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Auteur
Christine Bolinne Auteure
Date
28 septembre 2024
Catégories
Vatican
Type
Déjà en 1985, une visite du pape était un marathon pour les journalistes !
Pour les journalistes, une visite du pape fait bien évidemment partie des événements incontournables. Depuis plusieurs jours, dans les rédactions, c’est la mobilisation générale. Jean-François Pacco, aujourd’hui à la retraite, était jeune journaliste au journal Vers l’Avenir lors de la visite du pape Jean-Paul II. Eve D’Hulst faisait, elle, partie de la rédaction de la Meuse. Tous deux étaient à Beauraing. Ils livrent leurs souvenirs.
Le 18 mai 1985, un samedi quasi estival. A Beauraing comme quelques heures plus tard à Namur, c’est l’effervescence.
Le pape Jean-Paul II ira prier au Jardin des apparitions devant Notre-Dame de Beauraing au Cœur d’Or. La photo fera le tour du monde. Quelques personnes sont présentes pour ce moment de prière dont les voyants. La foule est, elle, massée dans une prairie. Un espace devenu, aujourd’hui, zone commerciale. Ils sont des dizaines de milliers arrivés très tôt non seulement pour braver les embouteillages, trouver une place pour se garer et être bien placés pour assister à la messe. Parmi eux des journalistes. « Lorsque j’ai vu approcher la papamobile, j’ai vraiment été surprise. Le pape n’était protégé par rien, même pas une vitre. Il est passé à deux mètres de moi. Et j’ai applaudi. D’habitude, les journalistes sont réservés. Ici, c’était différent, nous étions portés par la ferveur. » Eve D’Hulst, journaliste à la Meuse n’hésite pas à dire que cette visite du pape en Belgique, en 1985, est un des grands souvenirs de sa carrière professionnelle. Quasi quarante ans plus tard, elle n’a pas oublié la stature du pape : « Il est passé tellement près que j’ai pu voir ses rides. C’était vraiment un bel homme, costaud. On devinait, dans son allure, le sportif. »
Photos Vers l’Avenir.
Jean-François Pacco couvre lui la messe pour le journal L’Avenir. « Il était impossible de se déplacer d’un lieu à l’autre pour suivre le pape. Il n’y avait donc pas d’autre solution que de multiplier les équipes. Je me suis retrouvé pas loin du podium mais tellement mal placé que je ne voyais rien. Les photographes étaient un peu mieux installés. Lors de cette première visite en Belgique tout le monde gardait, en tête, le souvenir de la tentative d’assassinat place Saint-Pierre. La sécurité ne pouvait ignorer que la menace d’attentat restait bien réelle. » Jean-François Pacco de poursuivre : « Le pape Jean-Paul II était alors très populaire. Il avait surtout au niveau des jeunes l’image d’un pape très dynamique, proche d’eux. » Il y avait aussi un réel courant de sympathie de l’Europe libre envers ce pape polonais qui s’opposait à l’idéologie communiste. « Même si, dans ses propos, il était conservateur, on le voyait comme un novateur. Nous étions aussi dans un contexte géopolitique particulier : c’était le premier pape qui n’était pas italien. »
Photos Vers l’Avenir.
Des souvenirs particuliers de cette célébration ? « Nous avions reçu le texte de son homélie. Et comme Jean-Paul II ne parlait pas très bien le français, il lisait son texte… » Jean-François Pacco retient encore de ce jour de mai, des personnalités présentes qui, parfois, n’hésiteront pas à jouer des coudes pour figurer sur la photo, près du pape !
Dans les années 80, les photographes ne travaillaient pas encore en numérique mais bien avec des films qu’il fallait développer. « Nous avions prévu un motard qui faisait la navette entre les différents lieux pour éviter au maximum les embouteillages. Je ne pense pas que nous avons sorti un journal le dimanche mais dans celui de lundi, il y avait un supplément. » Et bien sûr l’article sur la messe de Beauraing. Des journalistes satisfaits du moment vécu. Jean-François Pacco : « Pour moi, ce n’est pas le moment le plus marquant de ma carrière mais cela restera un événement excitant. »
Christine Bolinne