1956: Victor Sarlet en est l’architecte ; Georges Boulmant et Zéphir Busine dessinent l’architecture d’intérieur et le mobilier ; Félix Roulin réalise le coq sur le clocher. L’ensemble du projet comporte en outre, un parvis, une chapelle de semaine, un presbytère et des jardins ».

Des matériaux contemporains sont utilisés, tels que le béton armé, l’aluminium doré (chassis), l’acier et le verre, qui confèrent à l’ensemble une apparence à la fois robuste et lumineuse. Le clocher est érigé en campanile. Séparé de l’église, il domine le village, abritant trois cloches dédiées à saint Isidore, saint Antoine et à la Vierge Marie de l’Assomp­tion. Un portique à colonnes, surmonté d’un toit en vague de béton le relie à l’église et se prolonge sur la façade protégeant les trois grandes portes vitrées permettant l’accès à l’église. Mais ce qui attire direc­tement l’oeil, ce sont les couleurs vives de la mosaïque de Maurice Rocher qui surmonte le portique. « Le rouge, le noir et le jaune attestent symboliquement d’une Belgique toujours bien vivante après la guerre, nous explique le chanoine. Un grand Christ en croix bénit chaque quidam entrant dans l’église. Il est entouré des quatre anges annonciateurs de l’apocalypse d’un côté. Tandis que de l’autre, trois figures veillent : saint Pierre, saint Paul et un évangéliste. Ils sont accompagnés par un saint Georges terrassant le dragon. Si l’église est dédiée à saint Georges, la paroisse, quant à elle, est confiée à la protection de saint Isidore, patron des agriculteurs qui bénéficie depuis le XVIIe siècle d’une forte dévotion dans le village « Saint Isidore prie et les boeufs tirent la charrue comme si des anges la guidaient ».

Nous suivons le chanoine à l’intérieur de l’édifice en empruntant une des grandes portes vitrées de la façade. L’impression est saisissante. L’ampleur de la nef est accentuée par l’élancement des colonnes qui soutiennent la voûte. En béton armé, elle se présente comme une coque de navire inversé. Un grand bénitier se trouve dans l’allée centrale en face de l’entrée puisque c’est notre baptême qui nous fait entrer dans l’Église. Le jubé d’une seule portée accueille un orgue du facteur belge Jos Stevens et Duffel provenant du pavillon du Saint-Siège de l’exposition universelle 1958 de Bruxelles. L’acoustique en est délicieuse comme nous le laisse percevoir le petit concert privé dont le chanoine nous gratifie…

L’intérieur de l’église recèle encore bien d’autres oeuvres d’art : les vitraux, réalisés en 1977 par Londot, illustrent des portées musicales colorées inspirées du chant de la résurrection, l’Alléluia. Ils comptent plus de 150 types de verre différents et reflètent une explosion de vie de couleurs et de mouvement ; partout dans l’église différentes statues ou réalisations en cuivre battu ont été dessinés par les artistes belges Zéfir Busine et Georges Boulmant : le Christ (dans le choeur), saint Georges et la Vierge Marie, ou encore, les fonts baptismaux, le chemin de croix ou le banc de communion.

Enfin le chanoine Barbieux nous montre encore deux autres particularités de cette église à nulle autre pareille. La chapelle de semaine est adossée à l’église dont elle est séparée par une grande baie vitrée, permettant d’apercevoir le choeur depuis la chapelle. Sa superficie plus restreinte permet de la chauffer plus aisément. Des « fonds de chaises » isolent le plafond et en assure l’acoustique. Tandis que le chauffage au sol la rend plus confortable. Une entrée séparée permet de s’y rendre facilement et de la laisser ouverte en permanence pour l’adoration.

Nous descendons encore dans le sous-sol de l’église. L’architecte y a réalisé, à une époque où les préoccupations sécuritaires sont encore bien présentes après la guerre, des fortifications – une sorte de bunker – permettant aux villageois de se protéger en cas de nouvelle attaque. Le chanoine Barbieux a astucieusement aménagé l’espace en dortoirs et kitchenette où les scouts se réjouissent de pouvoir passer leur hike… Les post-it de remerciement qui le décorent, témoignent de toutes les patrouilles qui ont eu la chance d’y séjourner !

Christine Gosselin


Que faire à proximité?

Juste à côté de l’église une jolie plaine de jeux vient d’être inaugurée à côté de la vieille Cense qui est aujourd’hui un centre culturel (avec une école internationale de lutherie de l’IMEP et son musée) où sont organisées régulièrement des réceptions, conférences et expositions. L’église ouverte de Waha se trouve à 5 minutes en voiture…Et si vous continuez vers Marche-en-Famenne, le Famenne & Art Museum, lieu de mémoire, d’émotion, de respect et d’éveil, situé dans une superbe maison classée du XVIIIe siècle, attend votre visite.

Notre reportage vidéo sur l’église

Christine Gosselin

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