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Auteur
Christine Bolinne Auteure
Date
18 juin 2010
Catégories
Evêché
Type
Mgr Rémy Vancottem, un évêque côté… passions
Depuis l’annonce de sa nomination par le pape Benoît XVI, Mgr Rémy Vancottem, le nouvel évêque de Namur, a déjà répondu à bien des interviews. Il a parlé de ses vingt-huit années passées dans le Brabant wallon, de l’importance qu’il accorde à l’écoute… On vous propose une interview plus personnelle de Mgr Vancottem. Le 30 eme évêque de Namur y parle de musique, de littérature mais aussi de politique.
Mgr Vancottem est un homme souriant. Et quand on le lui fait remarquer, il part d’un grand éclat de rire et ajoute: « Je ne sais pas, je ne me vois pas moi-même. Mais beaucoup me font cette réflexion. Ce qui est certain, c’est que je ne veux pas sourire pour sourire. Mais je trouve que les relations entre personnes souriantes deviennent tout de suite plus faciles. Quand je vois des jeunes la mine triste, le visage allongé je ne peux m’empêcher de leur demander de sourire. Pour moi, un visage souriant est bien plus beau ». S’il est souriant, Mgr Vancottem se défend d’être pour autant un éternel optimiste. « Je suis bien dans le réel. Je ne fais pas partie de ces gens béats devant la vie. Je n’ai juste pas envie de compliquer les choses quand il y a moyen de les rendre plus simples. »
J’aime le silence
On l’aura deviné, Mgr Vancottem aime aller à la rencontre des gens. Et les gens aiment venir à sa rencontre. Un jour, sa secrétaire a ainsi décidé qu’il n’irait plus faire ses courses dans une grande surface… ça lui prenait trop de temps! Elle s’en est chargée. Dimanche dernier, Mgr Vancottem aurait très bien pu arriver quand les bureaux de vote étaient fermés. Il avait choisi d’aller remplir son devoir de citoyen à pied. Un devoir civique qui s’est quasi terminé en bain de foule. Entre les remerciements et les encouragements pour son nouveau ministère, le chemin à parcourir a pris beaucoup, beaucoup de temps. Rien d’exceptionnel à cette balade dominicale. Le 30 eme évêque de Namur apprécie tout particulièrement la marche. Vous le rencontrerez, sans doute, en bordure de Sambre ou le long de la Meuse, à la citadelle ou encore dans les très belles forêts de nos Ardennes. « Près de chez moi, il y a la forêt de Halle, avec des hêtres immenses. C’est une forêt cathédrale. Quand je marche, je ne pense à rien. Et très souvent, c’est à ce moment-là que la réponse à une question que je me posais arrive. Régulièrement, je prie lors de mes marches, la nature aide à la prière. Comme j’aime prier en voiture. Je n’ai pas d’autoradio et je n’en veux surtout pas. J’aime ce lieu de silence. Quand on est dans le silence, la prière vient naturellement ».
« Régulièrement, je prie lors de mes marches, la nature aide à la prière. Comme j’aime prier en voiture. Je n’ai pas d’autoradio et je n’en veux surtout pas. J’aime ce lieu de silence. Quand on est dans le silence, la prière vient naturellement ».
Le mariage de Mademoiselle Beulemans
Le nouvel évêque est encore un passionné de lecture. Lorsque son agenda lui laissait un peu de temps libre, il lisait aussi des romans. Aujourd’hui, faute de temps, il se recentre exclusivement sur les parutions théologiques. Mgr Vancottem ne trouve, par contre, qu’un intérêt modéré à la télévision. Juste, chaque soir, le « 12 minutes » de la RTBF aux alentours de 22h pour se tenir au courant de l’actualité. Le successeur de Mgr Léonard avoue cependant ne rater, pour rien au monde, une énième diffusion de deux pièces de théâtre: « Le mariage de Mademoiselle Beulemans » ou encore « Bossemans et Coppenolle ». « J’ai beau les connaître par coeur, je ris toujours aux éclats. C’est la même chose quand je regarde un film avec Fernandel, Bourvil ou encore de Funès. C’est irrésistible. » Même s’il n’est pas un passionné de football, Mgr Vancottem jette un oeil sur les retransmissions de la Coupe du monde… « Regarder tout un match à la télévision, ça m’énerve. Par contre, j’essaie de regarder le dernier quart d’heure, là c’est supportable. J’ai bien compris que le football est important pour beaucoup de personnes et que c’est un des sujets de conversation. Donc, je me dois d’être au courant des résultats.»
La lecture, la télévision… reste à explorer le volet musical. « Pour moi, le Canon de Pachelbel est tout simplement irrésistible annonce avec un large sourire et les yeux brillants d’émotion Mgr Vancottem. Là, je me détends complètement. Je ne branche jamais la musique en fond sonore. Quand je mets de la musique c’est pour l’écouter pleinement. » Pour compléter ce tableau côté « passions », sachez encore que Mgr Vancottem aime voyager. L’éruption du volcan, en avril dernier, lui a permis de prolonger un séjour au Liban, chez les moines maronites. «Je suis sensible à la beauté. Et là, c’était tout simplement merveilleux il y a la montagne et le monastère surplombe la méditerranée. J’aime les voyages qui sont à la fois, religieux et culturels .» Mgr Vancottem a encore séjourné en Syrie mettant ses pas dans ceux de saint Paul. Il est allé en Turquie toujours sur les traces de saint Paul ou encore en Chine, c’était avec le cardinal Danneels.
«Je suis sensible à la beauté. Et là, c’était tout simplement merveilleux il y a la montagne et le monastère surplombe la méditerranée. J’aime les voyages qui sont à la fois, religieux et culturels. »
« Je ne me laisse pas impressionner »
Comme tous les Belges, Mgr Vancottem n’a pas pu ne pas s’intéresser à la dernière campagne électorale et aux résultats sortis des urnes. Son commentaire est sans complaisance. « Je trouve qu’il y a eu beaucoup de gesticulations avant les élections. Et quand les personnes qui étaient dans l’opposition arrivent au pouvoir, on se rend compte que leur ton change. Elles constatent que la marge de manœuvre est étroite et déjà on tend la main aux francophones. »
La politique ne fera certainement plus partie, dans les pochains jours, des priorités de l’évêque diocésain. Pour Mgr Vancottem, le week-end sera riche en émotion. Samedi, à 14h45, lors d’une messe d’action de grâce, en la collégiale Sainte-Gertrude de Nivelles, Mgr Rémy Vancottem fera ses adieux au Vicariat du Brabant wallon dont il aura assuré la charge pendant 28 ans. Dimanche, à la cathédrale Saint-Aubain, ce sera la prise de possession du siège épiscopal avec, dès 15h45, le rite d’accueil. Un déroulement très précis à respecter scrupuleusement. « Je dois bien me préparer pour éviter de me crisper face à ce cérémonial. Et c’est là toute l’importance d’avoir un bon cérémoniaire à mes côtés. Il aide le célébrant à ne pas se poser de questions et à ainsi pouvoir s’abandonner dans la prière ».
Christine Bolinne
Photos: André Dubuisson