Les bouquets d’Annie passent à la télévision

« Il faut que ce soit flamboyant » précise Annie Ligny en manipulant avec dextérité le sécateur, des tulipes jaunes et blanches, mais aussi des lisianthus, des branches de spirée et du feuillage. Beaucoup de feuillages très variés. Annie est chargée de la décoration florale de l’église de Profondeville. Une mission qui fait son bonheur. Ce dimanche de Pâques, c’est avec vous, spectateurs de la messe télévisée qu’elle la partagera. La messe étant diffusée, en direct et en eurovision, depuis l’église Saint-Rémy de Profondeville vous pourrez admirer ses compositions florales.

Annie Ligny déborde d’énergie. Samedi, à 14h, la répétition de la messe télévisée de ce samedi débutera. Les caméras, les micros sont eux déjà installés. Régulièrement, des techniciens viennent bouger un câble, ajuster un micro… Annie reste, elle, imperturbable. Ses compositions florales doivent être terminées pour ce moment. « Lorsque je compose des bouquets dans une église, je le vis comme une prière. »

Au pied de l’autel, elle a installé les baquets avec ses fleurs. Un sac accueille les tiges coupées, les feuilles enlevées… Sa mission du jour : décorer le cierge pascal et composer deux bouquets. Pour le montage qui entoure le cierge pascal, elle a misé sur une mousse spéciale qui se gorge d’eau permettant ainsi aux fleurs de boire. Le montage est rond. Ingénieure commerciale à la retraite, Annie est aussi très intéressée par les mathématiques. Un jeu d’enfant pour elle de séparer son support en cinq parties et de les garnir de manière régulière. Régulière certes mais pas figée. Annie veut des fleurs « libres » qui s’épanouissent entre les feuillages venus de son jardin comme ces feuilles de lierre.

Nuit blanche

C’est avec un brin de fierté qu’elle admire le bouquet au pied de l’autel. Il est installé dans un vase transparent lui-même posé sur un support en fer forgé. Annie Ligny a passé une nuit blanche en tentant de trouver une solution pour disposer harmonieusement les fleurs. « Je ne voulais pas de tulipes droites dans le vase… » Sa solution ? Un grillage de poule roulé en boule et placé dans le vase. Les fleurs glissées dans les alvéoles trouvent judicieusement leur place. Du plus bel effet. « Si tout cela est beau, c’est parce que cela vient de la Création. »

Et lorsqu’elle pense avoir terminé, on lui signale qu’un bouquet devant l’orgue serait du plus bel effet masquant ainsi le buffet massif de l’instrument. Pas de panique. Il reste des fleurs mais pas assez. Sécateur à la main, Annie Ligny sort au pas de course de l’église pour se rendre chez le voisin où s’épanouit une magnifique spirée. Quelques minutes plus tard, les fleurs ont pris leur place dans le bouquet pour résultat très naturel.

Se laisser inspirer

Reste à ranger et à passer l’aspirateur. Annie qui avait débuté sa journée bien plus tôt par un tour au marché de Namur ne s’arrêtant, il n’y avait pas de temps à perdre, que chez les marchands de fleurs peut enfin souffler. Elle avait alors un impératif : trouver les fleurs qu’elle imaginait utiliser. « Pour un autre dimanche, si je ne trouve pas une fleur, ce n’est pas un drame. Je retombe toujours sur mes pattes, en en choisissant une autre. » Avant de créer ses bouquets, Annie Ligny a pris l’habitude de se familiariser avec les lectures des dimanches au cours desquels les fleurs seront en place. Elle se laisse inspirer. Des lectures qui l’aident dans le choix du montage plus classique, plus contemporain. Dans celui des fleurs et des couleurs. Notre amoureuse des fleurs avoue un petit faible pour les roses et les gerberas. La couleur. « J’aime ce qui est flash. »

La messe débutera ce dimanche à 11h. Annie redoute de constater, alors qu’elle aura pris place dans l’assemblée, qu’une fleur n’est pas bien placée. Elle ne pourra rien y faire et ça c’est compliqué.