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Auteur
Christine Gosselin Auteure
Date
4 mai 2021
Catégories
Catéchèse
Patrimoine
Saints et saintes
Sanctuaire de Beauraing
Type
Potales, reposoirs, chapelles et chêne à l’image dédiés à Marie
Potales, reposoirs, chapelles, chênes à l’image, grottes, etc. font partie de ce qu’on nomme communément le « petit Patrimoine sacré ». Nombre de ses expressions sont consacrées à la Vierge Marie, accompagnée ou non de l’Enfant Jésus. Ce patrimoine apparait dès lors comme autant de témoignages de la place toute particulière que tient Marie dans l’Église.
« Marie est comme un vase rempli de Dieu seul, en elle il n’y a pas d’obstacle à l’amour de Dieu, pas d’égoïsme, pas de repli sur soi, elle est totalement libre… Elle est celle qui, avec douceur et bonté, présente les prières des fidèles à son fils »
François vayne
Le caractère maternel et la proximité de Marie sont certainement des aspects essentiels de l’attachement des fidèles et explique que « la représentation de la Vierge, accompagnée de l’Enfant Jésus ou non, est incontestablement le thème le plus fréquent. Le culte réservé à la Vierge Marie tient la place la plus considérable chez nous, comme partout ailleurs sans doute, fréquemment avec des attributs particuliers, par exemple N.-D. de Lourdes, N.-D. des Sept Douleurs et bien d’autres, mais aussi sous la simple appellation de »Notre-Dame » ou »Vierge Marie ». Plusieurs »chênes à l’image », avec figuration de la Vierge, témoignent également de la dévotion à Marie, écrit le chanoine José Gennart dans son ‘Monuments et vocables religieux dans le diocèse de Namur’. » Mais précisons quelque peu les différents éléments de ce patrimoine et leur fonction.
Petit lexique
Les potales désignent une cavité ou une niche aménagée intentionnellement dans une façade, au-dessus d’un linteau de porte ou à l’angle d’un bâtiment en vue d’y abriter la représentation d’un saint et souvent de la Vierge. Le mot potale trouve ses origines dans le wallon ‘potelle’ ou ‘potèle’. Plus ou moins ouvragées et de formes variées, les potales tiennent une place importante dans la protection de l’habitation. Cette coutume est tenace puisque dans la seconde moitié du 20e siècle encore, des potales en plastique sur lesquelles figurent la Vierge et l’Enfant sont toujours couramment appliquées sur les façades à rue des maisons.
À côté de ces potales murales, existent également des « bornes-potales ». Elles se présentent comme des édicules en pierre, en métal ou en béton, qui résultent en général de la superposition d’une base (pied ou socle), sur laquelle se greffe la potale. Elles peuvent être adossées à un mur, y être intégrées ou simplement isolées sur le bord d’une route ou d’un chemin pour protéger les champs et les cultures, ancrer le souvenir d’un événement tragique, ou encore servir d’étape sur le chemin d’une procession. Elles marquent la présence du sacré dans un lieu réputé maléfique, ou tout simplement expriment des vœux de particuliers.
Les reposoirs sont plus élaborés que les bornes-potales mais plus modestes que les chapelles. Ce sont de petites constructions élevées au bord des routes, sans porte d’accès et terminées par une toiture. Ils peuvent également présenter un seuil ou un auvent. Le réceptacle de la statue est plus spacieux que dans la borne-potale et comporte une tablette qui peut aussi recevoir d’autres objets de culte. Comme son nom l’indique, le reposoir sert d’abri pour un temps d’arrêt nécessaire au repos lors d’une procession ou propose tout simplement un lieu de recueillement au voyageur. Certains édifices sont »hybrides ». Ils tiennent à la fois du reposoir et de la borne-potale et sont ainsi difficilement classables.
À la différence des reposoirs, les chapelles comportent une toiture, des portes et des fenêtres. Un autel et des sièges pouvant accueillir des fidèles y sont parfois disposés pour la messe. Elles peuvent être aussi des lieux de prière occasionnels pour les passants et les pèlerins. Mais la nature également est lieu de dévotion. Le chêne à l’image en témoigne. Cet arbre séculaire à l’écorce boursouflée, affiche une représentation picturale ou sculpturale de la Ste Vierge. Les boursouflures de l’écorce sont dues aux entailles faites par les pèlerins qui y plaçaient une image pieuse sur le bois en soulevant l’écorce. On y trouve souvent aussi les marques de clous où s’accrochaient médailles et chapelets.
La Vierge veille et protège
Si ce patrimoine est petit en taille, il s’avère cependant assez important dans son déploiement. Il suffit de faire quelques pas en ville ou dans nos campagnes pour découvrir toute la richesse et la diversité de ses manifestations. Il se présente comme le témoignage d’une dévotion populaire exprimée par des particuliers dans l’architecture ou le paysage. Souvent, d’ailleurs, une relation tout à fait particulière se développe entre la « potale » et la personne qui veille sur elle. Deux de ces « veilleurs de potales » nous en font part. À quelques mètres de l’évêché, au coin de la rue des Brasseurs et de la rue Saintraint, se trouve une belle potale de la Vierge à l’Enfant. Elle veille sur le quartier du vieux Namur depuis la construction de la maison en 1643. M. de Coppin de Falaen, son propriétaire, en parle avec affection. Il se souvient qu’enfant, il a assisté à la descente de la Vierge de son promontoire haut perché. Ses parents avaient effectivement le souci de la restaurer et de lui restituer le sceptre qu’elle avait perdu. Une entreprise audacieuse qui a marqué ses souvenirs d’enfance. M. de Coppin de Falaen se souvient avec émoi, qu’elle faillit ne jamais reprendre sa position, tant ils furent surpris par le poids de cette Vierge de pierre qu’ils rattrapèrent miraculeusement. Un événement dont il a gardé la mémoire et qui traduit l’attachement de la famille à cette Vierge qui veille sur eux. C’est un témoignage similaire que nous livre Mme Nannan, lorsqu’elle nous parle de la belle Vierge de Beauraing érigée sur un piédestal à l’entrée de sa propriété. Entourée de sapins verts, la Vierge regarde la route et accueille tous ceux qui arrivent jusqu’à elle pour leur offrir sa protection. Avec émotion, elle explique qu’elle ne voudrait jamais en être séparée. Elle fait partie des leurs. Elle assure protection et sécurité à ses proches et à tous les voyageurs qui prennent la route avec la société de cars de ses enfants. Elle fait partie de leur vie.
« À Noël elle est illuminée de guirlandes et lors des fêtes de la Vierge, on lui fait sa toilette et elle est toute fleurie. Les processions descendent vers elle en chantant…»
Mme Nannan
Marie au Cœur d’or, Marie Notre-Dame, Marie Sainte Vierge, Marie Mère de Dieu et des hommes… Tu es bien présente dans les cœurs…
Christine Gosselin