Saint Joseph et l’Enfant-Jésus rejoindront Marie, à Beauraing

Assis sur un banc, Frère Marc fait face à sa sculpture. Une représentation de saint Joseph portant sur ses épaules – comme un papa moderne – ponctue le religieux, l’Enfant-Jésus. Il la dévore des yeux. Avec une gouge, il rectifie encore un des plis de la tenue… Bientôt saint Joseph et l’Enfant-Jésus quitteront la petite maison de Neuville, là où Frère Marc a travaillé tant d’heures, pour un atelier à Gand plus adapté aux nombreuses étapes encore nécessaires avant la déterminante coulée de bronze. La sculpture est attendue, au Sanctuaire de Beauraing, en mars 2024.

« Là où il y a Marie, Joseph n’est pas loin… » lance le Frère Marc, fondateur de la Fraternité de Tibériade à Lavaux-Sainte-Anne. En 2014, il décidait de passer le relais. Frère Bart devenait le serviteur général et Frère Marc retrouvait sa place de frère parmi les autres frères. Un moineau parmi les moineaux, le nom porté par les frères. Pour permettre à son successeur de prendre sa place, Frère Marc a pris l’habitude de vivre, en partie, dans cette minuscule maison de Neuville. « C’est mon ermitage » confie le Frère Marc. Et de s’y livrer, durant de longues heures, à sa passion, le travail du bois. Il le sculpte pour donner aux branches, aux troncs trouvés dans les forêts voisines une autre vie.

Lorsqu’il a reçu la commande du Sanctuaire de Beauraing, Frère Marc était bien sûr ravi d’autant qu’il est sensible à la vie, tout en discrétion, qui a été celle de saint Joseph. Les représentations du père de Jésus ne sont pas très nombreuses voilà qui, si cela s’était avéré nécessaire, l’aurait encore plus motivé à honorer sa commande.
Il s’est alors lancé dans la réalisation d’une grande statue de saint Joseph. Et il a souhaité que, comme un papa d’aujourd’hui, Joseph porte son enfant sur les épaules.
La structure de la sculpture est constituée de tiges métalliques et de bois. Le tout recouvert d’un mélange de tissus et de plâtre. Et c’est cette matière qui a été travaillée, sculptée par les doigts agiles de l’artiste. Pour peaufiner sa technique, corriger d’éventuelles erreurs, le Frère Marc qui a étudié durant cinq ans à La Cambre, à Bruxelles, s’est rendu à bien des reprises, en Allemagne, dans un monastère où il rencontrait un moine sculpteur.

« J’ai prié pour que l’Esprit-Saint guide mes doigts »
On connaît l’angoisse de l’écrivain face à une page blanche ou plutôt face à un nouveau document Word qui reste désespérément… vide. Cette angoisse, Frère Marc, l’a connue non pas au début de sa création mais lorsqu’il s’est agi de donner un visage à l’Enfant-Jésus, « le plus beau des enfants des hommes. » comme il aime à dire. Et d’ajouter : « J’ai prié pour que l’Esprit-Saint guide mes doigts, qu’il me donne un coup de pouce ! J’ai même téléphoné au Sanctuaire de Beauraing pour qu’ils prient la Vierge Marie afin de m’aider à ce que l’enfant Jésus devienne beau. Cela a été un combat de plusieurs jours pour lui donner le visage d’un bel enfant… »
Assis face à la statue, Frère Marc est apaisé. Pas pour très longtemps… Il se lève, il vient de repérer un pli dans l’habit de saint Joseph qui présente une fissure. Elle doit être bouchée afin que les étapes à venir – et elles sont nombreuses avant de couler le bronze – se passent au mieux. Il faudra notamment réaliser un moule à partir de cire… Tout cela se passera dans un atelier de Gand. « Il faut pouvoir confier le travail à des spécialistes. » Le coulage du bronze se fera selon une méthode mise au point par les Egyptiens. Après, quelques « fignolages » selon le terme du Frère Marc seront encore nécessaires avant de présenter la statue au public.

En mars 2024
C’est en mars 2024 que la statue de saint Joseph portant l’Enfant-Jésus arrivera sur le site du Sanctuaire de Beauraing. « Notre-Dame de Beauraing sera heureuse de voir son cher époux pas loin d’elle. » Frère Marc voue une véritable passion au père de Jésus. Il l’imagine, lui le charpentier à travailler le bois avec son fils, à jouer avec lui, marchant dans les rues de Nazareth…

« Oui, Joseph a été bien présent à l’aube du Salut. Il a été bien présent au début de cette église naissante où tout était en germe. Avec Jésus et Marie, c’est la première petite église qui se déploiera à l’infini. »

Frère Marc

Si Frère Marc peaufine cette statue, on lui doit bien d’autres réalisations comme ces représentations du Christ qu’il aime inclure dans des morceaux de troncs d’arbres. Des troncs coupés en deux puis poncés… Il a réalisé tant d’autres pièces dans des matériaux parfois surprenants. Si le bois reste immuable, il y a aussi le plexiglass… Ou encore ces masques qui représentent des hommes et des femmes rencontrés, dans les villages, tout au long de sa vie. Dans ses cartons encore, une exposition. Ou plutôt deux. Une devrait se dérouler à Bruxelles et une autre à Lavaux-Sainte-Anne. Pour beaucoup, ce sera une découverte. Découverte de pièces travaillées longuement et que Frère Marc ne se prive pas d’utiliser pour la catéchèse. Et il en ira de même avec la statue de saint Joseph et l’Enfant-Jésus…

Christine Bolinne
Photos et vidéo : Quentin Denoyelle