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Auteur

 Diocèse de Namur

Diocèse de Namur Rédacteur

Date

28 juillet 2023

Catégories

Art
Sanctuaire de Beauraing
Spiritualité

Type

Témoignages

Portrait d’artisan : un céramiste passionné à propos d’une commande atypique

Stéphane Terlinden et les mystères lumineux

C’est en 2007 que l’abbé Jacques Gilon, alors recteur des Sanctuaires de Beauraing, invita le céramiste Stéphane Terlinden à réaliser un tableau figurant les mystères lumineux du Rosaire. Cette œuvre était destinée à prolonger la composition de Max van der Linden, installée depuis les années 1980 dans l’église supérieure et évoquant les mystères joyeux, douloureux et glorieux. Stéphane Terlinden se souvient de cette époque.

Envie de rencontrer l’artiste ? Venez ce samedi 29 juillet à Beauraing, il y tiendra une conférence : infos.

Témoignage :

Nous étions alors dans les préparatifs du 75e anniversaire des apparitions. Pour cette occasion, l’abbé Gilon avait à cœur de compléter la série des mystères décorant l’église supérieure. Plutôt que de souhaiter une réalisation alignée sur le travail de Max van der Linden, il préféra me laisser carte blanche avec pour seule consigne la création d’une œuvre figurative aussi lumineuse que les épisodes qu’elle devait évoquer.

Très honoré par une telle marque de confiance, je me suis lancé dans la relecture de l’histoire de Beauraing, dont je ne connaissais que des éléments épars. À cela s’ajoutait ma connaissance très médiocre des mystères du Rosaire et de l’usage du chapelet, univers peu familier à la plupart de mes contemporains nés dans les années 1960.

Il me faut avouer que cette aventure extraordinaire vécue par cinq jeunes « comme les autres », au cœur d’un hiver de l’entre-deux-guerres, à l’ombre crépusculaire d’un pont de chemin de fer situé dans une localité rien moins que touristique, m’a profondément ému. Marie se manifestant au cœur de cette grisaille, de cette humilité, c’est un signe bien plus « lumineux » que si tout cela s’était passé en pleine clarté, en pleine splendeur, en pleine évidence !

Ceci a contribué au choix des couleurs destinées à soutenir mon illustration des mystères lumineux : le bleu, le blanc, le jaune doré et le vert, alliance de la fidélité, de la simplicité, de la lumière et de la croissance ou, si l’on se place dans une perspective mariale : les couleurs de la fidélité, de la pureté, de la gloire et de l’espérance.

Les cinq moments « lumineux » de la vie du Christ proposés par Jean-Paul II à notre méditation sont extrêmement inspirants. On y trouve des épisodes aisément visualisables tels que le baptême dans le Jourdain, le repas de noces à Cana, la première Eucharistie, la prédication sur les rives d’un lac, mais aussi cette vision dépassant tout entendement qu’est la Transfiguration.

L’iconographie chrétienne nous apporte quantité de modèles. La céramique émaillée, technique très humble de par le matériau qu’elle sollicite, induit des figurations simples, voire naïves.  Afin que celles-ci ne basculent pas dans le stéréotype, il importait de les colorer et de les agencer de manière aussi harmonieuse que possible.

J’ai donc choisi de placer la Transfiguration au centre de la composition. Encadrant celle-ci, les autres moments offerts à la méditation. Aux extrémités j’ai ajouté deux représentations du site des apparitions : le pont du chemin de fer et le pensionnat des Sœurs de la doctrine chrétienne, entourés de couronnes végétales incluant roses, feuilles de houx et d’aubépines.

Restait à donner du liant à ces éléments juxtaposés, tout en évitant d’alourdir ou de brouiller l’ensemble. Les versets 26 et 28 du chapitre 6 de l’Évangile de Matthieu, évoquant la simplicité des oiseaux du ciel et des lys des champs, m’ont apporté des éléments de solution. Exemptes de préoccupations matérielles, ces modestes créatures associées au blé et au raisin, allégories de la nourriture spirituelle, m’ont semblé constituer un soutien propice au dialogue entre les époques du récit évangélique et des apparitions.

La réalisation de ce programme et le bel accueil que Beauraing lui a réservé restent des moments qui comptent dans ma vie de céramiste. Contribuer à l’embellissement d’un lieu où le monde d’En-Haut s’est avancé à la rencontre de notre humanité est un rare privilège. Alors que ce défi aurait dû m’intimider, le long travail de mise en formes et en couleurs m’a offert d’irremplaçables journées de recueillement. Il m’a permis de mieux deviner à quel point un mystère n’est pas un message tenu hors d’atteinte de notre compréhension et de notre aptitude à représenter, mais une réalité que nous n’avons jamais fini de comprendre, de considérer avec le regard changeant de notre foi, de nos doutes et de nos aspirations. Le dialogue avec l’argile s’est ici substitué au chapelet pour m’accompagner dans ce petit voyage intérieur. Ainsi considéré, le travail artisanal prend une tout autre dimension…

Quinze ans se sont écoulés depuis cet « épisode » que je me remémore avec émotion et gratitude. Mes réalisations se partagent depuis lors entre sujets tirés de l’histoire sainte, source inépuisable d’inspirations, sujets architecturaux et paysagers, parmi lesquels, sur commande, des vues de propriétés. Mon atelier et mon exposition permanente sont visitables sur rendez-vous via la rubrique « contact » de mon site-web www.stephane-terlinden.be

Stéphane Terlinden

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