Rencontre avec Annie Van Lierde directrice de La Maison Heureuse « Dunes et Bruyères » (Ciney)

Au cœur de Ciney, la pouponnière Dunes et Bruyères offre un refuge aux tout-petits en situation de précarité. Dirigée par Annie Van Lierde, cette maison d’accueil spécialisée prend soin d’enfants de 0 à 6 ans lorsque leurs familles traversent des crises profondes (Intention de prière universelle de ce mois). Une mission, essentielle mais pourtant souvent méconnue qui continue l’histoire commencée par l’Œuvre Nationale des Colonies Scolaires Catholiques au Château de Serinchamps depuis 1949.

L’histoire de « Dunes et Bruyères » est intimement liée à celle du château de Serinchamps, où l’Œuvre Nationale des Colonies Scolaires Catholiques avait établi une colonie pour enfants défavorisés Dunes et Bruyères dès 1949. Une page Facebook des « Anciens du Château, racontent en de nombreux témoignages, tout ce que ce séjour au château leur a apporté et comment il a changé le cours de leur vie. Dans les années 80, cependant, faute de subsides, le Château avait dû fermer ses portes. Qu’étaient devenus les enfants qui ne pouvaient rentrer chez eux ?

Ils ont été accueillis par l’abbé Gerratz, prêtre du diocèse de Liège et fondateur de La Maison Heureuse dans les années 50. Asbl depuis 1984, La Maison Heureuse rassemble aujourd’hui un réseau d’une quinzaine de structures d’accueil dont la pouponnière Dunes et Bruyères de Ciney, que l’abbé Gerratz – qui ne savait pas dire non – a sauvé de la fermeture » relate l’abbé Klinkenberg, son successeur, président de l’asbl depuis le décès inopiné de l’abbé en 2001. « Il avait compris avant beaucoup que le temps des grands orphelinats était révolu et qu’il fallait offrir des structures plus petites. »

« Ces maisons sont maintenant subsidiées par la Région wallonne et les enfants ne sont plus « orphelins » explique Mme Van Lierde, directrice de la pouponnière Dunes et Bruyères. Nous accueillons aujourd’hui 17 enfants. Une petite structure par rapport au Château qui comptait 90 filles et autant de garçons dans ses dépendances ». Et les enfants d’aujourd’hui ont des parents ! En prison ou en difficulté. Mais ils ne sont pas morts.

Une mission de cœur

« Notre rôle est d’accompagner les enfants pour qu’ils puissent se reconstruire, tout en maintenant un lien avec leur famille », complète la directrice, qui œuvre dans la maison depuis 42 ans. En équipe, nous essayons de construire un foyer chaleureux, de travailler sur le respect de soi et des autres, une valeur qui ne va pas de soi, tant psychologiquement que physiquement, lorsque si petit on a déjà vécu tant de choses difficiles. Maltraitance, négligence vont souvent de pair avec troubles de l’attachement. On essaie de ‘stimuler’ les enfants, parfois négligés depuis leur naissance, pour qu’ils puissent récupérer des bases pour s’intégrer au mieux dans une société quelquefois bien clivante. On tente de faire en sorte que les enfants ne soient pas confrontés trop durement à la différence des milieux. Notre mission est de les accompagner, de les aider à grandir. « Nous veillons à ce qu’ils soient bien habillés et coiffés pour qu’on ne les stigmatise pas », insiste-t-elle. L’intégration est une priorité : activités au patro, goûters d’anniversaire ou encore sorties permettent de réduire le fossé entre leur réalité et celle des autres enfants. C’est toute une organisation. Mais c’est possible ! La priorité c’est le bien-être des enfants » !

Des moyens limités

En effet, bien que cet accueil soit théoriquement temporaire, les séjours s’allongent souvent : « Certains enfants restent avec nous plusieurs années faute de solutions durables. » Avec des moyens limités, l’équipe déploie, alors, des trésors d’ingéniosité. Entre les collectes de fonds locales et les dons du voisinage, elle s’efforce d’offrir un quotidien chaleureux. Mais les besoins restent criants : « Nous avons besoin de mobilier neuf, d’une plaine de jeux, un nouveau minibus 9 places et de renforcer notre équipe. Chaque soutien est précieux. »

Un engagement sans faille

Mme Van Lierde, malgré les défis, reste profondément investie « On y croit, cela a du sens. Bien-sûr, on voudrait faire plus. On voudrait que l’issue soit plus positive… mais on n’a pas de baguette magique. Il y a le bonheur de voir l’évolution de l’enfant du moment où il arrive jusqu’au moment où il part, la joie de voir un sourire s’épanouir sur un visage ou de recevoir un bisou, la douceur de sentir une petite main qui se glisse en confiance dans la sienne » … Autant de signes d’une espérance qui est bien vivante !

Christine Gosselin

Si vous souhaitez soutenir cette belle mission, vous pouvez faire un don à l’asbl Maison Heureuse, IBAN : BE27 0680 6346 2073, communication : « Ciney ».