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Auteur

 Diocèse de Namur

Diocèse de Namur Rédacteur

Date

15 février 2024

Catégories

Belgique

Type

Actualités diocésaines

Pour une Église au risque de la vulnérabilité 

Les émissions Godvergeten – les oubliés de Dieu – et leur reprise sous mode d’investigation par la RTBF le 29 novembre dernier nous indiquent que la crise des abus qui a secoué notre Église n’est pas derrière nous. Au contraire, nous sommes invités à nous déterminer sans cesse à écouter en priorité la parole des victimes, à continuer à nous ouvrir à la vérité dans l’amour, car elle seule nous ouvrira des chemins de liberté et d’avenir.

« La vérité nous rendra humbles. La vérité nous fera sortir de la conservation pour passer à la conversion. L’Église a tout à gagner à se reconnaître elle-même fragile. Et à apprendre des personnes qu’elle a fragilisées quelles capacités mettre en œuvre » pour honorer leur dignité d’enfants bien-aimés de Dieu. Car l’Église n’est pas détruite par les révélations d’abus, elle l’est par les abus eux-mêmes, par les résistances farouches de certains à les reconnaître et à prendre les mesures adéquates, par les silences et la non-transparence.

« Les tragédies mises au jour décrédibilisent le titre d’« experte en humanité » que se donne l’Église. Pourtant, nous voici peut-être devant une occasion unique de donner un sens nouveau à cette expression : une Église experte en humanité devrait reconnaître sa fragilité humaine, mais aussi institutionnelle. » (J’écouterai leur cri. Cinq regards de femmes sur la crise des abus, éd. Emmanuel, 2022 pp.126-127). Non pour s’y arrêter, mais pour s’y appuyer, avec l’aide d’autrui, car elle est un chemin pascal.

Le dernier livre de Marie-Jo Thiel, médecin et théologienne, très engagée depuis longtemps dans le domaine de la prévention des abus dans l’Église, peut nous y aider. La crise des abus a scandalisé et déstabilisé. Tout le monde voudrait en finir avec elle. Mais il y a encore un long chemin à parcourir pour, non pas oublier, mais apurer le passé, écouter le savoir d’expérience des victimes afin de transformer les structures dysfonctionnelles et ouvrir un avenir guidé par des valeurs d’humanité et d’Évangile. Il s’agit de viser réellement une Église synodale vulnérable et ouverte à la sollicitude fraternelle.

Marie-Jo Thiel ne se contente pas de dénoncer les dérives de l’exercice du pouvoir. Elle montre que la tentation de la toute-puissance a amené de trop nombreux chrétiens, clercs et laïcs, à utiliser l’Évangile comme un moyen de pouvoir sur les consciences et sur les corps. Cette tentation peut naître d’un déni de la vulnérabilité.

L’enjeu est donc d’opposer à cette culture de l’abus celle d’une vulnérabilité reconnue et assumée, en se mettant à la suite du Christ sur son chemin de kénose, du Christ serviteur, du Christ crucifié et ressuscité. La prise de conscience de la vulnérabilité à tous les niveaux permet de faire preuve de compassion. 

Alors, à l’image de son Seigneur qui est fort et vulnérable, le chrétien est invité lui aussi à vivre de cette double polarité en accueillant la force de l’Esprit pour assumer sa vulnérabilité et en faire un instrument de salut pour tous.  Ce livre nous ouvre une espérance, un chemin d’humanisation, qui ne cache pas les obstacles, mais nous offre un horizon afin que nous fassions de notre Église une maison sûre pour tous.

Marie-Jo Thiel sera en Belgique à la fin du mois de mai. Vous êtes toutes et tous invités à venir l’écouter le jeudi 23 mai prochain, à Marloie (salle paroissiale), entre 14h et 17h. 

Bloquez déjà la date dans vos agendas ! Des informations suivront dans la prochaine revue.

Sœur Marie-Françoise Assoignon 

et l’équipe du Service d’Accompagnement des acteurs pastoraux

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