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Auteur

Christine Bolinne Auteure

Date

18 septembre 2023

Catégories

Anniversaire
Communauté
Sacrements
Vocation

Type

Témoignages

Le Père Lucien Callewaert fête 70 ans de vie sacerdotale !

Le 15 septembre, une date gravée à jamais dans la mémoire du Père Lucien Callewaert. Date qui est celle de son ordination sacerdotale. Lui qui soufflera le 31 décembre prochain les 96 bougies de son gâteau d’anniversaire vient de fêter un autre anniversaire qui l’étonne encore plus : 70 années de vie sacerdotale. Père Rédemptoriste, il a vécu plusieurs années, à Namur, dans la maison de la rue Godefroid. Un Père qui aura prêché plus d’une centaine de retraites et missions et qui en garde beaucoup de satisfaction.

Le Père Lucien Callewaert vit aujourd’hui dans la maison de retraite tenue par les Petites Sœurs des Pauvres. Le religieux y est très heureux. Dans sa chambre, un bureau sur lequel trône un ordinateur… éteint. Il reconnait qu’il ne voue pas une grande passion pour, selon son expression, cette modernité. Il préfère ses livres et son tourne-disques. Dans un carton toute la collection des œuvres de Mozart pour piano. Chaque soir, avant de s’endormir, il écoute Mozart durant une trentaine de minutes. « Je ne me lasse pas de Mozart, on sent qu’il a écrit avec son cœur.  Dvořák, je le trouve tellement artificiel. » Un regret dans la voix : « J’ai suivi des cours de solfège puis j’ai appris à jouer du violon. Un désastre. Le son que j’arrivais à en sortir n’avait rien de mélodieux, cela faisait d’horribles : ‘crins, crins’. » Il a très rapidement arrêté !

A Namur, à la maison de retraite, la messe est célébrée chaque jour par les prêtres qui y résident. « Je concélèbre tous les jours, ça m’entretient. » Chacun a son tour – et le Père Callewaert ne fait pas exception – pour présider l’eucharistie et prononcer le sermon. Une homélie qu’il prépare soigneusement. Elle est écrite, de sa petite écriture régulière, sur une page de bloc-notes. « Avant, je n’écrivais jamais une homélie, je pouvais improviser. Maintenant, je me méfie de ma mémoire. Je ne voudrais pas qu’elle se transforme en une série de ‘euh’, ‘euh’. Une homélie qui ne dépasse jamais 4 minutes, c’est bien assez. Quand je suis à la présidence, je vois des résidents qui dorment. Ils sont vieux… »

Son appel

Ses 70 années de vie sacerdotale, il les a célébrées, voici quelques jours, avec une messe. Et dans son homélie, le jubilaire a voulu rendre grâce à ses parents, flamands, pour « sa santé robuste » et la foi chrétienne transmise.

Septième d’une famille de huit enfants, il vit ses premières années à Comines et suit ses cours en France. Le Père Callewaert s’anime en se souvenant de ses instituteurs : « Ils étaient Français et très à l’aise dans la parole. » Pour le jeune Lucien, ils ont été, dans leur manière de jongler avec les mots, un exemple.

Aussi loin qu’il remonte dans sa mémoire, il se souvient avoir toujours voulu être prêtre. Lors de sa première communion, il a vécu profondément ce qu’il dit être un appel de Dieu. « Il m’a demandé ‘veux-tu ?’ et j’ai répondu ‘oui’. » Une affirmation répétée des années plus tard lorsqu’il entrera au noviciat, lorsqu’il sera sous-diacre, diacre et puis prêtre. « Ce n’était pas aussi clair que ce que je raconte aujourd’hui. Ce que je sais c’est que le Seigneur m’a pris petit à petit. Après coup, on se rend compte que ce que l’on a ressenti c’était son appel. »

Prêcher est toujours, pour lui, un bonheur. « Maman me racontait que quand j’étais petit, je m’appuyais sur mon lit comme si j’étais appuyé sur la chaire de vérité et elle m’entendait parler, parler… »
Lorsqu’il a été convaincu que la vie religieuse était sa voie, il s’est présenté auprès des Rédemptoristes. Il les connaissait bien, chaque jour lorsqu’il était enfant, il servait la messe pour eux. La famille vivait alors à Jette. Ses parents ont été très heureux de son choix. « Mon père ne me l’a pas dit mais je savais qu’il était content. Maman s’est contentée d’un ‘tu sais ce que tu dois faire maintenant.’ Magnifique. »

Un peu comédien

Durant toute sa vie, le Père Callewaert a prêché des missions paroissiales, la mission des Rédemptoristes. « J’ai aussi prêché pour des religieux et des religieuses mais jamais pour des prêtres, c’était trop difficile. » Il le reconnaît humblement, il arrivait régulièrement que des paroissiens viennent le féliciter pour ses propos après une homélie ou à l’issue d’une retraite. « Mon succès venait du fait que j’aimais bien raconter des histoires, des anecdotes qui plaisaient aux jeunes comme aux moins jeunes. J’étais fier de ces compliments. » Et de conclure : « Je devais être un peu comédien… »

Le Père Callewaert perd sa bonne humeur lorsqu’il se rappelle le jour où le Provincial de l’Ordre lui a signifié qu’il ne prêcherait plus de retraites. Laconique : « J’en avais jusque-là prêché 105… J’ai obéi. » Tristesse encore lorsqu’il constate que les Pères et les Frères Rédemptoristes sont toujours moins nombreux : en Occident, la relève n’est pas là. Les occupants de la maison de Namur attenante à l’église de la rue Godefroid quittent, atteint par l’âge, l’un après l’autre, les lieux…

Le Père Lucien Callewaert, ému, fatigué par cette plongée dans ses souvenirs, tient à conclure cet entretien. « Compter 70 ans de prêtrise, c’est extraordinaire. Certains jours, je me dis que j’attends la mort, d’autres que je peux encore attendre… »

Christine Bolinne

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