Partager
Auteur
Christine Gosselin Auteure
Date
17 décembre 2025
Catégories
Aide internationale
Pastorale des Solidarités
Type
« Servir avec amour » : le sourire de Sœur Graças au “Li Vî Clotchî”

À quelques semaines de son retour au Brésil, Sœur Graças, 77 ans, religieuse de Sainte-Marie au sourire radieux, continue d’accueillir chaque matin ceux qui frappent à la porte du “Li Vî Clotchî”, à Namur. Rencontre avec une femme de foi et de cœur, témoin d’un amour simple et sans condition.
« Ici, le social est plus froid que chez nous », glisse Sœur Graças avec un grand sourire. Silhouette menue et regard pétillant, elle nous reçoit un jeudi matin au “Li Vî Clotchî” – littéralement Le vieux Clocher – l’ancien presbytère transformé par l’abbé Malherbe en lieu d’accueil pour les personnes précarisées. Autour d’elle, l’équipe du jeudi – Claudine, Myriam, Anne-Catherine, Bernadette et Jean
Luc – s’affaire à distribuer boissons chaudes et croissants à ceux qui viennent du froid de la rue. À la grande table, les conversations se mêlent à la vapeur du chocolat chaud. « Chaque jour, plus de soixante personnes franchissent cette porte », explique la religieuse.
« On vient ici pour se poser, se rencontrer, se sentir reconnu. Parfois, une simple parole change tout. Elle efface l’invisibilité, elle rend la dignité. »
Sœur Graças
Depuis onze ans en Belgique, Sœur Graças assure ses permanences deux jours par semaine. « Je me lève à six heures et demie pour préparer le café et mettre la table avant la prière. J’aime que tout soit propre, accueillant. À neuf heures trente, j’ouvre la porte, et la maison se remplit ! » Elle rit, puis reprend plus grave : « Certains sont très fatigués, très sales, très désorientés. Mais je les accueille
comme saint François embrassait le lépreux. Ils m’appellent “mamie”, “maman”, “ma sœur”… Je les aime beaucoup. C’est une grande école d’humilité : apprendre à accepter l’autre comme il est, avec ses misères, comme le Christ nous accepte. »
Autour d’elle, les bénévoles approuvent. « Les matinées ne sont pas toujours paisibles, reconnaît Bernadette. Il faut être plusieurs, ne jamais rester seule. Parfois, il faut apaiser, écouter, rassurer. » Jean-Luc ajoute : « Au début du mois, ça va encore. Mais à la fin, quand il n’y a plus d’aide, plus de logement, plus rien… la fatigue et la rue rendent les choses plus difficiles. » Malgré tout, l’équipe reste soudée et partage une même conviction : chaque personne accueillie mérite écoute et respect, sans condition.
L’an dernier, Sœur Graças a participé pour la première fois à la Journée mondiale des Pauvres à Banneux, accompagnée de Maxime, un habitué du Vî Clotchî.
« J’ai beaucoup reçu ici. Ces personnes m’ont appris à aimer sans juger. À voir en chacun un frère. »
Soeur Graças
« C’était magnifique, se souvient-elle. J’ai rendu grâce pour toutes ces personnes. Là-bas, personne n’est exclu. Les lits sont propres, la nourriture délicieuse, l’accueil plein d’attention. On sent l’amour de Dieu dans les gestes discrets. » Elle sourit : « Maxime a été touché. Il a découvert l’amour de Dieu à travers cette rencontre. Il veut avancer. Il retournera à Banneux les 15 et 16 novembre prochains. »
Sœur Graças, elle, ne sera plus là. Son mandat de conseillère touche à sa fin : le 12 novembre, Sœur Graças reprendra le chemin du Brésil.
Elle part avec la sérénité de celles qui ont semé. « J’ai beaucoup reçu ici. Ces personnes m’ont appris à aimer sans juger. À voir en chacun un frère. »
C.G