Rencontre avec Quentin Denoyelle : une BD née d’un face-à-face intérieur avec Jean de la Croix

Vidéaste, illustrateur au service communication du diocèse de Namur, Quentin Denoyelle signe une nouvelle bande dessinée habitée : Jean de la Croix. Pyrolyse. Il y tisse un récit à la fois mystique et personnel, où la vie du grand carme espagnol éclaire sa propre quête spirituelle. Une œuvre touchante qui rappelle que Dieu se laisse rencontrer jusque dans les nuits les plus obscures.

Tout commence dans la bibliothèque municipale d’Aix-en-Provence. Quentin a 19 ans lorsqu’il y découvre La Nuit obscure de saint Jean de la Croix : « J’ai été bouleversé par cette radicalité, ce feu intérieur… comme si quelque chose s’était allumé en moi. » Entre le jeune
dessinateur en quête de Dieu et le mystique carme du XVIe siècle, une longue amitié intérieure se dessine et se développe dans un cheminement qui aboutira à ce nouvel album à paraitre providentiellement en cette fin d’année où l’Église célèbre le saint le 14 décembre. Et à l’approche, en 2026 du centenaire de sa proclamation comme docteur de l’Église, ainsi que des 300 ans de sa canonisation.

Saint Jean de la Croix est souvent perçu comme un auteur exigeant, voire réservé à une élite spirituelle. Mais pour Quentin Denoyelle, c’est justement cette exigence qui interpelle : « Ce que j’ai découvert, c’est un homme de feu, mais aussi de grande tendresse. Il m’a appris qu’on pouvait vivre une relation réelle avec Dieu, même quand tout semble obscur. »

Initialement, Quentin envisage de raconter une biographie classique du saint. Mais sa rencontre avec le frère Jean-Alexandre de l’Agneau, l’encourage à se mettre lui même en scène. Quentin prend le pari d’un récit croisé : sa propre histoire en parallèle de celle de Jean de la Croix.

 « Ce que j’ai découvert, c’est un homme de feu, mais aussi de grande tendresse. Il m’a appris qu’on pouvait vivre une relation réelle avec Dieu, même quand tout semble obscur. »

Quentin Denoyelle

Le fil conducteur de l’album repose sur une métaphore chère au mystique espagnol : celle du bois placé dans le feu, extraite du Livre II de la Nuit obscure. Quentin explique: « Cette image dit tout du chemin spirituel : au début, on est réchauffé, enthousiasmé… puis le feu nous brûle, nous assèche, nous défigure. Ce temps de nuit est rude, mais il est nécessaire pour que le feu nous transforme de l’intérieur. » La BD s’articule ainsi en quatre étapes : la douce chaleur, la purification, l’union mystique, et enfin la Pyrolyse – ce passage où le bois devient une matière nouvelle. « J’aimerais toucher des personnes qui commencent la vie chrétienne, qui ont soif d’un enseignement radical et solide » confie Quentin. Cette soif qui l’a lui-même conduit vers Jean de la Croix.

« Cette image dit tout du chemin spirituel : au début, on est réchauffé, enthousiasmé… puis le feu nous brûle, nous assèche, nous défigure. Ce temps de nuit est rude, mais il est nécessaire pour que le feu nous transforme de l’intérieur. »

Quentin Denoyelle

Plus structuré, plus mûri, cet album, écrit dans le silence de la nuit lorsque les quatre enfants sont endormis, est aussi le plus intime. On y reconnaît des rues de Salon-de-Provence (ville dont Quentin est originaire) mais aussi des lieux et rencontres de sa nouvelle vie comme la cathédrale Saint-Aubain, la cour du séminaire de Namur, l’abbé Wallemacq… « Je donne ce qui sort de mon cœur. Dieu me parle ainsi et j’ai l’impression qu’il ouvre la route devant moi. »

Jean de la Croix. Pyrolyse sort à la mi-novembre et sera disponible dans les CDD de Namur et Arlon, à Pro Maria, ainsi que sur le site des Carmes : carmes.paris.org

Une belle idée de cadeau à déposer au pied du sapin pour Noël !

Christine Gosselin