« Li passée des Mwârts », rendez-vous à Anhée

Une vente aux enchères à la sortie de la messe du 2 novembre, jour des morts, voilà qui a de quoi surprendre. A Anhée, cela fait partie des habitudes. Une coutume pourrait-on même dire. L’argent provenant de cette vente aux enchères, principalement des produits du terroir, sert à payer des messes pour les défunts oubliés. C’est « Li passée des Mwârts ».

Lorsque l’abbé Jean-Christophe Rakotoarison est arrivé, c’était il y a 10 ans maintenant, comme curé de la paroisse d’Anhée, il a été, en entendant parler de cette « Passée des Mwârts » pour le moins surpris. Et depuis non seulement il encourage encore les paroissiens à participer mais il est aussi bien présent. L’abbé Rakotoarison : « Même si le nombre de participants est limité, je trouve que cette initiative modeste a le mérite d’exister. »
Alors une question : c’est quoi « Li passée des Mwârts » ? Elle a lieu le 2 novembre, le jour des morts. Après la messe de 10h, le parvis de l’église d’Anhée s’anime… Un peu avant la messe, les fidèles sont arrivés les bras chargés de paniers qui débordent, chaque fois, de fruits, de légumes… Il paraît qu’il peut même y avoir du vin !
La messe terminée, vers 10h30, Jules Dumont, un paroissien, entre en scène… En wallon, il anime une vente aux enchères pour le moins insolite. Ce sont les fruits, les légumes… récoltés et apportés par les habitants d’Anhée qui sont vendus. A une époque où l’on valorise le circuit court, impossible de faire mieux ! Chaque année, et ce en fonction des récoltes, ce sont des potirons, des poireaux, des pommes, des poires… qui sont proposés aux acheteurs. Jules Dumont, toujours très enthousiaste : « On a déjà eu un lapin, une poule, du miel. »
Son dynamisme fait des merveilles. L’objectif de cette vente aux enchères étant de faire grimper les prix ! L’argent qui est ainsi récolté est utilisé pour payer des messes en faveur des défunts oubliés d’où le nom « Li passée des Mwârts ».

L’histoire d’une tradition

« Li passée des Mwârts » s’est déroulée, pour la première fois, en 1939. Elle est née à l’initiative de Victor Jacob, un habitant du village de Mossiat et paroissien d’Annevoie. Il a lancé, en compagnie de son fils, Arthur, ce rendez-vous. Le duo père-fils a orchestré cette vente aux enchères du cœur pendant 11 années avant de passer le relais. En 1950, le curé Warnon demandait au colonel pharmacien Lucien Léonard, une autre figure locale, de reprendre la coutume. Une mission qu’il a remplie jusqu’en 1986 soit 36 années.
Le jeudi 2 novembre, si vous choisissez d’assister à cette vente aux enchères, vous constaterez qu’elle est donc animée par Jules Doumont. En acceptant cette mission du curé Poty, Jules Doumont n’imaginait pas qu’il allait battre des records… « Ce sera ma 37^e prestation. » souligne-t-il. Seules les mesures liées au Covid ont laissé fruits et légumes chez leurs producteurs !

C.B.
Photos d’archives : J.D.