L’abbé Jean Hanin, fondateur du journal Dimanche, visage du diocèse de Namur

Les recherches dans le fonds des archives du Séminaire de Namur s’effectuent, encore aujourd’hui, sur les inventaires dressés consciencieusement par l’abbé Jean Hanin, dans les années 1970. Redécouvrons ensemble cette figure attachante de notre diocèse.

C’est dans une lettre adressée au chanoine André Lanotte et datée du 27 avril 1971, que l’abbé Jean Hanin demande à pouvoir donner un coup de main aux archives : « Rien ne m’intéresse autant, écrit-il, que les archives et ce qu’on peut en tirer ». Jusqu’alors curé de Cens dans la province du Luxembourg, où il avait été nommé en 1959, il venait de prendre sa retraite à Gembloux, et il désirait se rendre encore utile.

Son goût pour l’histoire régionale, l’amena ainsi à inventorier les archives conservées par le Séminaire de Namur. C’était une œuvre titanesque à réaliser ! Parmi les documents, il n’y avait pas uniquement les archives du séminaire épiscopal mais aussi celles de l’abbaye de Floreffe, de communautés religieuses comme les Soeurs Récollectines et de quelques prêtres qui avaient légués leurs papiers au séminaire. L’abbé Hanin, dans son sommaire succinct des inventaires, note même qu’une « manne inattendue (…) est tombée du ciel, par pleins paniers » alors qu’il était occupé à la tâche, et parle d’« embarras » et de « complexité » pour qualifier le travail accompli.

Les inventaires des archives du séminaire ne sont pas l’unique réalisation de l’abbé Hanin. En effet, c’est lui qui lança le premier numéro du journal Dimanche, cet hebdomadaire chrétien qui existe encore aujourd’hui, et qui était jadis distribué comme toutes-boîtes. Le premier numéro sortit des presses de L’Avenir du Luxembourg le 1^er septembre 1935. A son origine, ce prêtre de notre diocèse, né à Marche-en-Famenne le 10 août 1902, et qui fut ordonné prêtre à Namur le 15 août 1926. De santé délicate, il eut l’idée d’un toutes-boîtes chrétien lors d’un séjour thérapeutique à la montagne. Très vite, le journal étendit sa diffusion. En mai 1940, à la veille de la deuxième guerre mondiale, il était diffusé à près de 100 000 exemplaires. Par ses multiples éditions locales, il avait été adopté par de nombreuses paroisses.

La guerre interrompit la parution du Dimanche. En 1945, l’abbé Eugène Collard, prêtre du diocèse de Tournai, alors jeune aumônier d’oeuvres de presse, s’étonna auprès de l’abbé Jean Hanin de la non reprise de la parution du journal après la Libération. « Ma santé est maintenant trop délabrée pour que je puisse reprendre, répondit l’abbé Hanin. Mais avec votre fonction, vous êtes tout indiqué pour cela. Et peu importe que vous soyez d’un autre diocèse »[1]. L’abbé Hanin lui remit la liste des abonnés de 1940, ainsi que les coordonnées d’un grand papetier, relation précieuse en cette période de pénurie. Et c’est autour d’un verre, qu’ils discutèrent longuement de l’avenir de l’hebdomadaire chrétien, l’abbé Hanin donnant quelques conseils à son continuateur. En reconduisant l’abbé Collard à la gare de Paliseul, passant devant un calvaire, il s’arrêta pour lui donner sa bénédiction. C’est ainsi que l’abbé Hanin céda, gratuitement, le journal Dimanche à l’abbé Collard qui en relança la parution en 1946. De là vient sans doute que, bien souvent, la mémoire de l’abbé Hanin comme fondateur du journal Dimanche est éclipsée au profit de celle de l’abbé Collard. Mais ce dernier lui rendit hommage lors de son décès, en rappelant les origines de l’hebdomadaire chrétien.

Durant son ministère, et malgré sa santé précaire, l’abbé Jean Hanin se dévoua aussi de tout son coeur à la catéchèse des enfants, à la préparation des fiancés au mariage, et à la célébration du sacrement du pardon et de la réconciliation. Hormis son amour de l’histoire et des vieux papiers, l’abbé Hanin était aussi un passionné de cinéma et de théâtre. Il laisse le souvenir d’un homme chaleureux, qui était attentif à chaque personne, y compris à celles qui résidaient, avec lui, à la maison de repos de Gembloux.

L’abbé Jean Hanin est décédé le 21 février 1993. Dans son testament, figure ces mots : « Je rends grâce à Dieu de m’avoir appelé à la vie sacerdotale au cours de laquelle j’ai fait tout mon possible edt même au-delà ». Et il ajoute avec humilité : « Les œuvres qui me suivent sur le chemin du ciel ne créeront pas d’embouteillage, la route reste libre pour les jeunes… A travers tout cela, j’ai cru en l’amour infini de Dieu et je m’endormirai en paix, confiant en sa miséricorde ». Enfin, il conclut : « Puissé-je être suivi dans cette voie ».

Le service des Archives de l’Evêché de Namur (AEvN)

Vous désirez vous pencher sur l’histoire de notre diocèse ? Le Chanoine Fabian Mathot et Monsieur Louis Dupont, archivistes de l’Evêché, se tiennent à votre disposition pour toute demande de recherche dans les archives de l’Evêché, gardiennes de la mémoire de notre diocèse. Situé au quatrième étage du Séminaire, le service des Archives de l’Evêché est accessible uniquement sur rendez-vous le mardi de 9h30 à 16h30, le mercredi de 9h30 à 12h30 et le vendredi de 9h30 à 16h30. Les demandes, dûment motivées, sont à adresser par mail à l’adresse suivante : archives@diocesedenamur.be

[1]     Collard, E., « Un grand monsieur », article publié dans le Dimanche, 14.03.1993.