Partager
Auteur
Christine Bolinne Auteure
Date
12 octobre 2023
Catégories
Communauté
Sanctuaire de Beauraing
Type
Les sœurs de la Doctrine Chrétienne ont quitté le Sanctuaire : « Beauraing restera en vous un trésor »
Une eucharistie d’au revoir tout en simplicité mais tellement remplie d’émotion. Les religieuses de la Doctrine chrétienne de Nancy n’ont pas « craqué » même si chacune avait le cœur lourd, très lourd même. Elles quittent, après 134 années de présence, le Sanctuaire de Beauraing où elles étaient tellement appréciées. Des religieuses, elles étaient encore quatre ces derniers mois, qui avaient une priorité : veiller sur les pèlerins venus prier Marie. Elles ont passé le flambeau, symbolisé par une bougie, aux sœurs du Cœur Immaculé au service de Marie au Cœur d’Or.
Bien avant le début de la célébration sœur Miriam, sœur Germaine et sœur Bénédicte – sœur Marie-Ghislaine était absente – avaient pris place, au premier rang, dans l’église du rosaire. Une église qu’elles connaissent tellement bien et où elles ont passé tant de temps à prier. Dimanche, peu de temps pour la prière, les fidèles, les uns après les autres, viennent les saluer, les encourager. Personne n’est dupe, cette eucharistie résonne douloureusement dans le cœur des religieuses. Alors, une main amicale posée sur le bras, un petit mot glissé au creux de l’oreille, une embrassade… voilà qui réconforte. Pour les entourer encore d’autres religieuses de la Doctrine Chrétienne de Nancy qui ont aussi joué un rôle, durant un temps plus ou moins long, au sanctuaire. Les religieuses vietnamiennes du Cœur Immaculé au service de Marie au Cœur d’Or sont elles aussi présentes. Elles sont actuellement trois et seront bien plus nombreuses pour l’ouverture de la saison mariale, le 1er mai prochain.
Le chanoine Rochette, recteur du Sanctuaire, saluera d’emblée les sœurs qui, pour la plupart ont déjà quitté les lieux. Une page de l’histoire se tourne. Une congrégation qui a entouré les enfants de Beauraing – beaucoup étaient enseignantes – avant de s’occuper des pèlerins présents après les apparitions. Le recteur : « Je souhaite à chacune un bel avenir là où elle est appelée en mission. » Sœur Miriam retourne dans son pays natal, le Chili. Sœur Bénédicte retourne elle aussi au pays mais au Grand-Duché de Luxembourg. Les deux autres vivront à Pondrôme.
« Une vie ancrée en Dieu et proche des hommes »
Commentant l’évangile du jour de Matthieu (« Il louera la vigne à d’autres vignerons »), Mgr Warin qui présidait cette eucharistie encouragera les chrétiens à oser. « Oser dire ce qui nous habite, à rendre compte de l’espérance qui est en nous avec douceur et respect. » Sans rien imposer poursuivra l’évêque. « Nous devons être des proposants de foi. Il nous faut oser la visibilité, mais sans arrogance. Sans arrogance, parce que la voie de Jésus a été celle de l’humilité. Nous devons nous garder de toute arrogance mais oser la visibilité parce que nous sommes dépositaires pour le monde d’un trésor. » Des propos qui conviennent tellement bien aux quatre religieuses. Et l’évêque de poursuivre avec des remerciements : « Merci aux Sœurs de la Doctrine chrétienne pour leurs 134 années de présence apostolique à Beauraing. Merci pour leur accueil empressé de la Vierge au Cœur d’Or en leur jardin, depuis le 29 novembre 1932 ! Elles ont offert, en leur maison de l’accueil, l’hospitalité à des milliers de pèlerins. Merci encore pour leur vie ancrée en Dieu et proche des hommes. »
Les prises de parole ont été nombreuses. On retiendra encore les propos de sœur Marie-Françoise Assoignon, déléguée épiscopale à la Vie consacrée : « En 2019, lorsque nous avons fait connaissance, chacune des six sœurs de la communauté d’alors m’a exprimé son désir d’être au service de la Vie, d’y éveiller. J’ai très vite apprécié dans votre communauté la grâce d’attitudes évangéliques : la présence joyeuse, la disponibilité sans faille, l’accueil chaleureux de chaque personne qui passe, l’écoute bienveillante et attentive de toutes les souffrances et difficultés de la vie qu’elles portent, le désir de travailler en partenariat. » Evoquant l’arrêt de la mission des sœurs au Sanctuaire de Beauraing, sœur Marie-Françoise ajoutera : « J’ai été heureuse d’accompagner votre recherche, vécue dans la prière, la confiance, le désir de vous ouvrir à la nouveauté qui surgirait, tout en portant un regard lucide sur la réalité, avec une grande liberté intérieure. J’ai appris à vous connaître davantage, à apprécier votre présence discrète et engagée dans le quotidien de la vie du Sanctuaire. Je suis certaine que Beauraing restera en vous un trésor, une grâce unique, même si la fragilité générale de la Province-Europe après des imprévus de Dieu plutôt interpellants et douloureux vous demande un sacrifice difficile. Je sais que votre départ veut permettre l’espace et la liberté de créer du neuf, de faire de ce lieu une unité de mission au souffle nouveau. Vous êtes pour nous comme des Jean-Baptiste qui dit de Jésus ‘Il faut qu’il croisse et que je diminue.’ Et de conclure : continuez à être « servantes des miséricordes de Dieu », témoins de la tendresse du Père au milieu des hommes, signes annonciatrices de la Doctrine de Vie, l’Evangile de Jésus Christ, refondatrices d’une espérance. »
Sr Marthe, provinciale de la Doctrine Chrétienne soulignera, elle, la mission remplie par les religieuses tout au long de l’année. « Aujourd’hui, dira-t-elle, nous ne pouvons poursuivre la mission d’hôtellerie à long voire moyen terme. »
Les larmes d’Ethan
Dans le cœur de ces religieuses, Notre-Dame de Beauraing occupe une place importante. Stéphane Terlinden, céramiste, a réalisé, pour chacune, une statuette de Marie au Cœur d’Or qui aura une place de choix dans leur nouveau lieu de vie. Les sœurs du Cœur Immaculé au service de Marie au Cœur d’Or ont, elles, fleuri leurs aînées.
Lors du verre de l’amitié, chacun a pu encore féliciter les sœurs, leur souhaiter le meilleur pour l’avenir, les inviter à revenir à Beauraing… Et puis, il y a eu les larmes d’Ethan. Un enfant de Beauraing, acolyte mais aussi tellement proche des religieuses. Ethan était tout simplement inconsolable.
Christine Bolinne
Photos : abbé Stéphane Décisier