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Auteur

Thibauld Menke

Date

28 février 2025

Catégories

Enseignement
Formation
Séminaire

Type

Actualités diocésaines
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Pascal, précurseur de l’IA ? Retour sur un colloque aux multiples talents

C’est dans les murs de la faculté de philosophie et lettres de l’Université de Namur que s’est tenu les 24 et 25 février 2025, un colloque sur la figure de Blaise Pascal. Fruit d’un partenariat entre le Grand Séminaire Francophone de Belgique et le Centre Universitaire Notre-Dame de la Paix de l’UNamur, cet événement a réuni des théologiens, philosophes, scientifiques, entrepreneurs, historiens pour explorer les différentes facettes d’un homme à cheval entre la philosophie et la science. Retours sur un colloque dont les actes paraîtront en automne 2025.

Le 19 juin 2023, nous célébrions la naissance de Blaise Pascal. Pour cette occasion, le pape François avait publié une lettre apostolique intitulée Sublimitas et Miseria Hominis, dans laquelle il rendait hommage à Pascal en soulignant son rôle « d’infatigable chercheur de vérité », et en mettant en évidence le paradoxe central de sa pensée : misère et grandeur de la condition humaine. La condition humaine était au cœur de l’œuvre de Pascal, véritable clef de voûte de sa pensée. Cette condition humaine qu’il a voulu « éclairer, non seulement en partant de son expérience et de sa recherche personnelle, mais aussi à la lumière de la foi, à la lumière de la question de Dieu », comme nous le rappelait l’abbé Joël Spronck, recteur du séminaire, dans son introduction du colloque.

Car, chez Pascal, tout était dialogue entre fini et infini, entre rationalité et transcendance. Il ne fut pas seulement un mathématicien de génie, mais aussi un philosophe qui continue d’inspirer aujourd’hui. Alors que la première journée du colloque s’est plutôt concentrée sur le Pascal scientifique, la seconde a exploré le caractère mystique et théologique du philosophe.

Lundi, Pascal Dasseleer, professeur de métaphysique au Séminaire de Namur, a ouvert les festivités en nous présentant une biographie du philosophe, lequel fut suivi par une intervention d’Etienne de Rocquigny, entrepreneur et auteur du livre « Le sens de l’IA », nous présentant un Pascal entrepreneur, un start-uppeur inspirant pour aujourd’hui. L’après-midi, Marie Gevers et Dominique Lambert de l’UNamur nous ont présenté les contributions de Pascal à la science, et tout particulièrement au calcul des probabilités, à la théorie des jeux. Pascal est notamment l’inventeur de la Pascaline, première machine à calculer de l’histoire. La journée s’est achevée avec une messe présidée par Mgr Terlinden, archevêque de Malines-Bruxelles, à la chapelle du Séminaire.

Mardi, l’abbé Christophe Rouard, du Séminaire de Namur, a ouvert la journée en nous présentant Pascal à la lumière de l’action humaine ; la matinée fut suivie par une intervention de Marie-Gabrielle Lemaire, théologienne, sur les liens entre Pascal et le cardinal de Lubac. L’après-midi, nous avons pu discuter de l’apologétique chez Pascal avec l’abbé Christophe Cossement, et approfondir la théologie mystique de Pascal, tout particulièrement sa « nuit de feu », avec Jean-Michel Counet de l’UCLouvain. La journée, ainsi que le colloque, furent conclus avec la lettre apostolique du pape, lue par Mgr Harpigny, évêque de Tournai, qui présida la messe de clôture.

Chaque jour, les participants ont pu manger le midi au Séminaire et partager le soir un verre de l’amitié au Séminaire. Ces temps conviviaux furent l’occasion de beaux échanges.

Reste enfin à déterminer si cette « occasion du quatre-centième » anniversaire était suffisante. En d’autres mots, qu’est-ce que Pascal peut apporter quatre siècles après sa naissance, et quelle est la finalité d’un colloque à son sujet ?

Ces deux journées d’étude nous ont enseigné que l’opposition entre science et foi n’est pas aussi pertinente que ce qu’on en dit, et que Pascal nous a montré le mouvement perpétuel qui unit les domaines de la rationalité et de la transcendance. Il a opéré un « décloisonnement épistémologique » que Joël Spronck a qualifié dans son introduction de « bienfaisant » pour notre époque qui a tant de mal à faire dialoguer les domaines du savoir.

Dans un siècle de technologie, où les modèles de langage (les « IA ») se multiplient, où la mécanique prédictive voudrait avoir réponse à tout, et où la science semble triompher sur la quête de sens, quelle est la place pour la spiritualité ? Où est la place de l’âme et du cœur dans un monde régi par des algorithmes ? Plus concrètement : quelle est la place de la souffrance, de l’ennui, de l’amour, bref, de l’humain, dans un monde où la technologie voudrait s’imposer comme substitutif à toutes nos interrogations ? Ces questions, Pascal a tenté d’y répondre. Humblement, à sa manière, entre traités mathématiques et pensées inachevées sur des liasses de papier. Et c’est sans doute en ce sens qu’il garde toute sa pertinence et sa modernité.

T.

Galerie photos de l’événement

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