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Auteur

Christine Gosselin Auteure

Date

10 février 2025

Catégories

Art

Type

Actualités diocésaines

Pèlerins de l’espérance – Jubilé des artistes

À l’abbaye de Maredret, l’art de l’enluminure et le chant grégorien ne sont pas de simples pratiques : ils incarnent une Espérance vivante et une transmission de foi enracinée dans la tradition chrétienne. À travers leurs œuvres d’art et de prière, les sœurs transcendent les limites humaines et perpétuent un héritage spirituel médiéval qui porte en lui sa promesse d’avenir. Mère Bénédicte, Sœur Gertrude et Sœur Fidès portent témoignage d’un amour divin qui se déploie dans la beauté du geste, la perfection recherchée, et le silence habité.

Une tradition artistique au service de la foi.

L’histoire de l’enluminure à l’abbaye de Maredret débute avec Sœur Agnès Desclée qui fonda l’atelier en même temps que la communauté en 1891. Depuis, cet art a été transmis de génération en génération par des sœurs dévouées, parmi lesquelles Mère Marie-Madeleine Kerger, Mère Marie-Louise Lemaire et Mère Bénédicte Witz. Aujourd’hui, ce flambeau est porté par Sœur Gertrude, Sœur Agathe et Sœur Fidès, qui perpétuent cette tradition dans un esprit de foi et d’Espérance.

Mère Bénédicte, qui a consacré sa vie à l’enluminure, se souvient de ses débuts en 1956. « Je ne savais pas ce que c’était qu’une miniature quand je suis arrivée, » raconte t-elle. Originaire de Sélestat, en Alsace, elle avait tout juste 21 ans lorsqu’elle intégra l’abbaye. Son talent pour le dessin fut rapidement remarqué. « Mère Marie-Louise m’a demandé de dessiner deux moines qui ciraient des
souliers. Nous étions plus nombreuses à l’époque. Nous étions 89 dans la communauté quand je suis arrivée. Nous étions assises à de petites tables positionnées, chacune devant une fenêtre, dans cette grande salle de l’ouvroir. Le dessin a dû lui plaire, car très vite elle m’a prise dans son atelier au quatrième étage et m’a enseigné cet art de la miniature dont le siècle d’or est le XIVᵉ siècle. »
Avec une sérénité empreinte d’émotion, elle ajoute :


« Notre abbaye bénédictine a reçu cette mission d’évangéliser à travers l’écriture » rappelle Sœur Gertrude. L’enluminure (art de décorer les manuscrits dans lequel on peut reprendre la calligraphie, la miniature, les motifs ornementaux et lettres ornées, dorures et couleurs), la pratique du chant grégorien et le travail manuel forment les trois grands axes de notre vie de foi et de prière, trois vecteurs de l’Espérance.


L’enluminure : un chemin vers Dieu

À Maredret, l’enluminure n’est pas qu’une discipline technique. C’est un acte de foi, une prière silencieuse. « Avant chaque travail, nous prions, » explique Sœur Fidès, arrivée de Madagascar il y a six ans. « Nous offrons notre travail au Seigneur. Souvent, en dessinant, je parle avec Jésus ou Marie. Je suis avec eux, toute à mon travail. »
« L’enluminure apaise, » poursuit Sœur Gertrude. « C’est une thérapie pour l’âme. On recherche la perfection dans ce que l’on fait, car le beau doit refléter le vrai et le bon. Comme le disait saint Thomas d’Aquin, c’est à la croisée du vrai et du bon que se trouve le beau. C’est ce beau qui élève l’âme et la mène à la rencontre de Dieu. »
Toujours empreinte d’humour, Mère Bénédicte ajoute : « C’est sûrement pour cela qu’on a monté l’atelier au quatrième étage : pour être plus près du ciel ! »
L’étymologie du mot « enluminure » renforce cette dimension spirituelle. En latin, illuminare signifie « illuminer ». « Lorsque je travaille sur une miniature, je me sens illuminée intérieurement par l’Esprit Saint » confie Sœur Fidès. « Je répète souvent : “Esprit Saint, éclaire moi, sanctifie moi, donne moi la force.” » Et Mère Bénédicte de ponctuer : « je demande à Jésus de venir à mon aide à tous moments, dans mon travail… dans ma prière… et surtout quand je me retrouve en bas des escaliers » sourit celle qui fêtera cette année ses 90 printemps !


Le chant grégorien : une autre voie d’élévation

Outre l’enluminure, le chant grégorien joue un rôle fondamental dans la vie de l’abbaye. Présent depuis sa fondation, il a été revitalisé en 2018 par Sœur Gertrude et le père Stéphane d’Oultremont, donnant naissance à un chœur de chant : la Schola Saint-Jean-Baptiste.
Sœur Gertrude, musicienne accomplie – elle joue du piano, de la flûte, de la guitare, de l’orgue et de la cithare – explique :


Une Espérance vivante et universelle

« Nous n’avons rien conservé du Paradis que l’amour de l’art » écrivait Alfred de Vigny. Cette citation illustre parfaitement l’esprit qui anime les sœurs de Maredret. Lorsqu’une œuvre d’enluminure quitte leur atelier ou que les chants grégoriens résonnent dans l’abbatiale, elles savent que leur travail a touché une âme.


Cependant, cet amour n’est jamais séparé de la croix. C’est ici qu’intervient la force de l’Espérance, une Espérance qui transcende les souffrances humaines pour la gloire de Dieu. Ainsi, à travers l’art, les sœurs de Maredret témoignent de cette promesse vivante, unissant les générations dans une foi qui ouvre vers l’infini.

Christine Gosselin

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