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Auteur
Diocèse de Namur Rédacteur
Date
6 septembre 2023
Catégories
Communauté
Sanctuaire de Beauraing
Type
À la Maison de l’Accueil à Beauraing : la communauté des Sœurs de la Doctrine Chrétienne passe la main…
La communauté des Sœurs de la Doctrine Chrétienne déménage en ce mois de septembre. Une messe d’au-revoir aux Sœurs aura lieu à Beauraing (Sanctuaire) le 8 octobre à 15h45. Vous y êtes tous conviés !
La Congrégation compte 134 années de présence apostolique à Beauraing. En 1932, les sœurs de l’école étaient en première ligne, lors des apparitions de la Vierge Marie à cinq enfants de la localité. Et depuis, la communauté a œuvré au service des pèlerins.
En cette année 2023, la Congrégation a décidé de passer la main… Non sans un serrement de cœur ! La propriété – Maison de l’Accueil, Maison de Béthanie et le Jardin de l’Aubépine ! – a été transférée à l’ASBL Pro Maria.
Un brin d’histoire
En 1889, les Sœurs de la Doctrine Chrétienne arrivent à Beauraing
A Beauraing, l’école tenue par les Filles de Marie de Pesche, depuis 1855, se trouve sans ressources. La duchesse d’Ossuna ne peut plus aider l’école libre, les Sœurs se voient contraintes de quitter.
Le doyen Guillaume, ardent défenseur de l’enseignement catholique, fait alors appel aux Sœurs de la Doctrine Chrétienne de Nancy dont il a apprécié la pédagogie dans son ancienne paroisse de Chatillon. Il leur propose de tenir l’école et… un pensionnat. La congrégation accepte : cinq religieuses arrivent à Beauraing et sont hébergées, rue de la Genette, où se tient l’école libre. Sans doute mal estimée au départ, la charge financière va plonger la communauté dans une réelle pauvreté. Malgré tout, elles tiendront jusqu’au bout. Et l’école pourra prospérer.
En 1894, le transfert de l’école des Sœurs dans le bâtiment actuel, y compris le jardin !
Nous sommes en 1894. A l’extrémité de la ville, un collège de garçons vient d’être dissous. Le doyen Guillaume, qui en est le propriétaire (Il avait eu l’initiative de ce collège) le met à la disposition des religieuses, moyennant un loyer annuel de 2000 frs. En 1898, la Congrégation acquiert la propriété qui abritera le : « Pensionnat Notre-Dame du Sacré-Cœur » jusqu’en 1953. La petite école des débuts évoluera jusqu’à devenir un important établissement scolaire. Le bâtiment primitif sera agrandi : une aile sur la droite en 1898, à gauche en 1920 et à l’extrémité gauche, en 1932.
On ne peut passer sous silence combien Marie était présente et honorée en ces lieux. Notre-Dame du Sacré-Cœur a été choisie comme patronne de l’Institution. Le jardin a été progressivement enrichi de haltes pieuses, en particulier une grotte de Notre-Dame de Lourdes dont il sera beaucoup question lors des apparitions.
Qui sont ces religieuses « Sœurs de la Doctrine Chrétienne » ? La Congrégation est née d’un mouvement d’Eglise, en fin du 17e siècle, en France, dans le Toulois : le souci de donner aux enfants et particulièrement aux filles une instruction et une éducation chrétienne. C’est ainsi que, Jean-Baptiste Vatelot, jeune prêtre attaché au service de la Cathédrale est nommé écolâtre du diocèse avec la mission de créer des écoles en milieu rural. La première école s’ouvrira à Bruley dans la maison natale du fondateur. Elle sera tenue par ses sœurs. Préoccupé de la préparation spirituelle et pédagogique des Sœurs, le chanoine Vatelot créera ensuite à Toul une mère-école, sorte d’école normale doublée d’un noviciat. On peut dire que Jean-Baptiste Vatelot est le fondateur de la Congrégation. Ce qui est d’abord la « Pieuse Association » des « Sœurs Maîtresses d’Ecoles », dites « Vatelottes » a bien grandi et prendra le nom de Sœurs de la Doctrine Chrétienne. Elle est reconnue Congrégation diocésaine au 19e siècle et obtiendra en 1929 le statut de Congrégation de droit Pontifical. La maison mère s’est installée à Nancy. Au cours du 19e siècle, l’Institut connaît une expansion considérable, en nombre mais aussi un élargissement du champ apostolique qui passe les frontières : la Belgique à Virton, en 1833 (il y aura, dans le sud du pays plus de 230 fondations) – puis, le Luxembourg, l’Algérie. La mission en terre lointaine a marqué la seconde moitié du 20e siècle ; en Afrique (RDC, Côte d’Ivoire), en Corée du Sud, au Chili, en Roumanie, au Cambodge… Le charisme ? Les Sœurs de la Doctrine Chrétienne sont d’abord des consacrées. Et dans leur mission, elles se veulent éducatrices toujours et en tout, au service de la Vie, à la suite de Jésus Maître et Serviteur. Elles ne sont pas que des enseignantes : l’école est, certes, un lieu de vie privilégié. Elles répondent « présentes » partout où la vie peut grandir : dans le social, les soins de santé, le service paroissial… |
En 1932, l’évènement : les apparitions de Marie dans le jardin
Les apparitions de la Vierge Marie à cinq enfants de Beauraing, dans le jardin de l’école, vont bouleverser la vie de la communauté. Tenues à l’écart par prudence mais gagnées assez vite par une intuition de la grâce inouïe qui leur est faite, les religieuses vont assumer avec reconnaissance les changements imposés par la visite de Marie, chez elles !
