Habiller, protéger… ils sont les gardiens de Notre-Dame de Walcourt

On lit autant la ferveur que la fierté dans les yeux de ces Walcouriens. Ils entourent « leur » Notre-Dame, celle qui fait battre le cœur des croyants mais aussi des moins fervents. Notre-Dame de Walcourt est venue à Namur lors de la fête de Notre-Dame du Rempart avec son habilleuse, ses gardiens et des marcheurs. Rencontre avec Renée, Bernadette, Christine, Marcel …

Une voiture tractant une remorque s’arrête place Saint-Aubain. Une fois débâchée, la remorque laisse apparaître le brancard sur lequel Notre-Dame de Walcourt sera, quelques heures plus tard, processionnée. Une structure métallique aussi légère que costaude. Une armature -démontable- a aussi été prévue pour protéger la Vierge et ses beaux habits lors des sorties pluvieuses. Une sorte de tente en plastique transparent de forme trapézoïdale venant coiffer cette structure permettant ainsi de déployer le manteau et sa traîne. Dans un autre véhicule, un coffre en bois. Il renferme Notre-Dame de Walcourt. Lui aussi est emmené à l’intérieur de la cathédrale comme les vêtements qui seront portés par Notre-Dame et par sa garde rapprochée. Même si Notre-Dame ne sort que très rarement de sa belle région de l’Entre-Sambre et Meuse, l’équipe est efficace dans ses manipulations.

Le brancard est recouvert d’un grand drap bleu. Du même bleu que la toge que les gardiens et gardiennes portent. La statue une fois sortie de sa boîte est immédiatement boulonnée à la structure. Puis ce sera au tour de la couronne d’être fixée sur la tête. Cette opération terminée, les uns et les autres s’écartent pour laisser la place à Renée, l’habilleuse.

« J’ai les jambes qui tremblent »

Jusqu’à leur départ, à la fin des années 90, ce sont les religieuses installées à Walcourt qui veillaient sur Notre-Dame. Cette mission a alors été confiée à des femmes croyantes, pratiquantes, proches de la basilique. Et depuis, cette mission se transmet de mère en fille. Renée avait 18 ans lorsque, pour la première fois, elle s’est occupée de Notre-Dame. Comme sa maman avant elle. Comme sa fille qui la seconde et sa petite fille qui se forme déjà.

La mission principale de l’habilleuse est de prendre soin de la statue qui se trouve dans la basilique de Walcourt bien protégée dans une niche. L’IRPA (Institut Royal du Patrimoine Artistique) a estimé qu’elle avait plus de 1000 ans ! Statue bien trop fragile pour être sortie de la basilique. La statue présente à Namur et qui sort habituellement, même lors de la marche de la Trinité, procession majeure dans la région, est une copie. Renée : « C’est une copie conforme. On dirait sa jumelle. »

Comme sa maman, Renée est aussi gardienne de la garde robes. Et Notre-Dame est coquette. Elle possède 25 tabliers et neuf ensembles. « Lorsque je m’approche de Notre-Dame pour changer ses habits, je le fais toujours en priant. Et quand je me trouve face à elle, j’ai les jambes qui tremblent. C’est vraiment un honneur de pouvoir la vêtir. » Les tenues sont adaptées aux temps liturgiques mais pas uniquement. Lors de la Trinité, les changements sont nombreux et toujours assumés par Renée. La tenue portée pour la fête de Notre-Dame du Rempart a, elle, été réalisée au départ de robes de mariée.

Vêtir la statue, un savoir-faire qui s’acquière au fil des années. Une des difficultés est de bien placer le vêtement tout en couvrant l’Enfant Jésus que la Vierge porte. Les gestes de Renée sont sûrs. Sa petite-fille veille, elle, à bien disposer chaque pli de la robe. Les deux femmes procèdent avec beaucoup de calme. Elles vivent ce moment au plus profond d’elle-même.

Le chanoine Jean Tornafol, curé de Walcourt accompagne la délégation. Comme à chaque fois, il est ému face à Notre-Dame. Heureux et fier de vivre même en dehors de Walcourt la dévotion qui accompagne Notre-Dame.

Protéger, entourer, informer

Gardiens et gardiennes précèdent, lors de chaque sortie, la statue. Comme Marcel qui est gardien depuis ses 18 ans. Une mission physique comme lors de la Marche de la Trinité. Notre-Dame de Walcourt effectue plusieurs « grands tours », des processions longues qui passent par les chemins de campagne qui entourent la basilique. Marcel : « Lors des festivités de la Trinité, il pouvait y avoir, pour les grands tours, jusqu’à 500 personnes. Je vous laisse imaginer la bousculade lorsqu’il s’agissait de changer les porteurs ! » Christine, Bernadette font partie, elles aussi, des gardiennes. Aujourd’hui, elles sont toujours là, comme les gardiens, pour protéger Notre-Dame mais surtout informer les personnes qui se trouvent sur le parcours.

Lors de la fête de Notre-Dame du Rempart, la météo étant particulièrement mauvaise, la procession devant mener les fidèles jusqu’à la chapelle Notre-Dame du Rempart a été annulée. Un court moment de déception pour tous. Mais, les Walcouriens reviendront faire partager aux Namurois leur passion pour leur Notre-Dame.

C.B.