L’abbé Armel Kolé : « En Côte d’Ivoire, le Noël est prioritairement spirituel »

Dans le diocèse depuis quatre ans maintenant, l’abbé Armel Kolé est originaire de la Côte d’Ivoire. A quelques heures de fêter la naissance de l’Enfant-Jésus, l’abbé Kolé partage les souvenirs de ses Noël au pays. Un Noël festif mais ce n’est pas là l’essentiel. A Noël, les Ivoiriens sont plus que jamais présents dans les églises. Et en nombre. Une assemblée de 3 à 4000 personnes n’a vraiment rien d’exceptionnel !

« Le jour de Noël tout le monde est présent à la messe même ceux qui ne viennent jamais à l’église » confie l’abbé Armel Kolé, aujourd’hui curé dans la paroisse de Boninne. Et c’est ainsi que le 25 décembre, les églises pourtant prévues, le plus souvent, pour accueillir plusieurs milliers de personnes débordent de monde! C’est le cas dans les paroisses de l’archidiocèse d’Abidjan où le prêtre a grandi. « La première messe, le jour de Noël, est célébrée à 6h du matin, puis il y en a une vers 7h30. Et lors de la dernière messe, celle de 9h30, les enfants, les 0 à 4 ans, qui ne sont pas encore baptisés reçoivent le sacrement. »
L’Enfant-Jésus aura lui été déposé, la veille, pendant la messe de minuit, par le prêtre. Il aura été déposé dans une crèche dont la décoration varie beaucoup d’une région à l’autre. L’abbé Kolé : « En zone rurale, il est très fréquent d’inclure dans la décoration des feuilles de bananiers. »

Si la crèche est bien sûr présente dans chaque église, l’abbé Kolé a constaté que, dans les familles, ce n’était pas toujours le cas. « En revanche, il y a partout des sapins artificiels. Ce sont des sapins de toutes les couleurs avec des guirlandes, des boules… » Des sapins qui doivent être beaux et lumineux. Comme dans de nombreux endroits du monde, les enfants reçoivent des cadeaux. Il est aussi de coutume de se retrouver, le 25 décembre, en famille. On mange, il y a de la musique, on danse… Un temps de fête. Au menu ? Dans un pays riche d’une soixantaine d’ethnies, on comprend vite que les traditions varient. L’abbé Kolé : « On essaie de manger ce que l’on ne mange pas tous les jours. Quand j’étais enfant, on servait du poulet. Aujourd’hui, il est plutôt remplacé par de la pintade accompagnée de riz. » Le prêtre a eu la surprise de découvrir, il y a peu, que la bûche de Noël avait fait son apparition sur certaines tables. « Moi, je me souviens encore du yaourt que l’on mangeait en dessert… »

Un temps particulier est encore consacré, par l’Eglise, aux enfants. « Le Noël des enfants a lieu dans chaque paroisse. Chacun apporte un cadeau qui sera offert à un copain. Après la messe et le repas pris tous ensemble, l’après-midi est récréative avec des jeux, des chants… Cela se passe toujours le samedi avant la Noël. On fait le choix du samedi parce que, ce jour-là, les enfants ne vont pas à l’école. J’ai été heureux de constater qu’à Boninne, la paroisse accorde aussi du temps, à la Noël, aux enfants. »

Pour les Ivoiriens pratiquants, la préparation à la fête de Noël aura débuté pendant l’Avent. Si les prêtres, les agents pastoraux, les religieux… ont à leur agenda une récollection, il en va de même pour les fidèles des paroisses. Le premier dimanche de l’Avent, avant la messe ou au cours de celle-ci le prêtre ou un curé invité vient faire un enseignement. Personne n’imaginerait vivre Noël sans, auparavant, avoir reçu le sacrement de réconciliation. « Quand j’étais en Côte d’Ivoire, ces moments dédiés à la confession ont constitué des temps majeurs de mon ministère. On commençait à confesser vers 18h jusqu’à minuit. A un moment, vous êtes, vous prêtre, submergé. Mais les gens sont là, ils attendent. Ils veulent se confesser pour accueillir celui qui va leur apporter un plus dans la vie. » 

C.B.