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Auteur

Christine Gosselin Auteure

Date

17 juin 2024

Catégories

Enseignement

Type

Vie d’Église

Plus forts car vulnérables !

Invitée par le Service d’accompagnement diocésain, Marie-Jo Thiel proposait ce 23 mai à Marloie une réflexion sur les causes profondes de la crise systémique de l’Église après la révélation des abus en son sein. Peut-on transformer cette crise en opportunité pour l’Évangile ? Une vulnérabilité assumée et discernée peut-elle être un des éléments du discernement, un chemin pour construire un monde plus juste et une Église vraiment évangélique ?

Marie-Jo Thiel, docteure en médecine et en théologie, professeure émérite à l’Université de Strasbourg, et fondatrice du du Centre Européen d’Enseignement et de Recherche en Éthique (CEERE), plaide pour une réforme en profondeur de l’Église. Après les formations de Karlijn Demasure, le service d’accompagnement propose d’approfondir la réflexion avec son livre « Plus forts car vulnérables », paru en mai 2023.

L’expérience de la vulnérabilité

Du côté de l’Église, la question de la souffrance, de la douleur a longtemps été mise de côté au profit de celle du pêché, peut-être plus facile à traiter ? Dans notre société technologique, juridique qui prêche le transhumanisme, la vulnérabilité n’a pas meilleure presse … Si elle apparait, c’est souvent de manière négative pour désigner une situation de facilitation des agressions, parce que la victime est mineure, en situation de handicap, vit dans des situations de graves précarités sociales. Cette acceptation restrictive de la vulnérabilité risque de cantonner les victimes dans un rôle « de responsables-coupables » d’être vulnérables ; elle maintient, par ailleurs, la fragilité loin des instances de pouvoir et de décision. Enfin, elle ne prend pas en considération les contextes et pratiques qui fragilisent une personne qui n’était pas particulièrement vulnérable.

Or l’expérience de la vulnérabilité n’est ni positive, ni négative, elle est ontologique. Elle est le corolaire de notre finitude, une faiblesse et en même temps une force puisque cette « vulnus » (du lat. blessé, blessable) nous permet de nous ouvrir à la relation à l’autre ; elle peut être une chance pour recevoir la grâce de Dieu.

Sans sombrer dans le dolorisme bien-sûr, il est important de reconnaître sa vulnérabilité. Donald Winnicott disait que quand on vient au monde, on nait dans un sentiment d’omnipotence, en continuité avec sa maman qui répond au doigt et à l’œil. Renoncer à l’omnipotence est ce qui permet à l’enfant d’être lui-même et de se tourner vers l’extérieur. Il y a une fonction d’appel et de reconnaissance dans la vulnérabilité.

La crise des abus sous le regard du Christ vulnérable

Le clerc qui fonctionne dans le sacré au nom de l’Église est souvent tenté de se sentir en position de supériorité, d’invulnérabilité. Il a quasi tous les pouvoirs. Cela peut conduire à un cléricalisme rigide, institutionnalisé, et à de mauvaises relations avec les laïcs. Or, la révélation chrétienne ne révèle pas un Dieu tout-puissant, un dictateur, un justicier. A l’inverse, Dieu se révèle en Jésus, fort et vulnérable qui rejoint notre vulnérabilité pour nous faire don de sa force. La porosité qui est la nôtre, nous permet de le suivre et de le laisser prendre soin de nos vulnérabilités. Cette démarche convoque en nous la résilience de l’amour pour traiter la vulnérabilité non en l’occultant mais en l’ouvrant. La vulnérabilité du Dieu de Jésus est essentielle. L’Évangile nous vulnérabilise « Quand Dieu aime ce n’est pas qu’il a de l’amour mais qu’il est Amour. Un amour que j’accueille en moi. Dieu se laisse reconnaitre mais aussi méconnaitre. Il assume sa vulnérabilité pour nous accueillir avec les nôtres. La porosité de la vulnérabilité laisse jaillir des sources d’eau vive pour nous nourrir de la grâce. »

« Quand Dieu aime ce n’est pas qu’il a de l’amour mais qu’il est Amour. Un amour que j’accueille en moi. Dieu se laisse reconnaitre mais aussi méconnaitre. Il assume sa vulnérabilité pour nous accueillir avec les nôtres. La porosité de la vulnérabilité laisse jaillir des sources d’eau vive pour nous nourrir de la grâce. »

Marie-jo thiel

La crise actuelle comme un évènement de parole / Parole pour une Église renouvelée par les charismes des baptisés

Il y a un événement en Christianisme : Imprévisible, Irréversible, la Parole incarnée. C’est événement c’est Jésus-Christ. La crise actuelle invite à « retrouver » cette Parole. Peut-être le synode peut-il être considéré comme un « kairos » pour construire une église plus évangélique, une église dans laquelle le baptême réunit tous et chacun à égalité. L’image des ministères est appelée à évoluer. Un discernement des charismes (cf. saint Paul) est nécessaire pour une restructuration en profondeur de l’Église. Marie-Jo Thiel plaide pour la reconnaissance des charismes et leur accessibilité à tous les baptisés, pour des ministères portés par des charismes sur base de l’égalité des baptisés.

« Un discernement des charismes (cf. saint Paul) est nécessaire pour une restructuration en profondeur de l’Église. Marie-Jo Thiel plaide pour la reconnaissance des charismes et leur accessibilité à tous les baptisés, pour des ministères portés par des charismes sur base de l’égalité des baptisés. »

Christine gosselin

« Le propre de l’espérance, c’est d’espérer l’inespéré » disait S. A. Kierkegaard.

Christine Gosselin

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