Bien avant la reconnaissance officielle du culte, il a fallu céder une partie du jardin où le nombre de pèlerins était impressionnant, des locaux étaient envahis… Bref, la coexistence d’une école et d’un lieu de pèlerinage ne pouvait durer. La congrégation décide alors de construire un établissement scolaire à proximité, rue de Biran, aujourd’hui l’Institut Notre-Dame du Sacré Cœur.
Le transfert des classes a débuté en 1953. Des Sœurs détachées pour la nouvelle communauté, ont dû quitter le lieu des apparitions ! En cette même année a eu lieu le premier pèlerinage de la Congrégation auquel participaient environ 500 religieuses.
L’ancien pensionnat devient la Maison d’Accueil des pèlerins et Hospitalité pour les malades, tenue jusqu’à ce jour par les Sœurs de la Doctrine Chrétienne et agrandie encore pour un meilleur accueil. Combien de religieuses y ont servi ! Certaines sont venues du Luxembourg, d’Afrique, du Chili, de Corée… attirées par Notre-Dame « de chez nous ».
Je passe la plume à Sr Bénédicte pour décrire ce beau service.
Nous sommes des pèlerins sur la terre…
Hôtes de passage
Nous le sommes, nous les quatre sœurs de la Maison de l’Accueil qui, à la suite de tant d’autres religieuses de la Doctrine Chrétienne, avons accueilli des centaines, des milliers de personnes dans notre Maison, tous hôtes de passage pour une journée, une semaine…, en quête de silence, de prière, de sens, de paix, de fraternité. Un autre lieu, une autre mission nous attendent, appel aujourd’hui comme hier, au service de la Vie.
Pendant toutes les années de notre présence – 15 ans pour Sr Miriam, 12 ans pour Sr Germaine, 5 ans pour Sr Marie-Ghislaine, 10 ans pour moi-même – nous avons œuvré pour créer un climat de prière et d’écoute, un climat d’accueil et de service, un climat de fraternité et de partage, vie inspirée par notre charisme qui s’exprime par une « vie ancrée en Dieu et proche des hommes », par la visée éducative qui caractérise notre vie religieuse apostolique, par la vie spirituelle marquée par la contemplation de Jésus, Maître et Serviteur, lavant les pieds à ses disciples. Nous, Sœurs de la Doctrine Chrétienne, nous voulons vivre un ministère de compassion : accompagner la vie, semer l’espérance, inviter à oser de nouveaux chemins de vie au temps d’épreuve, de recherche, d’errance ou de déroute.
De nouveaux chemins de Vie
De nouveaux chemins de vie s’ouvrent pour chacune de nous aussi, et là où nous sommes envoyées en mission, nous essayons de favoriser l’esprit de famille et de communion, unies à toutes nos sœurs des quatre continents. « Eveilleurs de vie », nous continuerons à l’être en tissant des liens nouveaux, cultivant le dialogue et l’enrichissement réciproque: chacun a toujours quelque chose à donner et à recevoir.
Action de grâce… dans la paix
Partir, c’est mourir un peu…La paix véritable, c’est la peine transformée, une potion amère changée en vin de noces, une épreuve traversée, dont on sort transfiguré(e).
Quelle grâce de vivre en ce lieu où Marie a visité la terre, où un soir en 1932 elle était chez elle dans notre jardin et y demeure jusqu’aujourd’hui. Quelle joie de voir s’approcher les pèlerins de l’Aubépine, où Marie au Cœur d’or les accueille, les console, les oriente vers son Fils !
Tout au long de mon séjour à Beauraing, un nouvel élan d’amour pour l’Eglise m’a habitée, notamment pour celle du diocèse où j’ai vécu. Les nombreux rassemblements et réunions qui se font à la Maison de l’Accueil m’ont permis de capter l’esprit généreux d’engagement, de dévouement, de ferveur de beaucoup de personnes au service de l’Eglise.
