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Auteur
Christine Bolinne Auteure
Date
16 septembre 2024
Catégories
Art
Liturgie
Patrimoine
Sacrements
Vocation
Type
Sur la piste du calice de l’abbé Ferdinand Bodart…
Une enquête qui a abouti rapidement grâce à de fins limiers et à l’aide des réseaux sociaux ! Après une restauration, son neveu lui aussi prêtre, l’abbé Patrick Bodart, ordonné en juin dernier, pourra célébrer l’eucharistie avec ce calice.


Un dimanche pas vraiment comme les autres pour l’abbé Patrick Bodart tout comme pour les paroissiens de Rhisnes. Au pied de l’autel, un imposant portrait de l’abbé Ferdinand Bodart ordonné en 1904. Une véritable figure locale comme il le sera souligné à plusieurs reprises. Rhisnes où il aura été curé de 1931 à 1955.
Parmi les souvenirs marquants liés à l’abbé Ferdinand Bodart, un reste particulièrement marquant. En 1940, lors de la messe de Pentecôte, jour des communions, un bombardement a lieu. On imagine la panique. Tous les participants se précipitent hors de l’église où l’abbé Bodart donnera l’absolution générale. Bien des années plus tard, il s’investira énormément pour les écoles libres. A sa retraite, il se retire à Hingeon où il décèdera en 1968.
Tout jeune, Patrick Bodart entend beaucoup parler de ce grand-oncle à la forte personnalité. Grand-oncle qu’il n’a jamais connu. En parcourant les photos de famille, Patrick a son attention tout particulièrement attirée par un des clichés. Un calice a été déposé près de l’abbé Bodart alors que celui-ci repose sur son lit de mort. Lorsqu’il entre au Séminaire de Namur, Patrick garde dans un coin de sa mémoire non seulement le souvenir de ce grand-oncle mais aussi l’image de ce calice. Et plus il avance dans son cursus plus sa volonté de le retrouver est grande. Il va ainsi écumer les salles de vente sans résultat. A quelques semaines de son ordination, Patrick Bodart est dépité.
Précieux inventaires
Ses proches ont alors l’idée de passer par les réseaux sociaux. Et ça marche. Le calice n’est pas bien loin. L’abbé Patrick Libbrecht curé de l’Unité pastorale de La Bruyère voit passer l’avis de recherche avec la photo et il réagit. Ce calice qui a été, un temps, conservé dans un couvent, il le connaît bien. Il fait partie de l’inventaire des biens de la paroisse de Rhisnes.
On peut imaginer la satisfaction du jeune prêtre. Le calice est relativement en bon état mais une restauration sera nécessaire. Les membres de la fabrique d’église, sensibles à l’histoire, lui ont prêté ce calice pour sa messe d’ordination. Le calice était ainsi sur l’autel au moment de la consécration. On imagine l’émotion du tout jeune prêtre pour qui la transmission représente tant. La fabrique d’église va, aujourd’hui, plus loin : une convention a été rédigée. Il y est précisé que l’abbé Patrick Bodart détiendra ce calice durant la durée de son ministère.
Josette Dinjart, présidente de la fabrique d’église a pris la parole pour souligner un autre trait de la personnalité de l’abbé Ferdinand Bodart, un prêtre rigoureux à la foi inébranlable : « Plusieurs témoignages relatent son inlassable pèlerinage auprès de tous les paroissiens pour les inviter à participer à la messe dominicale. Mon grand-père me racontait la venue, à plusieurs reprises, de l’abbé Bodart dans la demeure familiale pour tenter de le convaincre d’accompagner ma grand-mère, toujours fidèle à l’office dominical. Son absence, sa récalcitrance était justifiée par le refus de se raser une 7ème fois sur la semaine, lui qui travaillait à Bruxelles et soignait son apparence déjà 6 jours sur la semaine ! »
Les pauvres nerfs de Monsieur le curé
Parmi les souvenirs, ceux de Monique et de Christiane, deux sœurs qui ont toujours habité Rhisnes. A cette époque, c’était le curé voire le vicaire qui était chargé du catéchisme. L’œil malicieux, Monique n’a pas oublié combien elle aimait malmener les nerfs de Monsieur le curé ! « Il courait après moi dans l’église sans jamais réussir à m’attraper » raconte Monique tout sourire. Christiane préférant, elle, souligner la bienveillance, la bonhomie du curé.
Josette Dinjart : « Devant un tel inventaire des actions nobles et du dévouement pastoral de votre aïeul, nous ne pouvons que vous souhaiter un ministère aussi actif et riche, même s’il s’agit d’une autre époque ! C’est courageux de votre part de répondre à l’appel du Seigneur en ces temps incertains. Proximité, ouverture d’esprit, bienveillance, empathie, générosité mais aussi reconnaissance, convivialité sont des qualités héréditaires acquises en famille et durant votre formation au séminaire ; soyez-en félicité et remercié et n’hésitez pas à les propager ! »
Emu, l’abbé Patrick Bodart a remercié l’assemblée et a déjà prévu d’utiliser ce calice aux grandes fêtes liturgiques.
C.B.
Photos Maxime Bollen