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Auteur
Christine Bolinne Auteure
Date
4 octobre 2023
Catégories
Paroisse
Sacrements
Spiritualité
Type
D’Hilversum à La Roche, du protestantisme au catholicisme : itinéraire d’une A.P.
Hadeweij Dijkman de Quaasteniet affiche un large sourire. Une jeune femme tout simplement rayonnante née dans une famille protestante et qui, aujourd’hui, a rejoint l’église catholique. Hadeweij est assistante paroissiale à La Roche où elle s’occupe plus spécialement du tourisme et du patrimoine. Elle accueille des visiteurs des environs, de la région et de bien plus loin encore. Elle les aide aussi à prier la bible. Multilingue, elle vous saluera en anglais et bien sûr en néerlandais. Sans oublier le français qu’elle parle avec ce joli accent qui trahit ses origines : Hadeweij est originaire d’Hilversum aux Pays-Bas.
« J’étais allée jouer les touristes dans ma région natale. » lance Hadeweij Dijkman de Quaasteniet. Après quelques jours de vacances aux Pays-Bas, elle est de retour dans la région de La Roche. Un coin du diocèse qu’elle affectionne tout spécialement. Idéal encore pour les randonnées qu’elle apprécie également. Hadeweij vit avec son mari et Jean-Christophe, leur fils de 5 ans, à Warizy. « C’est un tout petit village d’une centaine d’habitants. Il n’y a pas de magasin et l’église est mise à disposition des Orthodoxes roumains. »
Hadeweij Dijkman de Quaasteniet a étudié l’histoire et l’histoire de l’art avant de devenir assistante paroissiale. Elle est très investie à La Roche où elle s’occupe de tout ce qui se rapporte au tourisme et au patrimoine en particulier. Elle connait les moindres recoins de l’église Saint-Nicolas située en plein cœur de cette ville touristique des bords de l’Ourthe. Il y a deux ans, en juillet, lorsque l’Ourthe gonflée par les fortes pluies a tout ravagé sur son passage, l’église a été touchée. Aidée par des bénévoles, elle était là pour racler l’eau, ôter la boue… Ces inondations ne sont, heureusement, plus qu’un mauvais souvenir.
Une communauté accueillante
La priorité de l’équipe qui anime le lieu : une communauté accueillante dans une église qui le soit tout autant ! La porte de l’édifice est ainsi ouverte tout au long de l’année : chacun doit sentir qu’il y est le bienvenu. Les touristes du nord du pays comme des Pays-Bas sont très nombreux à La Roche comme dans les environs. Pour Hadeweij la barrière de la langue ne doit pas être un obstacle. Ainsi, le dimanche, avec Benedikte, néerlandophone elle aussi, le mot d’accueil qui marque l’ouverture de la messe se fait dans les deux langues. Une des lectures est aussi en néerlandais. Dans le bulletin paroissial, des informations utiles sont publiées dans les deux langues. Hadeweij y est très vigilante !
Durant les mois d’été, plusieurs fois par semaine, elle anime, à 11h, « Quinze minutes pour Dieu » avec la lecture de l’évangile du jour, de psaumes et des intentions de prière. Hadeweij : « Durant cet été, chaque jour des personnes – et pas que des habitants de La Roche – venaient nous retrouver pour ce moment de prière. »
Une église et c’est encore là la volonté de l’assistante paroissiale et de son équipe qui est donc ouverte mais aussi fleurie avec, en dehors des célébrations, la diffusion de musique. Une aide à la prière bien sûr mais aussi à la réflexion, à une reconnexion avec l’Essentiel.
Les enfants ne sont pas oubliés. Ils ont à leur disposition une table, des feuilles et des crayons de couleurs. Reste à s’installer et à colorier. Pendant ce temps, les parents peuvent visiter l’église. Une visite qui se veut dynamique avec, juste quelques statues mises en évidence et les explications qui accompagnent. Hadeweij : « Une église est avant tout un lieu de prière, pas un musée. »
On l’aura compris, la jeune femme est très active à La Roche étant aussi impliquée dans l’organisation de la semaine de l’Unité des Chrétiens qui se déroule en janvier, comme dans la préparation au baptême.
