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Auteur

Christine Gosselin Auteure

Date

14 novembre 2024

Catégories

Type

Actualités diocésaines
Témoignages

Parcours d’une résistante : Patricia Vansnick, une vie dédiée à l’action sociale

Engagée dans l’action sociale depuis ses 17 ans, Patricia Vansnick affirme tout au long de son parcours un souci de soin et de solidarité envers les plus démunis. Présidente de l’ASBL Espace Communautaire St Jean-Baptiste – St Loup « Éscholle dominicale pour les pauvres » de Namur, ses activités au service de la réinsertion sociale, de l’accueil des personnes sans-abris et du « droit au logement décent pour tous », témoignent d’une résistance qui ne faiblit pas au cours des années !

« J’aime les gens, les découvrir, les écouter, être auprès d’eux. » C’est par ces mots que Patricia Vansnick décrit son engagement dans l’action sociale, guidé par les témoignages de ses parents et les rencontres qui ont jalonné sa vie : « Les mouvements de jeunesse et l’enseignement – notamment chez les Ursulines – ont été pour moi une véritable école de vie, une ouverture sur les autres et sur la diversité. »

Ses premiers engagements prennent forme à l’adolescence. Patricia Vansnick a tout juste 17 ans quand elle devient bénévole dans le quartier Nord de Bruxelles. « C’est là que j’ai commencé à m’ancrer dans une certaine vision de la société, guidée par une directrice qui faisait confiance et portait les fragilités des autres avec beaucoup d’humanité. »  Dans cette maison .

communautaire de quartier, elle accompagne des personnes âgées, des familles, des femmes et des enfants. Elle entame des études d’infirmière, avec un objectif clair : devenir infirmière sociale :

 Des projets d’accompagnement global en équipe

Après un déménagement à Namur, Patricia Vansnick se lance dans de nouveaux projets. Elle y rencontre des professionnels de la santé et des personnes actives à la paroisse St Jean. Ensemble, ils décident de se réunir pour réfléchir à l’accueil et aux soins apportés aux personnes en difficulté. Expérience passionnante qui, outre les liens créés, offre de belles rencontres, nourrit la réflexion et ouvre les yeux sur les réalités de la ville et de ses habitants les plus fragiles. À cette époque, la paroisse a déjà organisé deux services dans le quartier ‘Li p’tite buwèye[1]’, lavoir social rue Rupplémont et, au sein même de la cure, un espace nommé ‘Li Vi clotchi ‘ qui accueille trois fois par semaine les gens de la rue pour se restaurer. Deux services animés et organisés par des bénévoles et toujours actifs aujourd’hui. « C’est le rôle des chrétiens de soutenir ceux qui sont dans le besoin » aime à répéter l’abbé Malherbe.

Par ailleurs, notre nouvelle namuroise commence à travailler dans une crèche de la ville, où elle trouve une grande liberté d’action.

Elle a la chance de participer à la mise en œuvre de crèches à projet particulier comme « Les Bouts d’Choux » crèche ouverte 24h/24h et deux crèches d’accueil d’urgence :  Piconette et Les Canailloux. Elles accueillent des enfants dont les familles connaissent la précarité, dont les parents ont besoin de souffler, sont en réinsertion sociale ou professionnelle. Dans ces crèches, la question de l’écoute des parents fait partie intégrante du travail collectif et individuel de l’équipe. La puéricultrice s’occupe de l’enfant, mais accompagne aussi les parents dans leur parcours. »

C’est avec ce souhait de proposer un accompagnement global que Patricia rejoint l’Arche d’Alliance, une maison d’accueil pour femmes en difficulté et une crèche sociale « La Volière » fondées par Sœur Agnès Gilles. La priorité y est donnée à la construction d’une pédagogie basée sur l’écoute et le respect qui implique pleinement les équipes dans les décisions.

« Dans le social, on constate des besoins. L’action, la réflexion, la remise en question portent sur comment faire émerger une réponse. Il faut tenir un équilibre entre l’accompagnement individuel et collectif, explique Mme Vansnick ; l’accompagnement donne lieu à des rencontres extraordinaires : les personnes accueillies sont ‘cash’… Quand on n’a plus rien, les barrières tombent. Le discours est brut… et heurte parfois nos a priori, confronte nos propres peurs…On se rend compte que la plupart de ces personnes ont eu une famille, un travail, une maison… Mais tout n’est pas perdu. S’ils arrivent jusqu’à nous, c’est qu’ils ont quelque chose à donner, c’est qu’il y a une pulsion de vie, comme une force qui les pousse à se lever et se tenir debout. La question du « sans chez soi » devient alors fondamentale comme levier de toute réinsertion potentielle. Elle est le point de départ de tout ».

Une vision d’ensemble : des initiatives diverses

En 2012, Patricia fait partie de l’équipe de direction des Trois Portes, une ASBL qui regroupe où se logent les activités de plusieurs associations fusionnées : l’Arche d’Alliance, la crèche « La Volière », les maisons d’accueil pour hommes de l’ASBL « Avec Toit », la Fondation Gendebien. « Je n’ai jamais imaginé occuper un poste de direction, mais finalement, c’était un travail d’équipe et de confiance qui m’a passionnée. On est dans une pyramide inversée… La direction supporte, impulse, soutien, cherche les moyens. Ce sont les équipes qui opérationnalisent, qui sont actives sur le terrain et témoins de ses réalités….  De nouveaux hébergements et équipes d’accompagnement sont créés, des relais organisés avec les services du réseau psycho-social namurois … Pourtant, il y a de plus en plus de personnes dans la précarité. 40 000 ménages attendent encore un logement en Wallonie. Durant le dernier plan hiver, il a fallu tirer au sort les places en abri de nuit à Namur !

Vers l’avenir : une action toujours en mouvement

Retraitée depuis 2021, Patricia Vansnick préside l’asbl « Espace communautaire Saint Loup, Saint Jean-Baptiste », tout en travaillant activement sur le terrain pour soutenir l’ équipe aujourd’hui professionnalisée à Li p’tite buweye, qui accueille des personnes sans-abris en journée ; et à  L’ASBL « Le Passage pour personnes sortants de prison », qui soutient la réinsertion de personnes sortant de prison en proposant un hébergement transitoire et un accompagnement en collaboration avec les services professionnels.

Infatigable et viscéralement positive, Patricia, maman de trois enfants et grand-mère de quatre petits-enfants, cultive aussi, avec son mari, la rencontre à travers la vie de famille, les amis et la lecture. Rencontre avec elle-même également à travers des moments de solitude dans la nature, ou les travaux manuels qui lui permettent de se retrouver, de garder un équilibre, « de prendre soin en étant soi-même soigné ».

Pour Patricia, le message évangélique se vit dans le quotidien, dans chaque petit geste de solidarité et de résistance. Pour elle, il est essentiel de continuer à réfléchir et à s’adapter aux besoins changeants de la société : « Ce qu’on fait, c’est une petite goutte dans l’océan, mais c’est ainsi que se construisent des changements durables. »

Christine Gosselin


[1] Li P’tite Buweye, Centre d’accueil de jour et lavoir social, a pour mission d’offrir un espace d’accueil comprenant des services pour l’hygiène personnelle (douche), vestiaire et lavoir social pour les personnes namuroises en situation de précarité.

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