Je remercie le Seigneur et Notre Dame pour la force de vie au temps des bouleversements par la pandémie. Nos prières communautaires sont devenues des célébrations de partage de vie, d’offrande et d’espérance. Merci à nos prêtres pour leur esprit inventif el l’organisation exemplaire des célébrations et de leur présence au temps de l’épreuve. Après la tornade, une autre épreuve ! nous avons vécu le relèvement dans l’attitude de confiance et d’espérance, unies à tous ceux qui ont traversé cette épreuve et qui se sont souvent sentis éprouvés au-delà de leurs forces.
Tout au long de mon séjour à Beauraing, j’ai apprécié le travail du personnel et des bénévoles amis de la Maison, pour leur souci du bien commun, leur exemple de gentillesse, d’attention, de prévenance, d’aide efficace et précieuse.
Je remercie le Seigneur pour les années où j’ai pu faire partie du vicariat de la Vie consacrée, portant dans mon cœur l’appel du Pape François : « C’est votre vie qui doit parler, une vie de laquelle transparaît la joie et la beauté de vivre l’Evangile et de suivre le Christ ». Nos réunions ont été des chantiers de réflexion et de partage, des tremplins d’espérance. (Merci à Sr Marie- Françoise Assoignon et au chanoine Jallet ! )
Un grand merci à l’équipe pastorale du Sanctuaire qui a été pour moi un lieu de grande fraternité, de ressourcement spirituel, de communion. Ce vécu continuera comme une semence de Vie dans mon cœur. J’y ai pu grandir en sagesse, en bonté, en miséricorde.
Nous avons semé, arrosé, Dieu donnera la croissance et assurera l’Avenir
Un de nos textes sur la spiritualité de la Congrégation l’exprime très bien : « Beauraing pour nous, Sœurs de la Doctrine Chrétienne, est un lieu privilégié pour annoncer la Parole, accompagner la Vie”. Il en sera de même pour les Sœurs qui nous suivent : une grâce accordée à leur Congrégation.
Et encore : « Dans les lieux de pèlerinage, on retrouve l’atmosphère de l’Evangile. (…) Le pèlerin vit quelque chose de la Jérusalem nouvelle, une anticipation du Royaume de Dieu. La théologie des apparitions souligne le caractère eschatologique des lieux de pèlerinage. C’est une anticipation de la Jérusalem céleste ».
Pour ceux qui servent le Sanctuaire, c’est un chantier de fraternité, de bienveillance, d’amour et de communion, jour après jour.
Merci, Marie, de m’avoir appelée à Beauraing, de m’avoir attirée en ton Cœur d’Or, de m’avoir invitée et formée à ton école des « servantes des miséricordes du Père » !
Sr Bénédicte Fiedler R.D.C.
D’autres communautés de Sœurs de la Doctrine Chrétienne ont servi à Beauraing
A plusieurs reprises, des sœurs de la Doctrine Chrétienne seront appelées au Castel, principalement au service des groupes en retraite, mais leur séjour sera chaque fois d’assez courte durée.
La Maison de Béthanie (de 1974 à 2007) : Mgr Charue nourrissait le désir d’avoir une communauté d’adoratrices à Beauraing. Les monastères de contemplatives ne pouvant y répondre, il s’est tourné vers la Doctrine. La Congrégation ne pourrait-elle trouver, dans son sein, quelques Sœurs qui désireraient une vie priante, plus contemplative, en devenant « adoratrices du St Sacrement » dans le sanctuaire marial de Beauraing ? Le premier mai 1972, l’Adoration du St-Sacrement était définitivement et publiquement ouverte. Pour accueillir cette communauté, la congrégation a construit la Maison de Béthanie qui pouvait aussi accueillir des personnes en séjour priant.
A Beauraing, les Sœurs de la Doctrine chrétiennes (en particulier les Sœurs de Béthanie) ont été aussi très actives dans bien d’autres services : l’accueil des pèlerins au point I et au Musée marial, la décoration florale, la chorale, la Voix de Beauraing, le Conseil pastoral, la catéchèse paroissiale, les visiteurs de malades…
Depuis 2007, la maison de Béthanie était annexée à la Maison de l’Accueil.
A Beauraing, une petite communauté est toujours là, dans l’Ecole. Et l’Institut Notre-Dame du Sacré-Cœur, fait partie du Réseau des écoles de la Doctrine Chrétienne qui regroupe 6 écoles (1 en Belgique, 2 au Luxembourg et 3 en France). Un projet éducatif commun veille à transmettre, traduites pour aujourd’hui, les valeurs éducatives, précieux héritage de la Congrégation.
Sr Albert-Marie Burnet R.D.C.