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Auteur

Christine Gosselin Auteure

Date

2 décembre 2025

Catégories

Pastorale Interculturelle et des Migrants

Type

Actualités diocésaines
Formations

« Ayez confiance et sortez du presbytère ! »

À Beauraing, une session fraternelle pour accompagner les acteurs pastoraux primo-arrivants

Accueillis au sein des diocèses francophones de Belgique, des acteurs pastoraux “primo-arrivants” – prêtres, diacres, religieux et laïcs venus d’Afrique, d’Amérique, d’Asie et d’Europe – ont partagé trois jours de formation, de rencontres et d’échanges à Beauraing du dimanche 16 au mardi 18 novembre. L’objectif ? Mieux comprendre la réalité ecclésiale et culturelle belge. Parmi les visages familiers de cette session, l’abbé Anastas Sabwé, curé d’Yvoir, prêtre du diocèse de Namur et membre de la petite équipe d’accompagnement diocésaine, était fidèle au poste, avec ce mélange de simplicité, d’humour et de bienveillance qui le caractérise.

Faire Église dans la diversité

« Un primo-arrivant, rappelle-t-il, c’est une personne étrangère qui s’installe pour la première fois dans un pays de manière légale ». Cette année, les participants venaient notamment de République démocratique du Congo, du Sénégal, de Côte d’Ivoire, du Bénin, Du Burkina Fasso, du Togo, du Cameroun, du Burundi, de Centrafrique, mais aussi d’Haïti, du Nicaragua, de l’Inde, du Vietnam, de la Pologne ou encore de Roumanie. Une diversité qui fait la richesse de ces journées et nourrit une Église en chemin. Pour cette édition, l’organisation de cette session proposée tous les deux ans, avait été confiée au diocèse de Liège. « Ces journées permettent de renforcer la communion fraternelle grâce à la prière, au partage et à la convivialité, et de construire une Église riche de ses différences, en marche vers une synodalité vécue », explique l’abbé Anastas Sabwé. Avec le chanoine Rochette, Sœur Marie-Françoise Assoignon et Isabelle Maissin, ils font partie de la petite équipe du diocèse qui encadre ces journées.

« Ces journées permettent de renforcer la communion fraternelle grâce à la prière, au partage et à la convivialité, et de construire une Église riche de ses différences, en marche vers une synodalité vécue »

abbé Anastas Sabwé

Un choc… et beaucoup d’humanité

Dès le dimanche soir, une ambiance chaleureuse s’est installée. Le diacre bruxellois Luc Arens a même proposé un jeu pour découvrir le lieu d’origine de chacun. « Une bonne centaine de personnes, avec les vicaires généraux et les équipes, dans une joyeuse diversité », se souvient Anastas, le regard pétillant.

Le lundi, la parole a été donnée à des confrères prêtres africains et latino-américains présents en Belgique depuis plus de cinq ans. Ils ont partagé leurs expériences, parfois déroutantes, souvent enrichissantes. « Il y a un choc culturel quand on arrive, explique le curé d’Yvoir. Un froid au niveau du climat, bien sûr, mais aussi dans la relation. Chez nous, les églises sont pleines et le prêtre a une certaine autorité. Ici, c’est très différent ! Parfois, les confrères prêtres arrivent dans un presbytère pratiquement vide… sans drap, sans assiette, sans matelas ! ». Et d’ajouter ce dont nombre de confrères reconnaissants ont témoigné : « Souvent et heureusement, ce sont les paroissiens qui viennent avec une couverture, une casserole, un sourire… et leur font retrouver un peu de chaleur ». Suite à tout ce qui précède, les confrères qui arrivent demande s’il peut y avoir une instance au niveau du diocèse pour accueillir, accompagner, informer et former dès leur arrivée en Belgique.

Comprendre la Belgique pour mieux y servir

Au fil des interventions, les participants ont découvert la réalité spécifique du christianisme en Belgique : son histoire récente, le cadre institutionnel marqué par le concordat napoléonien, le rôle des fabriques d’église et la complexité d’un pays de compromis. « Ce pays demande aussi un compromis dans la pastorale, note l’abbé Anastas, mais même s’il est très sécularisé, la Vierge n’a pas eu peur de le visiter à Beauraing ! » ajoute-t-il malicieusement. Et pour parfaire l’inculturation, une dégustation de bières issues des abbayes du diocèse de Namur a clos la journée. « On ne peut pas s’inculturer sans connaître les bières du diocèse ! » plaisante-t-il encore « Il y a des compromis qui ont du bon ! »

Des réalités parfois difficiles à accueillir

Le mardi, après l’intervention du théologien Arnaud Join-Lambert sur le catholicisme belge contemporain, les participants ont été confrontés à des sujets plus douloureux : la crise des abus sexuels et de pouvoir, la démission de l’évêque de Bruges, ou encore la période Covid, où le culte était considéré comme “non essentiel”.

« Certains confrères ont été choqués, confie Anastas. L’un d’eux m’a dit : ‘On vient d’arriver et on est déjà considérés comme des potentiels pédophiles’. Il fallait en parler franchement… »

D’où l’importance, largement soulignée, d’une formation préalable à l’envoi en mission, tant sur le plan pastoral que pratique : assurances, mutuelle, permis de conduire, impôts, mais aussi codes relationnels et habitudes liturgiques locales.

« Ne vous enfermez pas ! »

Arrivé en Belgique il y a plus de 20 ans, après des formations religieuse et missionnaire en Italie et en Israël chez les petits frères de Charles de Foucauld, Anastas Sabwé reste un repère pour de nombreux confrères. « On est formé dans une Église particulière, avec son histoire et ses repères. Ici, tout est différent. Alors je leur dis toujours : ayez confiance en vous et envers les communautés qui vous accueillent. Faites équipe, posez des questions, sortez ! Ne vous enfermez pas dans votre presbytère. »

« 80 % des prêtres de notre diocèse sont primo-arrivants, rappelle-t-il. Ce n’est pas rien ! C’est à nous, curés et doyens, de bien les accueillir et de les orienter vers une équipe qui puisse les entourer. »

abbé Anastas Sabwé

L’abbé accompagne, conseille, rassure. Les appels ne manquent pas, pour des questions de pastorale… mais aussi très concrètes : déclaration d’impôt, assurance maladie… gestion d’un logement presbytéral.

Regardons attentivement la procession d’entrée aux messes Chrismales, « 80 % des prêtres de notre diocèse sont primo-arrivants, rappelle-t-il. Ce n’est pas rien ! C’est à nous, curés et doyens, de bien les accueillir et de les orienter vers une équipe qui puisse les entourer. »

Marcher ensemble

Au cœur de ces journées, la synodalité a été largement évoquée comme une manière d’être et de travailler ensemble : écoute, coresponsabilité, collaboration entre ministres ordonnés et laïcs.

Des temps d’échange en petits groupes ont permis aux participants d’exprimer leurs étonnements, leurs difficultés, leurs joies et leurs espérances. Il y a du travail…

Et Anastas de conclure : « L’intégration, ce n’est pas une performance. C’est un chemin. Un chemin patient, humble, mais joyeux. Et quand on marche ensemble, même sous la pluie belge, on finit toujours par trouver le soleil ! »

Christine Gosselin

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