Des débuts compliqués
Lorsqu’elle rencontre son mari, Hollandais lui aussi, elle se rend très vite compte que celui-ci est également amoureux… des Ardennes belges. Son rêve secret : y acheter une résidence secondaire. Pour Hadeweij, il n’en est pas question. Elle imagine déjà ses week-ends occupés, en grande partie, à entretenir les lieux… Finalement, le couple s’installe à Warizy non pas pour y vivre le temps des vacances mais tout au long de l’année ! Son mari prend, chaque jour, la voiture pour aller au travail. La future assistante paroissiale formée en histoire et en histoire de l’art se met, elle, à la recherche d’un travail. Si elle parle le néerlandais et l’anglais, ses connaissances en français sont quasi inexistantes. Pas pour longtemps. Avec autant de courage que de détermination, elle prend des cours en même temps que des personnes quasi, elles, analphabètes. Rencontrer des personnes qui ont autant de difficultés pour lire et écrire est un choc. Des années plus tard, elle est convaincue, comme elle dit, que « c’était une belle expérience. » Hadeweij prend des cours, lit énormément tout en travaillant. Dans un camping dans un premier temps où ses connaissances en langues font des merveilles. Puis, dans un hôtel. Elle multiplie les contacts avec, par exemple, les commerçants. Et même si son français est encore, à ce moment-là, hésitant, qu’elle commet des fautes, Hadeweij ne se décourage pas. Aujourd’hui, c’est son fils, Jean-Christophe qui n’hésite pas à la corriger !
La beauté de la liturgie
Hadeweij appartient à une famille protestante réformée. Elle garde le souvenir de la lecture de la bible. Une lecture qui avait lieu chaque jour lorsque la famille se réunissait pour prendre le repas. Au départ, ce sont ses grands-parents qui se chargeaient de la lecture de l’Ancien Testament avant d’embrayer sur celle du Nouveau Testament. Une pratique qui n’est sans doute plus aussi répandue qu’elle l’était alors. Et le dimanche, ensemble, ils allaient assister au culte. Lorsqu’elle arrive en Belgique, elle découvre un autre pays, une nouvelle langue et l’église catholique qui ne fait pas partie, jusque-là, de sa culture. Elle est immédiatement séduite par la beauté des célébrations, de la liturgie. Un intérêt toujours bien présent. « Je suis amoureuse de la liturgie » ajoute-t-elle avec enthousiasme. Hadeweij a toujours été une passionnée. Elle est avide d’en apprendre plus. Lorsqu’elle trouve, dans le fond de l’église de La Roche le flyer de l’IDF (Institut diocésain de Formation), elle est immédiatement séduite. Elle s’inscrit. L’abbé Jules Solot, responsable de ce lieu de formation à Rochefort, l’accueille. « J’ai rencontré un homme très humble. Il ne m’a pas demandé lorsque je lui ai dit que j’étais protestante de me convertir. Non, il m’a laissé libre. » Les cours ont lieu le samedi et en français. Le dictionnaire est son plus fidèle compagnon. Une formation de quatre années qui la mènera, comme assistante paroissiale, à la certification.
Nouvelle étape
Plus les années passent et plus Hadeweij sent qu’il se passe « quelque chose » en elle. « Lors de la veillée pascale de 2016, j’ai eu une expérience qui m’a rendue curieuse à l’église catholique, c’est le coup de foudre. J’ai reçu la confirmation le jour de Pâques 2019. » Le baptême tel que pratiqué dans l’Eglise protestante est reconnu chez les catholiques. Ce jour de Pâques 2019, elle communie pour la première fois, fait sa profession de foi et sa confirmation. « J’ai ainsi fait mon entrée dans l’église catholique. » A ses côtés, son fils baptisé quelques mois plus tôt. « Mon fils est devenu catholique avant moi ! » ponctue Hadeweij. Mais aussi son mari, sa famille, des amis… Un beau cadeau pour la jeune femme de voir que tous, protestants, validaient son choix et l’accompagnaient dans sa démarche.
Christine Bolinne
Photo : Elisabeth Deshayes