Homélie de Mgr Warin du 11 mars sur le Notre Père

Retrouvez ici l’homélie prononcée par Mgr Warin pour ce 11 mars à la chapelle épiscopale Saint-Nicolas, où il a médité sur la prière à la lumière du Notre-Père, nous invitant à un abandon confiant à Dieu, à une prière fraternelle et à la simplicité du cœur.

La liturgie des cendres nous a indiqué trois voies à privilégier pour vivre le Carême : l’aumône centrée sur l’autre, la prière centrée sur l’Autre (avec un grand A) et le jeûne ou apprentissage du dépouillement, de la dépossession de ce qui nous possède.

L’évangile de ce mardi de la première semaine de Carême nous invite à nous arrêter à la deuxième voie, celle de la prière. Je pose au Notre-Père donné par Jésus la question : que devons-nous faire pour mieux prier ? Et je reçois les quatre réponses que voici.

1. Quand vous priez, dit Jésus, ne rabâchez pas. Le terme grec est battalogein, litt. dire batta. Batta est sans doute une formule magique destinée à faire fléchir la divinité. Quand vous priez, dit Jésus, ne dites pas batta, dites abba : papa, père bien-aimé. Quand vous priez, ne cherchez pas à arraisonner Dieu, au contraire abandonnez-vous à lui avec une confiance d’enfant. Ce qui blesse le plus Dieu, parce que ça l’empêche d’être ce qu’il est au plus profond de lui-même, à savoir Père, c’est notre manque de confiance.

2. Deuxième réponse que je reçois du Notre-Père si je vais vers lui avec la question : que devons-nous faire pour mieux prier ?

Le Notre-Père est une prière au pluriel d’un bout à l’autre. Dites – nous a enseigné Jésus – : Notre Père, et non : Mon Père. Dites : donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour, et non : donne-moi aujourd’hui mon pain de ce jour. La prière chrétienne inclut les autres, elle inclut les frères et les sœurs. Si nous voulons bien prier, prions pour les autres. L’amour du frère est le thermomètre de la vie chrétienne, mais aussi de la prière chrétienne.

3. Troisième réponse. Nous pouvons demander à Dieu. Il nous faut même tout lui demander. Le Notre-Père, qui n’est pas n’importe quelle prière, mais la prière du chrétien, est fait exclusivement de demandes.

Il nous faut demander à Dieu. Mais avant tout, les grandes choses : la sanctification du Nom, la venue du Règne, l’accomplissement de la volonté de Dieu sur la terre comme au ciel.

Cela ne veut pas dire que nous ne pouvons pas exposer à Dieu nos petites nécessités personnelles. Seulement elles ne doivent pas déterminer notre prière. C’est notre Père que nous prions. Il sait tout. Il sait, avant même qu’ils le lui demandent, ce dont ses enfants ont besoin.

4. Quatrième réponse. Jésus a donné à ses disciples une prière toute faite. Ne méprisons pas les prières toutes faites qui sont des prières précieuses quand nous sommes arides. Ne méprisons pas les prières toutes faites qui sont des prières de pauvres. Des prières comme Dieu aime.

+ Pierre Warin,
évêque de Namur

Evêché de Namur,
mardi de la première semaine de Carême,
11 mars 2025