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Auteur

Christine Gosselin Auteure

Date

27 novembre 2023

Catégories

Type

Actualités diocésaines

Construire ensemble en équipe

On parle beaucoup de synodalité, de faire route ensemble ; Communion, Participation, Mission sont à l’ordre du jour. Les formations foisonnent sur ces questions, en Église, et plus largement dans notre société marquée par l’individualisme, l’essor du numérique et du télétravail… Il y a un questionnement, une recherche et une remise en question des pratiques… et c’est très bien ! Mais à côté
de cela, dans l’urgence du quotidien, est-il encore possible d’oser s’asseoir ensemble pour, avec bienveillance et honnêteté, regarder en face les difficultés inhérentes à ce défi constant ? En tant que chrétien et au service de la pastorale, n’y est-on pas encore davantage convié ?

Il était une fois quatre personnes qui s’appelaient « tout le monde », « chacun », « quelqu’un », « personne ». Il y avait un travail important à faire et on a demandé à « tout le monde » de le faire. Or « tout le monde » était persuadé que « quelqu’un » le ferait. « Chacun » pouvait l’avoir fait, mais en fin de compte, ce fut « personne » qui le fit. « Quelqu’un » se fâcha parce que c’était le travail de « tout le monde ». « Tout le monde » fit des reproches à « chacun » parce que « personne » n’avait fait ce que « quelqu’un » aurait pu faire.

Ce petit conte – dont je n’ai pu retrouver l’origine – prête à sourire et pourtant, nombre d’entre nous, y reconnaitront peut-être une expérience vécue. Travailler en groupe ou en équipe est toujours un défi ! Cela se construit et il ne faut pas avoir peur d’y consacrer du temps, de l’énergie, de la volonté rappelle Pierre Cauvin. (CAUVIN Pierre, La cohésion des équipes, ESF Editions, 1997, p 9.)  
Et en la matière, on peut dire que l’Église du Nouveau Testament est une pionnière. Plus de 2000 ans de pratique ! C’est en effet, ensemble, que Jésus a envoyé les apôtres (Mc 3, 13-39). Ils travaillaient presque exclusivement en équipe et l’autorité dans l’Église était répartie entre plusieurs, collégialement. Les exemples sont légion (voir par exemple Ac 11.30 ; 15.2, 4, 6, 22 ; 20.17-38; Lc 22,24-27.)


De même dans ses épitres, Paul apparait souvent entouré de compagnons : son ministère n’est pas solitaire mais un travail en collaboration. Plus globalement, la notion de travail en équipe peut s’appuyer sur la participation de tous les croyants au ministère de l’Église. L’image du corps, dans 1 Co 12, suggère un fonctionnement global coordonné, auquel chacun participe. Le principe parait en effet bien simple : on est bien plus efficace à plusieurs car on peut utiliser les forces de chacun pour ensuite les combiner et avoir beaucoup plus d’impact pour accomplir l’œuvre de Dieu.

« La pierre n’a point d’espoir d’être autre chose qu’une pierre. Mais, de collaborer, elle s’assemble et devient temple.»

Antoine de Saint-Exupéry (Citadelle)


Mais là encore peut-être convient-il, à la suite de Jacobson et Monello (JACOBSON Victor, MONELLO Pihilippe, le travail social en équipe : la collaboration entre travailleurs sociaux de formation différente, Prival, 1970, pp 12-14.) de distinguer ce qui est propre à un travail en équipe, de ce qui relève d’un travail de groupe.
Si les deux notions semblent comparables, elles se distinguent en effet en matière de prise de décision et de collaboration.
Le groupe de travail désigne plusieurs personnes réunies qui coordonnent leurs activités. Les membres sont indépendants les uns des autres et leur responsabilité est individualisée. L’équipe, quant à elle, réunit un groupe de personnes qui travaillent ensemble dans le but d’accomplir une mission ou un objectif commun. La nuance est importante car la responsabilité est, dès lors, partagée et les membres travaillent en étroite collaboration pour résoudre les problèmes rencontrés et comptent les uns sur les autres pour obtenir le résultat voulu.

« L’équipe est le lieu où se développent les solidarités, où se renforcent les actions de chacun par le jeu des échanges, où s’unifie l’activité, où se crée un esprit commun. Une équipe est une force en mouvement, vivante et dynamique».

CAUVIN Pierre, La cohésion des équipes, ESF Editions, 1997, p 9.


Quels facilitateurs, quels obstacles au travail en équipe ?


Une « flexibilité » est indispensable au fonctionnement de subjectivités con-courantes vers un même objectif. Parce que, surtout en pastorale, « faire chemin ensemble » est peut-être aussi important qu’atteindre le but…

Roger Mucchielli, agrégé en philosophie et neuropsychiatre définit dans son livre « Le travail en équipe » (MUCCHIELLI Roger, Le travail en équipe. Clés pour une meilleure efficacité collective, ESF, 2019, pp 58-59), les conditions de ce travail :

Une communication interpersonnelle omniprésente : efficace, positive, honnête, respectueuse, précise, concise.  
L’écoute et la coopération (l’expression possible des désaccords et des tensions, l’entraide en cas de difficulté d’un des membres ; la volonté de suppléance d’un membre défaillant, la connaissance a priori des aptitudes, réactions, initiatives de tous les autres par chacun…).
La valorisation de chacun dans ses missions (division du travail après élaboration en commun d’objectifs, responsabilisation, importance de chacun dans l’équipe).
La recherche de consensus pour la prise de décision.
La résolution de problèmes par des solutions plutôt que par l’inaction ou l’accusation. Ainsi, une équipe où « règne un environnement de confiance et de clarté d’objectifs, avec une vision à laquelle les membres peuvent s’identifier, permet à un grand nombre de personnes de travailler ensemble vers un objectif commun, de libérer leur créativité et de s’épanouir». (KARAKI Samah, le travail en équipe, Dunod 2021.)A contrario, l’absence de confiance, la peur des conflits, le manque d’engagement, l’évitement des responsabilités et le manque d’intérêt des résultats compliquent le travail en équipe.

Et nous, dans nos équipes, où en sommes-nous ?


Travaillons-nous en groupe ou en équipe ?

Qu’est-il fondamental de développer, d’améliorer pour l’accomplissement d’une vie d’équipe ?

Quels sont les comportements, les pratiques, les omissions… qui peuvent nuire au travail de l’équipe et à la réalisation de ses objectifs ? Sait-on éviter les prérogatives, les « prés-carrés », la compartimentation, lorsque la situation est nécessaire ?

Qu’est-ce qui peut rendre notre démarche et notre regard ouverts ?
Être chrétien, au quotidien, quelle signification ?


Christine Gosselin

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