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Auteur
Christine Gosselin Auteure
Date
27 janvier 2022
Catégories
Type
L’abbé Arthur Thommes, un homme d’harmonie
Les rues, les places, certains hauts lieux de notre diocèse restent marqués par les êtres qui les ont traversés, rénovés, habités… Certains plus connus, d’autres plus discrets… Au croisement de la rue Saint-Odile et de la rue des Roses, à quelques mètres de l’Harmonie Royale-l’Alliance de Sélange, se trouve la place abbé Arthur Thommes, un nom encore bien connu des habitants de ce petit village proche de la frontière luxembourgeoise. Mais qui était l’abbé Thommes ?
Arthur Thommes est né à Nothomb le 27 octobre 1881. Il entre au Séminaire à tout juste 19 ans et est ordonné prêtre à Namur le 10 août 1904. Mobilisé de 1914 à 1919, il prend part à la guerre comme brancardier, puis comme aumônier de l’armée d’occupation en Allemagne. À la fin de la guerre, il est nommé à Sélange. Il y restera jusqu’à la fin de la seconde guerre. À la demande de son évêque et malgré sa santé défaillante, il accepte d’intégrer la paroisse de Heinstert. Il y rendra encore de nombreux services du rant 4 ans, avant de prendre sa retraite définitive à Arlon. Il y décède le 24 janvier 1957 à l’âge de 75 ans.
C’est donc à Sélange qu’il a exercé le plus longuement son ministère. Vingt sept années où il a discrètement, mais durablement, marqué les esprits par son dévouement infatigable uni à sa grande discrétion. Le 29 janvier 1924, il y fonde une société de musique, l’Harmonie Royale, nommée « L’Alliance ». « L’abbé y enseigne le solfège aux jeunes gens ou prépare avec eux des pièces dramatiques », indique Koen Adams, actuel Président de l’Harmonie. Il a ainsi profondément marqué toute une génération qui en a transmis le souvenir à ses enfants comme s’en souvient Danielle Hirtz, fille de Georges Hirtz qui fut l’un de ses élèves. « Il a initié au chant d’Église des dizaines de paroissiens et il était rayonnant de joie après une belle exécution liturgique ». Il était actif dans tous les domaines où les intérêts religieux de ses paroissiens étaient engagés, toujours prêt à aider. C’est également ainsi qu’il conduisit le futur évêque auxiliaire de Namur, le jeune Jean-Baptiste Musty, qu’il aimait beaucoup, au séminaire de Bastogne pour y poursuivre son instruction.
« Au cours de son pastorat », témoigne encore Mme Hirtz, « il remet l’église à neuf, l’embellit d’une horloge et d’un superbe jeu d’orgues. Il éprouve un immense plaisir à préparer les offices liturgiques ainsi que les chants d’église, tant grégoriens que les cantiques, avec un soin tout particulier et l’aide de la chorale qu’il dirige. Selon les dires de certains villageois (dont mon père), il court, toujours pressé, de son presbytère à l’église et de celle-ci à la salle de musique, tôt le matin et tard le soir. Il y groupait tout le village, jeunes et vieux, musiciens et acteurs, et il a fait du bien à tous. Il avait le talent de joindre à la taquinerie qui fait rire, la remarque qui fait réfléchir… et il savait couper court du geste et de la parole à toutes les tentatives d’éloges, pourtant bien mérités… ».
Il est connu, tout comme son horloge toujours précisément à l’heure, pour être d’une grande ponctualité mais également d’une profonde humilité et d’une grande charité pour quiconque frappait à sa porte.
Seule la gratitude de tous ceux qui ont été soulagés par lui pourrait faire la somme de ses interventions généreuses, car dans
sa réserve, il n’en soufflait jamais mot. « Le bien ne fait pas de bruit », aimait-il à répéter…
Christine Gosselin