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Auteur

Diocèse de Namur Rédacteur
Date
16 décembre 2024
Catégories
Aide internationale
Luxembourg
Patrimoine
Type
Il y a bientôt 80 ans une prière, aurait évité la chute de Bastogne
En décembre 1944, au plus fort de la Bataille des Ardennes, Bastogne est encerclée par les forces allemandes. Alors que les conditions climatiques paralysent l’aviation alliée et mettent les défenseurs américains dans une situation critique, le général Patton, commandant de la 3e armée, formule une prière demandant une accalmie météorologique. Peu après, une éclaircie permet le ravitaillement aérien et l’intervention des troupes.
16 décembre 1944, l’enfer s’abat sur les Ardennes. La Seconde Guerre mondiale continue de déchirer l’Europe, mais le vent tourne pour les puissances de l’Axe. L’Allemagne nazie est en déroute, sur le front de l’Est depuis la défaite de Stalingrad, et son emprise s’affaiblit à l’Ouest depuis les débarquements de Provence et de Normandie. En cet hiver 1944, l’objectif des Allemands est de reprendre le port d’Anvers, pour empêcher son utilisation par les Alliés, et contraindre ceux-ci à la paix, ce qui leur permettrait de se concentrer l’avancée russe à l’Est. Plan difficilement irréalisable, mais les ordres sont donnés par l’Etat-Major. Lueur d’espoir pour l’armée allemande : le mauvais temps cloue l’aviation alliée au sol.
Le 20 décembre, le Général Patton positionne ses troupes entre Metz et la Sarre en vue de foncer pour dégager Bastogne désormais encerclée… et impossible à ravitailler. Les épouvantables conditions hivernales bloquent toute tentative, alors que s’épuisent vivres et munitions. Contre toute attente… Patton décide alors de se tourner vers… le Maître des Cieux.
Le 22 décembre, le Général McAuliffe, défenseur de Bastogne, envoie son fameux « Nuts » aux Allemands, qui demandent sa reddition à Luxembourg. Pendant ce temps, Patton se rend seul dans la chapelle de la maison de repos où il a établi son QG. Il adresse à Dieu une longue prière, dont voici les extraits essentiels :
« Seigneur, c’est Patton qui Te parle. Ces derniers quinze jours ont été infernaux. Pluie, neige, encore plus de pluie, toujours plus de neige. … Dis-moi un peu, de quel côté Tu es ?… Jusqu’à maintenant … Tu nous as accordé Ta coopération sans réserve. … Mais maintenant Tu paries sur un autre cheval …Tu as perdu toute sympathie pour notre cause.… il est inutile de Te déclarer que ma 101ème division aéroportée à Bastogne se trouve dans une situation terriblement difficile et que ces tempêtes continuelles rendent tout ravitaillement impossible, même par les airs … de la Meuse à Echternach mes soldats souffrent des supplices de damnés.…. mais il y a pire encore. Mes forces aériennes sont complètement paralysées au sol … Tu n’as qu’à Te décider pour savoir de quel côté Tu es.… Je ne Te réclame même pas un miracle. … Donne-moi une éclaircie de quatre jours pour que mes avions puissent sortir … Amen. »
Hasard ou intervention du Ciel ? Toujours est-il que dans la nuit la météo change, et dès le lendemain l’aviation ravitaille Bastogne, et pilonne les lignes allemandes. Le 26 décembre, des chars de Patton brisent le siège de la ville. La Bataille se termine fin janvier, après avoir encore connu bien des douleurs.
Si Bastogne résista, entrant ainsi dans l’Histoire, ce le fut grâce à ses défenseurs, mais peut-être aussi grâce à cette prière récitée, et parfois omise, ou mal reprise dans les récits postérieurs.
François-Emmanuel Duchêne
Sacristain de la cathédrale