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Auteur

 Diocèse de Namur

Diocèse de Namur Rédacteur

Date

5 janvier 2025

Catégories

Cathédrale
Jubilé
Namur

Type

Actualités diocésaines

Homélie de Mgr Warin prononcée le jour de l’ouverture de l’Année Sainte (29 décembre 2024)

En cette fête de la Sainte Famille de Jésus, chers couples et familles, je vous souhaite l’amour, la joie débordante de l’amour (en latin : Amoris Laetitia). Je vous souhaite l’amour aujourd’hui et demain, l’amour dans la durée.

La fidélité, c’est grand et magnifique. Je le dis pour avoir vu maman accomplir des gestes de tendresse pour papa qui ne pouvait plus le lui rendre. Je le dis pour avoir senti, chez tant de couples d’âge mûr, un amour moins démonstratif peut-être, mais merveilleusement approfondi.

La Sainte Famille de Jésus, Marie et Joseph, n’ont pas été épargnés par les soucis. Alors que la naissance de Jésus était imminente, ils ont cherché à ce qu’ils soient reçu, mais ne trouvèrent, cette nuit-là, que des portes closes : pas de place pour lui dans la salle d’hôtes. Nous venons de l’entendre dans l’évangile, c’est au bout de trois jours qu’ils le trouvèrent dans le Temple, assis au milieu des docteurs de la Loi. Sa mère lui dit : « Mon enfant, pourquoi nous as-tu fait cela ? Vois comme ton père et moi, nous avons souffert en te cherchant ! » Puissent Marie et Joseph être le soutien des parents qui traversent de lourdes épreuves.

Dans une vie de couple, bien des difficultés surgissent, au lever du jour, auxquelles on n’avait pas pensé au claire de lune des fiançailles. Il arrive que le ciel soit nuageux à couvert. A une époque où souvent on veut tout tout de suite, il importe de réapprendre la patience, dans les difficultés vécues. N’est-il pas suggestif qu’en énumérant dans son bel hymne, les œuvres de l’amour, saint Paul commence par dire : « L’amour est patient ? »

Les difficultés sont aussi des chances. Un ruisseau quand il est pris dans un goulot, son débit s’accélère et il développe plus d’énergie. Les difficultés peuvent renforcer la puissance de l’amour. Comme le dit saint François de Sales : « Ce sont les petits feux qui s’éteignent quand il y a un coup de vent. Les grands feux s’enflamment encore plus. »

Chers couples et familles, pour que votre amour brûle toute une vie d’une vive flammes, n’hésitez pas à vous tourner vers le Seigneur qu’est tout amour et qui, lorsque vous vous êtes engagés l’un envers l’autre, s’est engagé lui aussi. Car c’est Dieu qui vous a unis : « Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas », a dit Jésus.

Les mariés n’oublient-ils pas parfois que le nœud est fait par Dieu ? Les mariés s’appuient-ils suffisamment sur le don de Dieu reçu le jour de leur mariage ?

Sainte Catherine de Sienne utilise une image très forte : « Pour traverser le fleuve – le courant impétueux du monde – je vous fait un pont, dit le Père. Ce pont est mon Fils (…) mais ici les hommes préfèrent traverser le fleuve à la nage, au péril de leur vie (…) Pour que vous soyez soutenus tout au long de votre marche, sur ce pont, j’ai disposé des boutiques et en particulier celle du pardon pour guérir vos blessures et celle de l’Eucharistie pour vous nourrir et vous abreuver. Passez donc par ce pont, non en-dessous. »

Alors que nous célébrons la Sainte Famille, je vous souhaite une belle fête.

Ce 29 décembre est aussi le jour choisi pour ouvrir dans les Eglises locales de par le monde l’Année Sainte, l’Année jubilaire 2025. Son thème est : « Pèlerins d’espérance. »

Nous, chrétiens, sommes dépositaires d’une formidable espérance. Nous chrétiens, avons à inscrire dans le gris de la société le vert de l’espérance. Nous chrétiens, sommes appelés à faire passer nos frères et nos sœurs de la berge de la désespérance à celle de l’espoir.

Le monde a besoin d’espérance autant que de pain. On ne peut vivre sans espérance. Le désespoir est une mort anticipée. Le cardinal Danneels répétait : « Si l’espérance disparaît, vous êtes mort. La disparition de la foi est grave : nous avons alors une arythmie du cœur. Si l’amour disparaît, vous avez un infarctus. Mais si vous n’avez plus d’espoir, vous subissez un arrêt cardiaque et cela est absolument mortel. »

Tous nos compatriotes ne nagent plus dans le bonheur. Environ 12% d’entre eux ont déjà pensé sérieusement au suicide. 4% ont déjà tenté de se suicider. Chaque jour, en Belgique, 7 personnes se donnent la mort. Et il faut ajouter à ce chiffre les accidents mortels dus à des attitudes suicidaires. Le pays est dans le peloton de tête des Etats les plus suicidaires.

Notre société regorge de biens matériels et souvent offre tout tout de suite. Mais cette société n’est-elle pas en même temps quelque peu désenchantée, inquiète et un peu triste ?

Dans « Le Porche du mystère de la deuxième vertu » Charles Péguy prête à Dieu ces mots : « L’espérance ne va pas de soi. L’espérance ne va pas toute seule (…) Et le facile et la pente est de désespérer et c’est la grande tentation » (La Pléiade, p.538).

Il dit encore : l’espérance est semblable à une petite fille pas plus haute que trois pommes. « La foi est une épouse fidèle. La charité est une Mère. Une mère ardente, pleine de cœur (…) L’espérance est une petite fille de rien du tout » (p.536). Mais qu’on ne s’y méprenne ! « Si la petite espérance s’avance entre ses deux grandes sœurs, si le peuple chrétien n’a de regard que les deux grandes sœurs, celle qui est à sa droite et celle qui est à sa gauche, s’il ne voit quasiment pas celle qui est au milieu, la petite, celle qui va encore à l’école, et qui marche perdue dans les jupes de ses sœurs, s’il croit volontiers que ce sont les deux grandes qui traînent la petite par main, en réalité, c’est elle, cette petite, qui entraîne tout. » (pp.538-539).

Dans son Exhortation apostolique « Evangelii Gaudium » aux numéros 84 à 86, le Pape François invite à ne pas se laisser gagner par le pessimisme ambiant. Ne laissons pas, dit-il, « des pessimistes mécontents », « des déçus au visage assombri. » « L’Evangile est une joie que rien et personne ne pourra jamais nous enlever. » « Ne nous laissons pas voler l’espérance ! » s’exclama-t-il.

Mgr Pierre Warin
Cathédrale Saint-Aubain de Namur, le 29 décembre 2024. Fête de la Sainte Famille et Ouverture de l’Année Sainte

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