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Auteur
Christine Bolinne Auteure
Date
29 juin 2023
Catégories
Belgique
Type
Jean-Emile Gresse, la voix des messes radio
Une voix que les fidèles des messes radio diffusées, chaque dimanche, par la RTBF connaissent bien et apprécient. Cette voix, pour autant que la retransmission se fasse en direct du diocèse de Namur, est celle, depuis plus de 20 ans, de Jean-Emile Gresse. Chaque dimanche, jusqu’au 13 août, Jean-Emile Gresse installé derrière son micro accompagnera la messe en direct de l’église de Rochefort.
« Cela reste stressant, confie Jean-Emile Gresse, quand on est en direct, tout peut arriver et il faut savoir réagir. » Ce travail d’équilibriste, c’est le sien lorsque les messes radio sont célébrées et retransmises depuis le diocèse. Mais pas seulement. Il lui arrive de faire quelques infidélités à son diocèse quand il s’agit de dépanner un commentateur en place pour le diocèse de Liège, de Tournai… Inutile de préciser qu’un dimanche de grasse matinée, il ne connaît pas. Pas plus que prendre son temps pour un sympathique petit-déjeuner dominical !
Pour le commentateur chaque messe demande un travail de préparation important. Jean-Emile Gresse ne cesse encore aujourd’hui de remercier ses professeurs de religion pour la qualité de leur enseignement. Jean-Emile est là pour accueillir les fidèles, ajouter un commentaire après une homélie, combler les « blancs » inconcevables en radio. Il est aussi une présence rassurante pour le célébrant, la chorale ou encore l’organiste. L’œil rivé sur l’horloge, le commentateur veille à ce que la célébration se passe au mieux. Pour les paroissiens rassemblés dans l’église mais aussi pour les auditeurs de la RTBF. Le timing est précis, la messe débute à 11h02 pour s’arrêter à 11h59. Les auditeurs n’apprécieraient pas de ne pas recevoir la bénédiction finale parce que l’homélie a été, par exemple, trop longue, qu’il y a eu une « perte » de temps à un moment donné. Pour jongler avec ces minutes qui, inexorablement, s’écoulent, Jean-Emile a ses trucs. Si le temps vient à manquer, il signale à la chorale de réduire pour les chants à venir le nombre de couplets. Et inversement.
Jean-Emile Gresse est d’autant plus confiant quand il se retrouve, comme il dit, « dans des communautés vivantes ». Entendez par là, une paroisse qui peut compter sur une bonne chorale, un organiste de talent et un prêtre qui ne soit pas trop stressé. Jean-Emile : « Et alors tout se passe bien. » La RTBF a tendance à privilégier les paroisses qui ont déjà vécu cette expérience et où tout s’est bien déroulé. La radio belge a aussi fait le choix de s’installer pour une longue période (6 voire 7 dimanches de suite) dans un même lieu ; cela facilite et limite le travail de la technique. Jean-Emile Gresse veille lui, au fil des dimanches, à surprendre les auditeurs. Ce dimanche, depuis Rochefort, ils seront accueillis… en néerlandais. La saison touristique démarre et c’est une manière sympathique de recevoir les hôtes d’un jour ou les vacanciers.
Diffusion sur le marché de Kinshasa
Jean-Emile Gresse est un homme de radio. Un vrai autodidacte. Il est aussi, et là depuis plus de 40 ans, l’une des voix de la radio Studio S diffusée dans la région de Sibret (Vaux-sur-Sûre). Tout débute, en 1985, à Sibret lorsque la décision de retransmettre la messe dominicale pour tous ceux qui ne peuvent se rendre à l’église est prise. Jean-Emile Gresse est de l’aventure. Au fil des dimanches, la prise d’antenne commence une quinzaine de minutes avant la messe et se termine une quinzaine de minutes après. Il y a de l’audience autour de ces rendez-vous. Et Jean-Emile Gresse est toujours là, plus motivé que jamais. Mgr Léonard, alors évêque de Namur, en visite dans la région est, un dimanche, acteur de cette messe. L’abbé Dubois, prêtre du diocèse, était lui aussi très actif dans la retransmission des messes radio et quand il a raccroché, le nom de « l’homme de radio de Sibret » est arrivé aux oreilles de l’abbé Armand Pirard, le spécialiste des matières religieuses pour ce qui était encore, alors, la RTB. Le premier direct a eu lieu depuis Florennes. « Inutile de dire que j’avais très peu d’expertise. » Jean-Emile avait contacté ceux qui s’étaient déjà livrés à l’exercice… Belle unanimité chez ceux-ci pour dire qu’il n’existe pas de formation pour commenter les messes ! Pas d’autres solutions que de travailler et se lancer… Et c’est comme ça depuis toutes ces années.
Des retransmissions qui lui ont aussi valu quelques surprises. Comme ce curé qui a profité de la retransmission pour saluer une nièce qu’il savait à l’écoute. Ou encore ce prêtre africain qui avait fait savoir à sa famille restée au pays que la messe serait retransmise, en direct, de sa paroisse. Résultat, la messe a été retransmise en Belgique mais aussi sur le marché de Kinshasa sonorisé pour l’occasion. Lorsqu’il parle de ces messes radio, Jean-Emile Gresse est intarissable. Un virus qui lui colle au corps depuis des années et dont il n’est pas près de se débarrasser. « J’avais déjà un micro quand j’étais en maternelle » ajoute-t-il en boutade. Aujourd’hui, il ne serait pas opposé à s’essayer, juste pour une fois, dans le commentaire toujours d’une messe mais cette fois télévisée…
Christine Bolinne
La messe est retransmise par La Première, chaque dimanche, de 11h à 12h.