Prêtre ouvrier ( PO ), qu’est-ce que c’est ?

Histoire et mission des PO

Qui sont les PO. belges, combien sont-ils, que font-ils? Ce sont des questions qu’on entend régulièrement et auxquelles il n’est pas toujours facile de répondre. En tout cas, de façon assez précise

Car être PO, ce n’est pas seulement travailler ! C’est entrer dans le monde de l’usine ou des chantiers : c’est
là que se forge la conscience ouvrière. C’est vivre dans un monde loin de l’Église et de la foi ( ou dont l’Église
est loin ) mais parfois riche des valeurs humaines de l’Évangile. C’est partager la condition d’un monde qui
s’est organisé de façon autonome avec ses militants mais aussi ses petits. Un monde avec ses valeurs de
solidarité, de justice, de fraternité mais aussi d’injustices, de conflits, de petitesses. Un monde fait de relations personnelles mais surtout de relations collectives. Entrer dans ce monde, c’est vouloir y incarner Jésus de Nazareth sans idée de retour, y prendre racines, sans fonction sacerdotale, sans statut social autre que celui d’ouvrier pour y devenir semblable aux hommes. C’est devenir l’un d’eux, s’y naturaliser, vivre avec eux, lutter avec eux, promouvoir avec eux la justice et la dignité humaine.

Annoncer l’évangile est, pour le PO, en témoigner par son action en y mettant tout son cœur, son intelligence, sa foi, sa vie, gratuitement, totalement. L’accord de l’évêque est indispensable pour devenir PO.

Avant le Concile, c’était parfois long à obtenir : en 1943, après 22 ans d’attente, Charles Boland, premier
PO belge, est autorisé à s’embaucher aux Tubes de la Meuse ( Flémalle ). Il a 48 ans.

En 1954, il y a ±100 PO en France, 2 à Charleroi, 6 à Liège. Pour Pie XII, être prêtre et ouvrier sont deux états de vie différents et il n’est pas possible de les unir dans la même personne sans altérer la notion du sacerdoce. Les PO doivent quitter le travail et toute responsabilité syndicale. Les évêques belges autorisent leurs PO à continuer à condition que ce soit dans des petites boîtes. En 1959, nouvelle condamnation romaine. L’évêque de Tournai ne bouge pas.

A Liège, l’évêque demande à 2 des 6 PO de quitter le travail. Et il faudra attendre la fin du Concile ( 1965 ) pour que de nouveaux PO puissent entrer au travail.
En 1970, la Belgique compte ± 30 PO, en 1975 : ± 50, en 2000 : ± 30, en 2023 : 16 ( 10 en Flandre et 6 en
Wallonie ). En Flandre, la majorité des PO est affiliée à la CSC, en Wallonie, à la FGTB. Aujourd’hui, ils sont
tous pensionnés ! Toute leur vie, les PO ont cherché à être ce point de rencontre vivant entre les femmes et les hommes avec qui ils vivent et le Dieu de Jésus-Christ qui les passionne.

André Marie Antoine