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Auteur
Christine Bolinne Auteure
Date
23 décembre 2024
Catégories
Belgique
Communauté
Type
Rencontre-bilan avec le père Lorent, ancien père abbé de Maredsous, à la veille de son départ
nUne page se tourne pour le père Bernard Lorent, père abbé de Maredsous depuis maintenant 23 ans. A partir de ce 1er janvier, il prend les fonctions d’abbé président de l’AIM, l’Alliance Inter Monastères, dont les bureaux sont à Paris et où il compte se rendre deux à trois jours par semaine. Après élections, il est remplacé par le père François Lear. Pour le père Bernard Lorent qui a toujours vécu une valise à la main, les voyages seront plus que jamais d’actualité. Ses fonctions à l’AIM le mèneront à travers le monde. En outre, il est déjà bien décidé à passer le week-end à Maredsous, dans l’abbaye où il se sent si bien mais aussi en paroisse : il est prêtre auxiliaire à Sosoye. Avant qu’il ne prenne ses nouvelles fonctions, on vous propose une « rencontre-bilan » avec le père abbé Lorent avant, de faire connaissance avec le nouveau père abbé.
Peut-être avez-vous aperçu, tout sourire, le père abbé de Maredsous, à la RTBF, dans l’émission « Mon plus beau marché de Noël » – la finale aura lieu ce samedi. Le père Bernard Lorent y défend les couleurs de l’abbaye et de son marché de Noël que beaucoup n’hésitent pas à qualifier de féerique et de gourmand. Ce rôle d’ambassadeur n’a rien de bien surprenant pour le religieux qui connaît l’abbaye « comme sa poche » et qui s’est investi durant des années pour lui donner un rayonnement optimal.
Lorsqu’il a été approché pour prendre la présidence de l’Alliance Inter-Monastères (AIM), un choix était inéluctable. Impossible de cumuler la présidence de l’AIM et ses missions actuelles. Père abbé depuis maintenant 23 années, c’était peut-être aussi le moment d’un changement. D’autant que son intérêt pour ce qui se passe dans le monde est grand. L’AIM est une organisation active dans les pays d’Amérique latine, d’Asie mais aussi d’Europe de l’Est. Son action ? Soutenir les communautés bénédictines, cisterciennes, trappistes dans le développement de projets communs que ce soit dans la formation, l’éducation permanente… A quelques heures de quitter Maredsous pour se plonger dans d’autres dossiers, le père abbé est un rien mélancolique même si…. « Dans le fait d’avoir été approché pour ce poste, je vois un appel de Dieu. On ne choisit pas sa mission on l’accepte. » Le père Bernard Lorent, sourire au coin des lèvres, d’ajouter : « c’est un des bons côtés de l’obéissance… » A l’AIM comme partout où il a été en fonction, le père Bernard Lorent s’imprégnera dans un premier temps de la fonction, se plongera dans les dossiers avant d’apporter d’éventuels changements.
Maredsous dans la peau
Originaire de Bioul, un village situé à quelques enjambées de Maredsous, il connaît l’abbaye depuis son plus jeune âge. Il y venait, en famille, lors de la promenade dominicale. Il a étudié l’histoire à l’UCL avant de faire le choix d’une vie. « J’ai failli devenir prêtre diocésain. En entendant les propos d’un prêtre du diocèse qui critiquait le pape Jean-Paul II, j’ai revu mon choix. Je me suis dit, si c’est ça être prêtre, c’est moche. » Il consacrera sa vie à Dieu mais comme religieux. En 1982, à 21 ans, il entrait à l’abbaye. « Mes parents étaient à la fois tristes et contents. J’ai suivi le cursus propre au postulat puis au noviciat. » Il a étudié la philosophie à l’université de Namur avant de partir étudier la théologie à Rome à l’institut Saint-Anselme tenu par des Bénédictins. Une grand-mère italienne l’aidera à se familiariser avec la langue. Pour sa licence en histoire de l’Eglise, il rejoint la Grégorienne, toujours à Rome.
De retour à Maredsous, il demande pour enseigner au collège Saint-Benoît. Il donne cours d’histoire, de latin… avant d’en devenir le directeur. Un moment très heureux. Il a célébré bien des mariages d’anciens élèves puis les baptêmes de leurs enfants.
Au fil des années, cet homme de foi, de prières s’est glissé dans le costume de l’homme d’affaires. Maredsous est connu bien sûr pour son abbaye, pour les moines qui y vivent et aussi pour tout ce qui attire, chaque année, des milliers de visiteurs. Des visiteurs qui viennent s’y promener et se régaler avec les bons produits, en priorité, la bière et le fromage….
Maredsous, c’est encore outre un établissement scolaire, des ateliers d’art, une micro-brasserie… Et dans chaque lieu, le père abbé a été présent ! On imagine ce qu’a été son emploi du temps avec des tâches administratives aussi nombreuses que diversifiées. Ce que le père Bernard Lorent a apprécié depuis toujours et il est bien décidé à poursuivre dans ce sens, c’est aller à la rencontre des visiteurs, échanger avec vous. Ce sera un peu sa récréation lorsqu’il sera de retour au pays. Pour cet enfant de Bioul, la convivialité est une priorité. « J’appartiens à une famille de commerçants. Mes parents m’ont appris à toujours bien dire bonjour aux personnes. »
Durant toutes ces années, le père Bernard Lorent a aimé son travail, sa mission. Mais, il le reconnaît, il a eu un coup de cœur. Il a aussi été directeur d’un monastère au Rwanda. Un travail compliqué, il s’agissait de reconstruire une communauté bien malmenée lors du génocide. Une mission relevée avec succès. Aujourd’hui, la communauté est autonome et prospère. De jeunes moines rwandais suivent régulièrement des cours au Grand Séminaire Francophone de Belgique et vivent pendant leurs études à l’abbaye.
Avec un tel bagage, le père abbé Bernard Lorent ne pourra faire que des merveilles à l’AIM !
Christine Bolinne