« L’invincible espérance », récollection diocésaine de Carême

Le lundi 10 mars, plus de 200 acteurs pastoraux du diocèse de Namur se sont réunis au sanctuaire de Beauraing pour une journée de récollection de Carême placée sous le signe de la prière, du ressourcement et du partage fraternel. Cette journée, animée par Dom Armand Veilleux, moine trappiste et ancien père abbé de l’abbaye de Scourmont (Chimay), s’est articulée autour du thème de l’espérance, à travers le témoignage bouleversant des bienheureux m oines de Tibhirine et du testament spirituel de leur prieur, Christian de Chergé.

Un témoin privilégié

Dom Armand Veilleux, docteur en liturgie et théologie, spécialiste de la religion copte, a côtoyé de près la communauté de l’Atlas, brutalement dispersée en mars 1996, lors de l’enlèvement puis de l’assassinat de sept de ses moines. Fort de son expérience de pasteur et de chercheur, il a partagé un regard éclairé sur leur engagement au service de la paix et du dialogue interreligieux.

Au fil des enseignements, l’orateur a mis en lumière l’« invincible espérance » qui animait ces moines, enracinés dans la foi et la prière, malgré les menaces pesant sur leur présence en Algérie. Il a rappelé ces mots saisissants de Christian de Chergé, écrits en 1974 : « Il y a un parrainage auquel je me suis senti appelé, le parrainage de l’espérance. » Une espérance qui s’est incarnée jusqu’au bout dans leur choix de rester solidaires des habitants de Tibhirine, malgré le danger.

Un témoignage qui traverse les générations

Les moines de Tibhirine ne sont pas les seuls à avoir témoigné, au prix de leur vie, d’un amour désarmé et d’une fidélité radicale à l’Évangile. Pierre Claverie et dix-huit autres religieux et religieuses, tous engagés auprès du peuple algérien, ont également été béatifiés en 2018. À travers eux, c’est toute l’Église d’Algérie qui est donnée en exemple au peuple de Dieu et à l’humanité entière.

Le testament spirituel de Christian de Chergé, rédigé deux ans avant son enlèvement, demeure l’une des plus belles pages de la littérature spirituelle du XXe siècle. Il y exprimait son désir de voir avec le regard de Dieu : « Voir à travers les yeux de Dieu, mes frères en Islam comme il les voit. » Un regard qui dépasse la peur et la haine, et qui ouvre à une fraternité véritable.

Un envoi en mission

Entre ces moments de méditation et d’enseignements, un temps de célébration pénitentielle était proposé à l’église du Rosaire. La récollection s’est achevée par des vêpres à l’Aubépine. Monseigneur Warin a ensuite adressé un message d’envoi, invitant chacun à repartir avec cette espérance habitée par la confiance et le don de soi à l’image de ces pèlerins d’espérance que sont les moines de Tibhirine.

Christine Gosselin